Test : Beyond : Two Souls - PS3

Beyond : Two Souls - PS3

Beyond : Two Souls - PS3

Genre : Thriller / Fantastique

Partager
Beyond : Two Souls vous invite à suivre l'histoire de Jodie, une jeune fille qui, d'aussi longtemps qu'elle s'en souvienne, a toujours été accompagnée d'un esprit fantomatique, Aiden. Qui est-il ? Pourquoi est-il lié à Jodie avec un lien psychique et pourquoi souffrent-ils tous les deux terriblement lorsqu'ils se séparent de quelques mètres ? Personne ne le sait, ni même les deux intéressés. Quantic Dream n'a jamais caché et revendique même à qui veut l'entendre sa volonté de se rapprocher du cinéma traditionnel avec ses titres, et Beyond va plus loin que n'importe quel autre titre sur ce terrain. Trop peut-être ?

Test effectué à partir d'une version PS3

Pour ce test, il m'apparaît important de préciser que je fais partie de ceux qui ont aimé Heavy Rain. Même adoré, si l'on fait l'impasse sur un scénario qui avait de sérieuses lacunes, pour la bonne et simple raison que celui-ci permettait à des gens n'ayant aucun atome crochu avec le jeu vidéo de s'y plonger. Prenons comme exemple ma petite amie (ouais, ce test devient personnel mais comment ne pas l'être avec un titre dont la feature principale est l'émotion ?). Celle-ci n'a donc aucune espèce d'attirance envers les jeux-vidéo, et pourtant, elle s'est laissée aspirer dans Heavy Rain avec moi du début à la fin. "Refuse ce verre, ce mec ne m'inspire pas confiance !" "Putain j'étais sûre que le tueur c'était lui pourtant !" "Attends, tu vas quand même pas tuer un innocent pour sauver ton fils ?!". Voilà le genre de réflexions dont ma dernière aventure avec Quantic Dream était parsemée. J'ai donc vécu une expérience vidéoludique rare, où j'ai partagé des émotions avec quelqu'un qui d'habitude serait passé devant l'écran, complètement indifférente. Et j'en remercie vraiment Quantic Dream. C'est la raison pour laquelle il me paraissait inimaginable de faire Beyond sans elle, pour avoir son ressenti de néophyte.

Hashtag VDM

L'histoire de Beyond est jolie. Il fallait donc qu'elle soit animée par des comédiens efficaces et de ce côté, Quantic Dream a sorti l'artillerie lourde en faisant intervenir comme personnages principaux Ellen Page (Juno, X-Men, Inception...) et Willem Dafoe (Platoon, La dernière tentation du Christ, Spiderman...). Le jeu des acteurs est très bon comme on peut s'en douter, mais l'on regrette simplement parfois que les visages modélisés ne soient pas aussi expressifs que ceux de leurs homologues de chair et de sang. La narration se fait de manière déstructurée, alternant les scènes de la vie de Jodie à différents âges jusqu'au présent. Cette réalisation permet, dans une vie dont on se doute assez qu'elle est plus mouvementée vers son final qu'au départ, de gérer le rythme et d'alterner ainsi plus facilement scènes d'action et narration pure. Certains trouveront cette réalisation décousue, et si effectivement parfois l'on se perd un petit peu, j'ai pour ma part trouvé le système plutôt efficace. Les graphismes sont pour le moins impressionnants la plupart du temps, et les animations foutrement "humaines". Par exemple, la démarche de Jodie enfant est criante de vérité. Sa réalisation est aussi très très qualitative, et même si les personnages souffrent parfois du syndrome des cheveux sales, on s'arrête souvent pour contempler à quel point le souci du détail est omniprésent, jusque dans les fringues des comédiens. Non, le vrai souci avec Beyond se situe, comme l'on pourrait s'y attendre, en termes de gameplay.
Le reproche principal que l'on peut faire à Beyond est son côté contemplatif. Beaucoup des actions que l'on vous demande d'exécuter (de manière d'ailleurs très intuitive, et c'est fort agréable), permettent en réalité simplement d'appuyer sur lecture pour découvrir la scène suivante. Pourtant, on ne boude pas son plaisir de découvrir une pièce, de s'amuser à faire un peu le con avec Aiden. Mais la progression est hélas terriblement linéaire la plupart du temps. Il est possible à peu près tout le temps dans le jeu de sortir du corps de Jodie avec Aiden pour se balader un petit peu et interagir avec les objets. Il est parfaitement jouissif de jouer le fantôme, même si ses règles physiques ne sont pas vraiment définies. C'est à dire qu'il peut parfois s'écarter de Jodie à une certaine distance et pas la séquence d'après, qu'il peut passer à travers un coffre fort en titane mais pas à travers des plafonds... Mais ce qui est infiniment frustrant parfois, c'est de se sentir emprisonné dans un gameplay scripté, qu'il faut suivre exactement; dans un ordre particulier et ce sans aucune justification. Prenons un exemple simple. Il y a un ascenseur qui ne monte pas parce qu'une valise bloque la porte, 2 étages plus bas. Je veux prendre Aiden et descendre en bas bouger cette valise, mais non. On m'oblige, avec Jodie, à appuyer sur le bouton de l'ascenseur pour BIEN CONSTATER qu'il est bloqué, et ensuite à agir avec Aiden. Cet exemple n'est pas isolé, hélas, et pour un gamer, c'est assez horripilant.

