Preview : The Last Tinker - PC

The Last Tinker - PC

The Last Tinker - PC

Genre : Aventure/Action

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Si la génération actuelle semble avoir fait la part belle aux jeux de tir monochromes ces dernières années, il serait vite fait d'oublier que les jeux cartoons mêlant aventure, action et plateforme furent à une époque les rois du marché, symbolisant à eux seuls une ère vidéoludique toute entière. The Last Tinker, production indépendante de fière allure, entend bien démontrer que ce genre a toujours sa place de nos jours...
Dévoilé en 2012 par une jeune équipe d'étudiants, le projet The Last Tinker n'aura pas manqué de se faire remarquer de par son esthétique chatoyante et ultra-colorée. Il n'était pas bien difficile dès lors d'imaginer quelle était l'ambition derrière ce jeu d'aventure indépendant. Quelques années plus tard, le studio Mimimi Productions semble concrétiser toutes les bonnes intentions imputées à son titre prometteur.

Au pays des couleurs…

Couleurville. Une cité jusqu'alors prospère fondée sur des valeurs harmonieuses mais aussi et surtout... des couleurs. Tout habitant se voit offrir le choix d'arborer la couleur de son choix, et ainsi la jolie ville se vit divisée en plusieurs sections, chaque quartier correspondant à une couleur. Un message d'appel à la différence qui ne tardera malheureusement point à devenir prétexte à un racisme ambiant, les citoyens verts développant la peur des autres couleurs, les rouges imposant leur présence via une violence verbale et physique non dissimulée, et ainsi s'en suit une dégradation de l'atmosphère familiale urbaine qui fit autrefois la force et l'union de cette belle mais éphémère utopie qu'était, est, et sera probablement Couleurville.
Une approche enfantine soulevant, vous l'aurez compris, un réel propos de fond sur la discrimination. Les jolies couleurs du monde de The Last Tinker ne sont finalement pas si innocentes que cela, et en constituent non seulement les piliers de son univers visuel et de son gameplay, mais également de son ambition narrative. Bien qu'il soit trop tôt pour juger de la profondeur du traitement scénaristique, nous ne pouvons qu'apprécier cette lecture thématique à plusieurs niveaux.

Nous incarnons Koru, un jeune garçon aux airs de singe probablement tout juste sorti de l'adolescence et donc encore relativement impulsif, accompagné d'un petit compagnon nommé Tap, adorable aussi bien dans son design visuel que sonore; ça c'est dit. Le physique assez particulier de ce petit bonhomme ne manque bien évidemment pas de susciter les moqueries de certains citoyens, la plupart s'apparentant à des reptiles, maillon dominant de leur chaîne animale. Mais qu'importe, Koru a bien d'autres préoccupations en tête que de se soucier de son image. Couleurville tend à emprunter une dangereuse voie, qui, du fait des tensions discriminatoires planant au-dessus de ses fondations, pourrait bien glisser à l'avenir proche vers une société anarchique où le respect d'autrui et la tolérance ne seraient que de vagues souvenirs lointains.
Si la quête de notre impétueux héros s'annonce désespérée de prime abord, c'est sans compter sur l'intervention précieuse des esprits des couleurs qui voient en Koru le parfait aventurier à même de les aider; une aide à destination d'un but qui nous est resté inconnu durant cette première heure de jeu et qui devrait contribuer à la part de mystère englobant l'histoire. En retour de quoi ils l'aideront à leur tour à rétablir l'harmonie au sein de sa ville natale.

Une approche authentique du genre

La version preview qu'il nous a été donné d'essayer narre donc les prémices de l'aventure, didacticiels à l'appui. Le jeu propose différents modes de difficulté dont un mode "one shot" qui vous fera périr, comme son nom l'indique, au moindre coup reçu. Toutefois, difficile d'évaluer ce point étant donné qu'il s'agit des premiers instants de gameplay, typiquement aisés dans la plupart des jeux du genre. Cela étant dit, The Last Tinker a été pensé, dixit ses créateurs, comme un jeu core-gamer et promet donc d'offrir de la matière aux amateurs de challenge.

