Test : Brothers in Arms - PS2

Brothers in Arms - PS2
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Habitué au simple suivi de titres vendeurs, Gearbox avait jusque là le rôle « Développeur-Service Après vente » dont le job consistait à exploiter un jeu au maximum. On se souvient de ses add-ons pour Half-Life, et ses reconversions vite-fait bien-fait de Halo et autres Tony Hawk. Dans tous les cas, Gearbox s’est toujours terriblement contenté des instruments qu’il avait en main, sans nullement essayer de transcender le jeu original. Ce premier véritable titre a obligé le développeur à bosser par leurs propres moyens. Et ont-ils réussi à trouver l’originalité qu’il a toujours manqué à leurs créations ?
En fait, non. Une fois de plus, Gearbox se contente d’extrapoler un concept, une idée. Et quand je parle d’ « extrapoler », je pourrai même parler de « copier ». Car dans Brother in Arms, tout ce que vous verrez aura déjà existé dans un autre jeu. Rien ne viendra bouleverser votre quotidien. Au final, on prendra du plaisir, certes, on sera content de voir quelques clins d’œil à quelques titres qui –eux- ont apporté leurs pierre à l’édifice du FPS, mais jamais o’grand jamais, on sortira son petit calepin à trouvailles pour y griffonner un nouveau concept décapant qui vient d’apparaître à l’écran. Voila, vous êtes prévenu.

Les 8 jours d’un soldat… Avec tous les rush s’il vous plaît

Brother in Arms se veut réaliste. Le titre résume huit jours de la vie d’un soldat, idée géniale située entre 24h chrono et parfois 1ère Compagnie. Résultat, on a ici affaire à un titre un peu différent, plus calme dans son atmosphère. Pour ceux qui doutaient, Call of Duty reprend les moments les plus dynamiques de la vie d’un fantassin. Bah oui, à l’époque tous les jours n’étaient pas sujets à des gunfights tonitruants.
Non, Brother in Arms n’est pas Call of Duty. Il nous rappellerait presque Operation Flashpoint, en nous faisant vraiment vivre la vie d’un groupe d’homme, perdu au beau milieu de la Normandie en Juin 44. C’est vrai, c’est souvent moins grisant que CoD, mais le jeu s’en démarque par bien des points, à commencer par le concept d’équipe, qui n’avait jamais été utilisé pour un FPS 2nde GM. Ca tombe bien.

Allez, formez quatre groupes de un et dispersez vous en ordre !!

Dans Brother in Arms, vous dirigez une mini escouade de quelques hommes. Ces derniers sont souvent utiles, résistent bien au plomb, et en cas de problème physique du genre trou dans la tête, seront ressuscités dès la mission suivante. Sans le trou, oui. Vous, vous pourrez diriger tout ce beau monde à travers votre vue à la première personne ou –plus professionnellement- grâce à une mini map des environs. La map étant rapidement limitée, vous en viendrez à utiliser l’interface de gestion de votre groupe en vue principale. Dans le même ordre d’idée que Brute Force, Conflict Desert Storm, ou surtout du très jeune Full Spectrum Warrior, vous pourrez demander à vos compagnons de vous suivre, se disperser, se rassembler, ou aller à un endroit par exemple. Pour cela, il faudra alors cliquer avec le viseur sur le point de destination. Bref, c’est très sympa, et ça permet quelques belles tactiques encore trop rarement essayées dans ce genre de titre : les séparations de groupe avec contournement de l’avant-poste ennemi sont légions, les « je te couvre et tu te rapproche pour lancer une grenade » sont très classes, et le jeu y gagne beaucoup en plaisir.
Le système arrive néanmoins beaucoup à ses limites. Tout d’abord, je déteste ce principe ou il faut cliquer sur un point visible pour indiquer où les hommes doivent aller. On a toujours peur de tirer sur le sol, c’est très difficile de viser juste, on doit souvent se découvrir pour pointer un point proche de l’ennemi, et surtout, on ne peut pas indiquer un endroit hors de notre champ de vision !! Rageant de ne pas pouvoir demander gentiment « va derrière ce bosquet, c’est pépère pour dégommer 90% des ennemis qui nous mitraillent en ce moment. »