Rémi Sans Famille + Carrie au Bal du Diable = Jodie Holmes

Pourtant, le gameplay de base est plutôt bien gaulé. On ne boude pas son plaisir avec Aiden de pouvoir prendre le contrôle de certains personnages, en étrangler d'autres, exploser un mur pour se frayer un passage... Chapeau aux commandes du fantôme d'ailleurs, souvent très intuitives. Même topo pour les scènes d'action où Jodie entre en scène. Il faut suivre avec le stick le mouvement que celle-ci a entamé au ralenti pour la voir le réussir. Mais cette impression permanence d'être sur des rails, de ne pouvoir réaliser certaines actions UNIQUEMENT après avoir déclenché une cinématique donne parfois le sentiment d'être furieusement pris pour un crétin. Le pire, c'est qu'à notre sens, le jeu aurait pu permettre de faire certaines actions sans avoir à passer par d'autres totalement inutiles et donner une plus grande impression de liberté dans le gameplay. D'autres scènes sont infiniment frustrantes et "sortent" de l'expérience, comme lorsque l'on vous dit "DEPECHE TOI JODIE DEPECHE TOI !!" et que votre personnage s'acharne à marcher tranquillement. C'est tout de suite beaucoup moins immersif. Enfin, certaines scènes sont tout simplement lourdes. Être obligé de faire à manger (couper les tomates, les oignons, mettre dans la poêle, etc), ranger sa chambre... Certes, ce sont des choses que le personnage vit et on comprend l'intention, mais le cinéma utilise des ellipses pour ne pas avoir à les imposer au spectateur. Et là, on est carrément joueur de ces scènes...
Malgré ces défauts, Beyond reste une aventure sympathique et prenante, mais force est de constater qu'à force de vouloir se rapprocher du cinéma, la notion de jeu a été beaucoup trop mise de côté à notre sens. Soit, il est difficile de réaliser un titre à mi-chemin entre 7eme art et jeu vidéo, mais il ne faut pas oublier le support sur lequel il tourne, et c'est une Playstation 3. On se retrouve donc plus dans une histoire interactive que dans un jeu à proprement parler. Et même si Heavy Rain était peut-être tout aussi contemplatif, il disposait d'une histoire de meurtre, d'enquête, et donc donnait terriblement envie d'en découvrir la suite. Ici, si l'histoire de Jodie donne envie d'être découverte et d'ailleurs le mérite, il y a moins de suspens, moins de tension, de choix cruciaux, nécessairement. Et pour un jeu, courir après un tueur d'enfant est nécessairement plus captivant qu'un drame surnaturel, aussi joli soit-il. D'autant qu'effectivement, si l'histoire se déroule plutôt linéairement, en refaisant certaines scènes, on s'aperçoit que celles-ci auraient pu aboutir de différentes manières. Parfois, un détail de l'histoire peut changer quelque chose plusieurs heures de jeu plus tard, mais c'est le genre de choses dont vous vous apercevrez en partageant votre expérience avec d'autres personnes ayant terminé le jeu. D'autres, en revanche, malgré nos efforts pour faire changer les choses, aboutissent systématiquement au même résultat. Et puis il y a des scènes cachées, jolies, comme celle où Ellen Page interprète un petit morceau de guitare que tout le monde ne verra pas. Nous vous conseillons d'ailleurs aussi souvent que faire se peut de sortir du corps de Jodie pour constater si certaines actions sont disponibles avec Aiden. Nous vous rappelons d'ailleurs que le jeu a 23 fins différentes, et parions avec vous que vous en essaierez au moins 2. Mention spéciale, nous n'avons pas vu venir l'explication sur l'existence d'Aiden et l'avons vraiment trouvé jolie. Terminons ce test un petit peu comme nous l'avons commencé, avec l'avis de ma béotienne de petite amie. "On joue moins que dans l'autre mais c'est quand même vachement bien". Pourquoi je m'emmerde à écrire un article quand tout est résumé en quelques mots ?
Heavy Rain a divisé, Beyond : Two Souls divisera encore plus. A trop vouloir se rapprocher du cinéma, Quantic Dream s'est, à notre sens, laissé piéger à son propre jeu. Définitivement trop contemplatif, Beyond reste une jolie histoire qui hélas met un petit peu trop le joueur de côté. Jodie et Aiden méritent que l'on s'intéresse à eux mais rien n'est plus subjectif qu'un avis sur un titre comme celui-ci. Une belle histoire, mais pas nécessairement un bon jeu comme on l'entend traditionnellement. Mais ne vous méprenez pas, on préfère grandement quelqu'un qui essaie des choses dans le jeu vidéo, quitte à se mettre à dos une partie des joueurs, plutôt que de se conforter dans des mécanismes de gameplay sans risque. Alors effectivement, le jeu ne plaira probablement pas aux purs gamers, mais rien que pour la performance et le risque pris, chapeau l'artiste !
08 octobre 2013 à 15h06

Par

Points positifs

  • Jolie histoire
  • Les fins alternatives
  • Les musiques sublimes
  • Graphiquement au poil
  • Les commandes assez intuitives...

Points négatifs

  • ... Mais beaucoup trop scriptées
  • Certaines scènes longues et inutiles
  • Terriblement linéaire malgré ses fins différentes (impression de ne pas vraiment influer sur le cours du jeu avant la toute fin)

Gribouillé par...

JoKeR

JoKeR

Rédac' Chef

Présent sur le site depuis belle lurette, JoKeR est un homme à tout faire, entre la rédaction, la publication et la gestion des relations presse.
Revenir en haut