Test : Castlevania : The Dracula X Chronicles - PSP

Castlevania : The Dracula X Chronicles - PSP
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Moi, la dernière fois que j'ai osé me laver les cheveux, c'était en Juillet 98 : la France remportait la coupe du monde de Scrabble grâce au mot compte triple "architectural", et une révolution sexuelle éclatait dans le Limousin. Mais ça n'a rien changé au fait que j'adhère à 100% au lieu d'être des shampoings, Elsève, la tête et les épaules, Nookeeboo, tous ces produits qui ornent fièrement leurs appellations 2 en 1, ou mieux, 3 en 1. Oui, c'est tout ce que j'ai trouvé pour faire un lien avec Castlevania : Dracula X Chronicles.
Car 3 en 1, il l'est bien, le bougre. Proposant donc à ses acquéreurs un Castlevania Rondo of Blood remis au goût du jour via une 3D basique, puis sa version originale (PC Engine), mais aussi l'anecdotique Symphony of The Night, qui est - juste - un des meilleurs Action-RPG 2D jamais conçus dans l'univers connu, et ses alentours. Seulement, la générosité de cette compilation a un prix, qui risque bien d'envoyer sur la paille pas mal de fans de la série des chasseurs de vampires : pour débloquer les jeux complets, dits "anciens", il faut forcément (bon, en fait non, il y a d'autres moyens pour geek-roxxors, mais maintenons le suspense) en finir avec l'adaptation 3D de Rondo of Blood, comme pour promouvoir le travail des stagiaires de Konami ayant fécondé le jeu, et prendre le risque de perdre toute forme de vie sociale, tout en gagnant un séjour gratuit au pays des douches glacées et autres camisoles de force.

Ils pèsent rien sur leurs balances

Bon, inutile d'y aller par 4 chemins, Castlevania Rondo of Blood suxx, enfin, en troidé. Car si l'adaptation est fidèle et agrémentée d'une mise en scène revue plus contemporaine, la reprise du jeu manque vraiment de mordant et ne parvient absolument pas à procréer la "touche" magique habituelle de chaque Castlevania digne de renom. C'est simple : on ne s'y croit pas et, comble des sacrilèges, on joue au jeu comme on jouerait à n'importe quel soft d'action en scrolling horizontal. La progression est, en plus, lente et chiante, le joueur n'est nullement transporté dans l'univers si particulier du château de Dracula, Shaft et ses autres copains pas jouasses, mais il reste spectateur d'une pièce mal montée et mal écrite. D'autant que l'envie de sauter à pieds joints dans un jeu allouant un gameplay totalement à côté de la plaque n'est pas vraiment au goût d'une bonne majorité de joueurs, en l'occurrence ceux qui ont la chance de posséder un cerveau en état de marche. Dit comme ça, l'adaptation a l'air d'un massacre, mais ce n'est pas vrai, enfin, pas complètement, juste un peu, un peu beaucoup, nan en fait c'est exactement ça. Et puis le jeu est super dur, mince…
Alors oui, Rondo of Blood 3D est "dur", mais non pas ardu comme n'importe quel Castlevania par la concentration qu'il quémande chez le player, mais bien difficile car son gameplay est totalement approximatif, surtout face à la perfection dans ce domaine du jeu original. Les mouvements de Richter sont justes affreux de rigidité, répondent avec un temps de latence horrible, et même ceux qui rétorqueront qu'ils possèdent toutes les capacités de roxxor du monde se chieront dessus, c'est indéniable. En plus, bon, pour fignoler le tableau, le soft n'est pas fluide pour un sou, c'est lent, anti-dynamique, mou. Car voilà, la série des Castlevania a toujours brillé (épisodes en 2D hein, dois-je vraiment le préciser ?) aux yeux du public grâce à un gameplay aux petits oignons, un modèle de prise en main à la fois intuitif mais aussi complexe. En gros, si on était nul au jeu, il n'y avait pas d'excuses, on suxxait, stou. Alors qu'avec du skill, tout était forcément différent. Ici, dans ce Rondo of Blood 3D, oubliez tout ça : ici, on perd car Richter a décidé de sauter dans un trou tout seul, ou de ne pas lancer son couteau alors qu'on s'acharne à appuyer sur les boutons adéquats. Encore cette rigidité, forcément antagonique à la précision, et ça se sent comme la semence dans un vestiaire de rugbymen. Du coup, le jeu énerve, agace, irrite, tourmente, crispe, (ou fait chier, gave, pète les couilles, casse les reins) et se faire laminer cinquante fois de suite par un seul Flea Man, en sachant qu'il y a un risque de recommencer depuis le tout début, c'est vraiment révélateur pour calculer l'échelle de violence dont est capable quelqu'un.

