Test : The Secrets of Da Vinci : le manuscrit interdit - PC

The Secrets of Da Vinci : le manuscrit interdit - PC
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Surfant sur le tsunami annoncé du Da Vinci Code, les équipes du studio Kheops (Lascaux, Egypte III) ont sorti fort à propos The Secrets of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit, en comptant probablement sur la confusion engendrée dans nos esprits embrumés par la similitude des sujets abordés. Le jeu mérite-t-il pour autant d’être jeté aux oubliettes ?
Vous vous en doutez bien, vu les antécédents du studio Kheops, on aura affaire ici à un énième point’n click, qui prend place, je vous le donne en mille, au temps de la Renaissance. Le génial barbu est mort depuis 3 ans que le jeune Valdo est diligenté par un commanditaire mystérieux pour récupérer un manuscrit du maître dans sa dernière demeure, le manoir du Cloux, aujourd’hui Clos-Lucé. Sous couvert de récupérer l’esquisse d’un tableau, Valdo devra amadouer le gardien du manoir ainsi que l’actuelle occupante des lieux, Babou de la Bourdaisière (en vous débrouillant bien, vous pourrez même la mettre dans votre lit). Bien sûr, l’histoire comporte son lot de rebondissements, d’intrigues, de complots enchevêtrés et de rires sardoniques lancés par des traîtres masqués dans la pénombre. La narration est émaillée de flashbacks montrant les derniers jours de Leonard de Vinci en guise de récompense à certaines énigmes, et les évènements (une chute, une scène torride, un ongle cassé…) sont la plupart du temps représentés par une image fixe dans le style du peintre (esquisse en noir et blanc sur papier jauni). On peut bien sûr croire que ce genre de procédé trahit un manque de finition, il n’empêche que ça donne plutôt bien, peut-être mieux qu’une animation ampoulée comme on en voit trop dans les point’n click.

La Renaissance (du point’n click)

Qui dit point’n click dit bien sûr jeu intégralement jouable à la souris, décors précalculés, possibilité de pivoter à 360°, pleins de machins inutiles à ramasser, et de longs moments de solitude à tourner en rond en cherchant à côté de quoi on est passé, pour finalement éplucher les forums et découvrir tout honteux l’affligeante simplicité de ce qui vous manquait pour avancer. The Secrets of Da Vinci ne fait pas exception à ces quelques règles d’or, sans pour autant être rébarbatif. Les décors précalculés sont de très bonne facture, chaque détail vous replongeant dans l’époque de le Renaissance, des cuisines dégueulasses aux chambres brodées de velours, en passant par les ateliers poussiéreux encombrés d’outils. Un énorme travail documentaire a été fourni pour l’occasion, et, pour avoir parcouru moi-même le Clos-Lucé (le vrai), je peux vous dire que la géographie des lieux est très scrupuleusement respectée ! L’ambiance sonore accompagnant votre virée chez Leonard se veut discrète, et vous ne risquerez pas d’y être perturbé par des envolées lyriques ou par des bruits fracassants. Certes, l’atmosphère feutrée du manoir exigeait une certaine retenue, mais on aurait quand même aimé jouir d’un accompagnement un poil plus étoffé. Les voix des acteurs sont assez réussies, néanmoins.

De la cervelle à creuser

Mais la plongée dans le monde de l’inventeur ne s’arrête pas là ; en effet, la plupart des énigmes à résoudre sont en rapport direct avec l’œuvre de Leonard De Vinci, et l’on s’arrête souvent pour admirer tel mécanisme ou tel procédé scientifique ingénieux. De nombreux indices sont là pour vous aider dans votre tâche, et non seulement il est possible de consulter les notes de l’inventeur, mais vous pouvez aussi agir sur celles-ci, par exemple en examinant à la loupe un texte illisible, ou encore en frottant un fusain pour faire apparaître une annotation. Vos objectifs principaux, ainsi que quelques renseignements sur les personnages, sont répertoriés dans votre journal, le tout assurant une base documentaire en filigrane, nettement moins scolaire que ce qui a pu se faire dans certains jeux « historiques » (ce qu’on appelait « l’effet Cryo »). Cependant, même si le syndrome du blocage se fait parfois sentir, les énigmes sont rarement tordues, et peuvent la plupart du temps être résolues avec un minimum de bon sens. Encore faut-il en avoir un peu…