Un gameplay en demie teinte

Une fois de plus, les versions consoles vont faire défaut au jeu. Gearbox, adepte des portages consoles/PC ne pourra s’y prendre qu’à lui-même si la version PC connaît un succès mitigé. Car si l’ambiance est très bonne, avec une vision de la guerre teintée d’un réalisme assez saisissant, le tout est malheureusement gâché par des points rouges indiquant les ennemis. C’est malvenu. Bah oui, n ne dispose pas de viseur, ce qui oblige à s’accroupir –fusil à l’épaule- pour disposer d’une vue ironsight (avec la lunette propre au fusil) et se venger de la racaille ennemie. Très bien !! La précision des armes est souvent catastrophique pour mieux respecter l’ambiance de l’époque, très bien !! On se fait chier à se manger des tonnes de munitions ennemies avant de réussir à faire partir un pote pour contourner l’obstacle, c’est très bien aussi !! Mais bon, gâcher tout ce semi-réalisme avec des gros points rouges marquant les positions ennemies, graphiquement, ça casse un jeu. Et niveau réalisme, c’est une bonne blague. Oui, bien sûr que ça aide, surtout dans les version consoles. Mais ne pensez plus jouer au chat et à la souris.
D’autres petits détails sont malvenus, facilitant parfois le jeu (comme le très bonne tenue physique de notre gaillard, qui peut se prendre plusieurs balles sans trop broncher) ou qui peut le rendre exaspérant (sauvegardes par checkpoint dans la version pc, des ennemis qui vous mitraillent alors que vous n’êtes pas encore dans leur champ de vision, etc.). Bref, le gameplay hybride louchant entre arcade et réalisme aurait pu être bien vu, mais quelques détails entachent malheureusement le tableau. Là, on a plutôt le cul entre deux chaises.

Des bocages, là un bosquet, et encore des bocages

Techniquement, on sent que les développeurs sont encore jeunes dans la réalisation de jeux à grand spectacle, et on assiste une nouvelle fois à une demie-réussite. Comme le gameplay, parfois bancal, et comme l’ambiance souvent géniale, parfois loupée, la réalisation à des hautes et des bas. Graphiquement, c’est joli, avec un petit effet de flou brillant sur les textures, rappelant Prince of Persia : Sands of Time. Les modélisations des soldats sont très bonnes, et on oubli assez vite que le titre est techniquement un peu dépassé par les ténors du genre. Finalement, ça n’est pas ce que l’on recherche ici. Ce qui est plus dommage, c’est que un soldat, en 8 jours, ça ne bouge pas beaucoup. On voit donc beaucoup de Normandie en 1944. Et finalement, il s’agit d’un paysage que l’on a déjà bien étudié dans MoH, CoD et autres. Bref, rien de très surprenant, surtout que personnellement, ça n’est pas mon paysage préféré. Beaucoup de verdures, de terrains vagues, de tranchées, de petite forêts, et de villages tout mimis regorgeant d’ennemis. Ca manque juste de soleil couchant, de cimes enneigées, et de poursuite en mer, qui auraient finalement pu renouveler les décors du jeu. Et par la même occasion le gameplay.
Quant à la bande son, les bruitages sont très bien réalisés. L’ambiance est grosso-modo assez bonne. Néanmoins, doublages et musiques ne se démarquent pas assez pour pouvoir attirer l’oreille. La mise en scène hollywoodienne n’était pas l’objectif central des développeurs, mais tout ça manque peut être un peu de puissance sonore.
Brother in Arms regorge de bons cotés et de bonnes intentions. Il s’agit là d’un bon jeu, regroupant sans complexe de nombreuses idées piquées à droite et à gauche. A coté d’une jouabilité simple à mourir, on aura alors un système d’ordre intuitif, une ambiance vraiment sympa, et un coté « humain » très travaillé. Le scénario est assez travaillé pour que l’on s’y intéresse par exemple. Dommage que quelques défauts évitables (points rouges indiquant les ennemis, IA parfois débile, système de visée très imprécis, les ordres à donner son limités, etc.) rabaissent le titre à un niveau inférieur. Car finalement, face à un Call of Duty à 15€, Brothers in Arms n’est plus le killer-ap attendu.
23 mars 2005 à 17h11

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Points positifs

  • Ambiance très bonne, et axée sur le coté « humain » de la guerre
  • Les ordres à donner, sympas
  • Jouabilité très simple
  • Un multi sympa, avec des modes rigolos !

Points négatifs

  • Quelques tâches dans le réalisme (points rouges, checkpoint, ia, etc.)
  • Techniquement dépassé sur PC. Comme sur XBOX.
  • Une action parfois répétitive, malgré le coté tactique.
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