La durée de vie des jeux vidéo

L'énigme Super Mario Bros

Premier de la classe et jeu mythique devant l'éternel, Super Mario Bros n'est rien de moins que la meilleure vente de tous les temps, faisant la part belle à la rejouabilité et aux bonus cachés. Parmi les 30 plus importantes performances de l'histoire du jeu vidéo, la licence Super Mario montre une écrasante domination, avec une dizaine de titres estampillés "Plombier Moustachu". Une dizaine de titres me direz-vous d'un ton hautain et sarcastique, en pensant à la profusion de jeux qui se cachent sous cette licence. Entre Mario-fait-du-ski, Mario-va-à-la-plage, Mario-joue-à-la-marelle ou encore Mario-au-Congo, cela pourrait sembler légitime... Et bien vous vous érigeriez en faux. En effet, parmi ces softs dépassant allègrement la barre des 10 millions d'unités vendues, on ne retrouve que des grands moments de plateforme. Super Mario World, Land, Bros, and cie. Dernières en date, les versions Nintendo DS et Wii, totalement remise au goût du jour pour l'une (New Super Mario Bros a séduit plus de 13,4 millions d'hommes et de femmes), et totalement révolutionnaire pour l'autre, avec une inventivité de tous les instants (Super Mario Galaxy aura bientôt séduit 6 millions de possesseurs de Wii). [Chiffres constatés début 2008] Licence juteuse ? Certainement !! Mais certainement pas jeux-au-rabais. La série propose ce que nulle autre licence n'a jamais réussi à faire jusqu'alors : des jeux faciles à prendre en main, faciles à comprendre et qui s'adaptent intelligemment aux capacités du joueur. Chaque Mario peut ainsi s'articuler selon deux dimensions, l'accessibilité et le level design de qualité. Cette dernière caractéristique permet aux joueurs les plus persévérants d'accéder à des mystères intelligemment dissimulés, sans ne jamais léser les joueurs moins vaillants. Un concept à la double lecture bien plus complexe à mettre en oeuvre qu'il n'y paraît, et qui au final s'avère d'une remarquable efficacité. Malheureusement, il semble aujourd'hui bien loin des préoccupations des éditeurs en terme d'expérience de jeu, souvent beaucoup plus mono-ludique !! Pourtant la série n'est pas dénuée de reproche. Les affres d'un succès trop prégnant. Certains parleront de ringardise, d'autres de vieillissement, moi j'irai plus loin. Quelque chose n'est ringard que s'il n'est plus à la mode de ceux qui en discutent. Il faut donc pour être ringard, ne plus être bien dans son époque. Mais Mario l'a t-il été un jour ? Je serais curieux de savoir (à part que Mario ait été un jeu de plate forme à scrolling exceptionnel à son commencement) comment les adultes de l'époque le percevaient. Parce qu'un individu à la moustache protubérante qui saute sur des champignons et qui voyage dans des tuyaux, aujourd'hui, on y est habitué, mais c'est quand même sacrément étonnant dans l'approche... Super Mario Bros, c'est l'histoire d'un univers alternatif, où tout est manichéen, où rien n'est vraiment logique mais pourtant tout est à sa place... Un univers habité par des adultes qui parlent de goûters, de bonbons, de gâteaux, où les bébés sont livrés par des cygognes, où les personnages rougissent quand ils se font des bisous sur la joue. Un univers peuplé de gens quasi "asexué" où l'amour supplante la passion... alors que dans un même temps ils s'envoient des carapaces sur la tronches, s'écrasent à coup de maillets et électrocutent leurs propres enfants... On est à la fois, par un côté naïf, bien loin de la pseudo trash-réalité qu'on nous sert à toutes les sauces dans les médias pour ados boutonneux et à la fois assez proche, non ? La série des Super Mario Bros nous offre une expérience fraîche et renouvelée à chaque instant, quand les grands médias s'obstinent à nous parler de photoréalisme et de performances dignes des "plus grandes productions Hollywoodiennes". Mario, quant à lui, flatte le joueur dans la redéfinition systématique du plaisir sous de multiples formes, sans pour autant oublier l'apport technologique des machines qui l'ont enfantées.

L'effet Pokemon

Pokemon, c'est pour beaucoup de gens une profusion de produits dérivés, issus d'une série télé absolument irritante, portée par l'emblématique peluche à poils jaunes que l'on aimerait tellement voir se faire écraser par un semi-remorque. Mais les Pocket Monsters, ce sont surtout plus de 160 millions de copies vendues, plaçant simplement la série comme la deuxième licence la plus populaire de tous les temps. Au-delà du simple succès planétaire, c'est une des licences les plus juteuses des 10 dernières années. Alors pourquoi un tel succès? Qu'est-ce qui peut bien pousser les gens à investir et réinvestir dans les aventures des monstro-boules depuis tant d'années ? Le jeu se présente comme un RPG à la quête plus que confortable, régi par une aventure, prétexte à la découverte de centaines de petites bébêtes, tout droit sorties de l'île du Dr Moreau. L'aventure offre ainsi au joueur de découvrir les Pokemons de manières différentes et de pouvoir se les montrer, se les échanger. Concept fort et quasi inépuisable, qui satisfait depuis des années les plus jeunes comme certains plus vieux, avec un scénario qui, loin d'être inoubliable, ne dissimule aucunement ses intentions. Quand on achète du Pokemon, on sait ce qu'on veut, on sait ce qu'on a. Un jeu d'aventure, certes, un RPG, vraisemblablement, mais surtout un univers. Et ce sont les parents qui sont contents !!