Des objets, en veux-tu, en voilà

Pour ce qui est de la jouabilité, on dispose d’un système somme toute classique, des phases d’exploration dans lesquelles le curseur de la souris indique les actions possibles (avancer, ramasser, actionner), ainsi qu’une interface très claire indiquant vos possessions et votre état. L’inventaire vous permet de stocker jusqu’à 105 objets, hélas vous devrez prendre soin le classer vous-même si vous voulez vous y retrouver dans le foutoir qu’il finira par devenir. Un système de classement automatique par catégories aurait pourtant été bienvenu, et pas franchement dur à concevoir ! On remarquera aussi qu’aucune possibilité de combiner les objets dans l’inventaire n’est laissée, et qu’il vous faudra trouver le récipient correspondant dans le décor pour faire vos mélanges. En revanche, vous pourrez utiliser l’inventaire pour changer de vêtements, certaines actions ne pouvant s’effectuer que dans un accoutument précis. Vous possédez aussi un peu d’argent au début du jeu, mais cet élément ne sera finalement que peu exploité dans le jeu, dommage.

Ange ou démon ? Es-tu mon ange ou mon démon ?

Un aspect du gameplay assez plaisant consiste en une jauge de conscience qui vous permettra ou vous empêchera de commettre certaines actions ; par exemple, mentir et voler vous sera beaucoup plus difficile si vous êtes trop angélique, alors que gagner la confiance de quelqu’un sera ardu en état diabolique. Cette jauge augmente selon les actions que vous commettez, et peut être rééquilibrée au moyen de points d’actions qui vous sont distribués au fil des énigmes résolues. L’intérêt principal de la jauge de conscience est qu’elle permet de nombreuses possibilités pour parvenir à vos fins, de la plus brutale à la plus subtile, et qu’on peut ainsi refaire une partie en empruntant d’autres embranchements du scénario. Hélas, le jeu se termine beaucoup trop vite (une petite dizaine d’heures), et son taux de rejouabilité s’avère malgré tout plutôt décevant ; bien sûr on pourra faire valoir que le titre propose quatre fins possibles (plutôt semblables, d’ailleurs), mais on peut assez facilement les visionner toutes les quatre en 10 minutes à condition de s’être enregistré au bon moment. Le grand regret est aussi de n’avoir que le manoir et son parc à explorer, ce qui réduit pas mal les possibilités ; une petite visite au château d’Amboise, juste à côté du manoir, aurait pourtant rallongée la durée et l’intérêt du titre. A croire qu’un jeu grand public n’a pas le droit d’être trop fourni…
Oui, The Secrets of Da Vinci : Le Manuscrit Interdit est un beau jeu. Oui, ses quelques défauts sont contrebalancés par un gameplay amusant et par un scénario bien ficelé. Oui, vous allez aussitôt l’apprécier, vous y plonger pour tenter de résoudre tous les mystères du maître. Et enfin, oui, malgré ses embranchements multiples au scénario, malgré ses quatre fins possibles, vous resterez sur votre faim. A quand la suite ?
15 mai 2006 à 11h32

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Points positifs

  • Reconstitution fidèle
  • Bon scénario
  • Les inventions de Leonard
  • Les énigmes
  • La jauge de conscience
  • Les embranchements multiples

Points négatifs

  • Inventaire trop fouilli
  • Musiques trop discrètes
  • Peu d'endroits à explorer
  • Faible durée de vie
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