"You shall regret those words"

Au moins, la progression dans le jeu a gardé, scénaristiquement, toute sa valeur. Des femmes à sauver, aux charmes divers et aguicheurs en plus… nul doute que la prochaine adaptation de Rondo of Blood contiendra des donzelles à quatre pattes et des hardeurs pilonnant des orifices. Ou l'inverse. Enfin, tout ça pour mettre en avant un scénario qui se conditionne en fonction de votre façon de jouer. C'est-à-dire que la progression, entre les niveaux, se fait par embranchements, sans pour autant que le joueur ait le choix de sa destination. Pour cela, il faudra découvrir des passages secrets ou effectuer des actions précises qui dévieront Richter de son parcours initiatique initial de noob pour lui faire entrevoir des mondes nouveaux. Ah, puisqu'on y est, abandonnons quelques mots sur le système de sauvegarde bien fendard du soft de Konami, car outre les saves à chaque niveau existe une option de quick save, qui, une fois lancée, vous fera revenir au menu principal. L'intérêt ? Quand vous chargerez le fichier, Richter se retrouvera au dernier écran visité, évitant au joueur fainéant ou suicidaire de se retaper tout un niveau. Seulement, et là c'est marrant, une fois chargée, la sauvegarde s'efface toute seule, pour bien dégoûter le testeur à l'arrache voulant finir le jeu le plus rapidement possible. En français, ça signifie que cette feature, absolument vicieuse, en plus de faire perde la tête… fait perdre la tête. On a vraiment des envies de meurtre lorsqu'on sauvegarde juste avant de mourir pour pouvoir recommencer au dernier écran et ne pas se taper tout le niveau à recommencer. Contre les boss, c'est encore plus exquis.

"But enough talk, have at you !"

Graphiquement, Rondo of Blood n'est pas laid, certains décors sont assez jolis, mais tout demeure un peu trop basique, la 3D ne fait office que de décor cheap et n'apporte vraisemblablement rien, mis à part faire ramer le jeu. J'entends par là que les développeurs auraient pu pousser le trip un peu plus loin, en accentuant l'effet de profondeur sur certains arrière-plans (et qu'ils n'osent pas répondre que le jeu original glande sur ce point, malgré sa 2D), et pourquoi pas en rajoutant des effets bandants. Il est vrai qu'il est difficile de transposer en trois dimensions ce qui l'était en deux, et on regrette même ces bons vieux sprites, mais le résultat manque de pêche, c'est un fait. Puis, la bande-son… des remix douteux, des thèmes massacrés, rendez-nous nos monos frétillants ! On se contentera alors des seuls intérêts du jeu : ses bonus Castlevania Symphony of The Night et Castlevania Rondo of Blood. Graphiquement déjà, gros point noir : où est le 16/9ème ? Se taper de grosses bandes noires verticales aux extrémités de l'écran, ça le fait vraiment moyen. Et ça continue : les voix, mince, pourquoi les avoir changées ? Question de droits ? De volonté des doubleurs. Dommage. Enfin, hormis tout ceci, les adaptations des originaux sont vraiment nickel, la fluidité fait vraiment, mais vraiment plaisir, surtout après avoir lutté pour venir à bout de l'autre affreux, là, qui fait indéniablement tache au chef d'œuvre dont il est pourtant inspiré.
Comment conclure ? Disons qu'il y a deux écoles : les fans attendant la première adaptation de Rondo of Blood, sans pour autant s'offrir le soft à 100€ dans un magasin d'oldies, puis les casuals, qui ont pu fondre sur SOTN (ou autre) un jour et qui désirent simplement l'ajouter à leurs ludothèques. Les premiers seront indéniablement déçus du jeu 3D, mais n'auront aucun mal à en venir à bout - par la persévérance - pour jouir des bonus si délectables qu'offre Castlevania Dracula X Chronicles. Cependant, les seconds, eux, trouveront – et à raison – qu'il est inutile de s'infliger d'incommensurables tortures en devant finir une adaptation injouable juste pour toucher à deux jeux, certes cultes, mais que l'on peut découvrir gratos via les joies de l'émulation. Bref, si vous n'aviez comme unique rêve que de pouvoir découvrir C:RoB, foncez, dans tous les autres cas, il faudra y réfléchir à deux fois.
14 février 2008 à 01h26

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Points positifs

  • SOTN et RoB originaux

Points négatifs

  • RoB tout simplement chiant à jouer
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