La jouabilité se veut intuitive et très accessible, comme tout bon titre de ce style, et le gameplay s'apprivoise sans mal aucun. À la manière d'un Zelda ou encore d'un Beyond Good & Evil, le jeu délaisse la touche de saut au profit de bonds automatisés, les développeurs préférant mettre l'accent sur l'agilité et la fluidité des déplacements du personnage, qui ne sont pas sans rappeler Assassin's Creed lorsqu'il s'agit de bondir de pilonne en pilonne. À la place du saut manuel se trouve ainsi une touche de sprint activant les commandes de saut et d'escalade en tout genre, tandis qu'une touche d'esquive nous permet d'effectuer des roulades à volonté.
Le second aspect mis en avant au cours de cette démo n'est autre que le combat à mains nues. S'inspirant clairement, et c'est une bonne chose, du système de combat d'un Batman Arkham en plus allégé toutefois, les joutes opposant Koru à ses adversaires font preuve d'un certain dynamisme et se laissent jouer avec plaisir. Reste à savoir l'ampleur que prendra cette autre facette du jeu.
Enfin, troisième et dernier aspect notable, la structure ouverte de l'environnement et les PNJ le parcourant; un petit côté RPG assumé nous donnant à rencontrer des individus tous plus loufoques les uns que les autres, et même à obtenir des quêtes auprès de certains. Ne vous attendez cependant pas à un monde ouvert gargantuesque, la progression se voulant dans le fond relativement linéaire et s'étalant à priori sur une petite dizaine d'heures voire un peu moins. Nous jugerons bien entendu de tout cela en temps et en heure avec une version finale, mais il y a fort à parier que le jeu soit proposé à prix modeste. Et tant mieux ! Vous connaissez le dicton, qualité prime sur quantité, et de ce que nous avons pu tester il semble bien que ce soit le credo choisi par les géniteurs de ce projet "indy".

La peinture à la bouche

Rares sont les jeux qui savent émerveiller et transporter dès les premières secondes de prise en main, oui, le bébé de Mimimi Productions en fait partie. Paré d'une direction artistique de toute beauté, hautement colorée et agréable à l’œil de par la finesse visuelle technique de l'ensemble, l'univers de The Last Tinker dégage un charme fou, véritable rayon de soleil perçant les nuages grisés d'une production vidéoludique ayant trop souvent tendance à se reposer sur le pseudo-photoréalisme terne et sans âme. C'est un pur bonheur que de parcourir Couleurville, et l'on imagine sans peine prendre autant de plaisir à en découvrir les contrées environnantes. On retrouve là toute la magie qui ont fait de jeux comme Jak & Daxter des oeuvres phares et mémorables en leur temps. Une référence qui se retrouve également dans le traitement de nos deux amis, Koru étant aussi muet que Jak et Tap aussi grande gueule que Daxter, donnant lieu à des répliques savoureuses et n'hésitant pas à parodier certains grands classiques du cinéma.
Impossible de conclure ce paragraphe dédié à la présentation audiovisuelle du titre sans mentionner l'excellente bande-originale rythmant nos péripéties d'aventurier en herbe. Sachant se faire aussi bien entraînantes qu'atmosphériques en fonction des situations, les très jolies compositions usent de diverses instrumentations, des riffs de guitares acoustiques enjoués aux percussions envoûtantes du hangdrum. Allez, encore une petite référence pour la route, ne cachons pas que certains morceaux nous ont renvoyé au tout premier Spyro avec joie.

Un vent de fraîcheur vous dit-on, certes plutôt classique dans ses bases, mais qui ramène au goût du jour un genre malheureusement quelque peu oublié et sous-estimé de nos jours, et c'est bien là l'essentiel. S'il pourrait profiter d'une meilleure exécution à certains niveaux - personnage qui manque d'inertie, mixage audio parfois peu judicieux, certaines commandes peu réactives - il n'en n'oublie pas pour autant les fondamentaux et s'appuie sur de très bonnes bases. Comme toute version preview qui se respecte, la marge d'amélioration existe et nous ne saurions stigmatiser le jeu sur ses quelques défauts, sujets à de possibles corrections d'ici sa parution définitive.
En attendant, c'est bel et bien un vrai coup de coeur que nous tenions à mettre en valeur, en espérant vous avoir convaincu du fort potentiel de ce projet dont le capital sympathie nous réjouit. Nous avons hâte de poursuivre les aventures de Koru et Tap et de plonger à nouveau sous cette cascade de couleurs. Tout simplement.

The Last Tinker est attendu cet été sur Steam et sur consoles, sans toutefois plus de précisions sur les plateformes concernées. D'ici là, faites nous plaisir et allez donc vous rincer l'oeil avec la galerie d'images et le trailer disponibles sur la fiche du jeu !
23 avril 2014 à 10h51

Par Arnaud Chabrol

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