Test : Forza Motorsport 2 - Xbox 360

Forza Motorsport 2 - Xbox 360
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Depuis presque 10 ans maintenant, la série de Gran Turismo règne en tant que soft de simulation automobile absolue, "the real driving simulator" quoi. Ce succès ne fut en aucun cas démérité, et plus les années passèrent, et plus la renommée du titre de Polyphony se confirmait. Seulement, après quelques injections de produits douteux, la folie s'installa visiblement dans les locaux du studio nippon, provoquant la sortie de jeux absurdes, et autres arnaques malsaines. Aujourd'hui, après un premier épisode fort intéressant mais non reconnu) sa juste valeur, les américains de Turn 10 tiennent enfin LA réponse, celle que tout le monde attendait : le jeu qui fait passer les GT pour des clones de Burnout.
Quand on y pense, Gran Turismo demeure une de rares série à être épargnée par la concurrence forcément déloyale. Même chez Electronic Arts on a pas osé créer un clone de la saga révélée en 1998 sur Playstation. Ses rares perturbateurs n'ont jamais pu éclipser les rayons du succès commercial promis au soft de Polyphony Digital, Enthusia Professional Racing par exemple, qui proposait pourtant une gameplay bien plus pointu que celui des GT, a été un échec, faute à son mode carrière mal foutu, et surtout son manque d'impact auprès du public, car oui, les Gran Turismo font parti de ces jeux tels les PES ou GTA, adulés, ayant déjà prouvé leur valeurs au point que leurs suites sont achetés les yeux fermés, qu'importe si une fois la boite ouverte la galette contienne fatalement de la merde. Forza Motorsport connut une déroute similaire, mais pour sa suite, la situation a radicalement changée : il est aujourd'hui disponible sur une plateforme nouvelle génération bien avant son rival, et ça change tout. Dans le langage de Julien Lepers, on dira qu'il a la main. Reste à voir ce qu'il en fait.

Put your hands up

Dans ses modes de jeu, le titre de Turn 10 opte pour une approche très classique du genre, avec en guise d'amuse-gueule le traditionnel mode Arcade, puis un mode Carrière imposant, et enfin le Multi. Le premier cité permettra de se familiariser d'entrée avec le jeu grâce à ses nombreux véhicules disponibles, sur presque tous les circuits, on y trouve aussi un sous mode Contre la montre, ou l'objectif sera d'atteindre un temps donné avec une voiture présélectionnée, afin de la débloquer. Il y est aussi question de courses d'exhibition débloquant des tracés du jeu, et d'un mode Course libre afin de s'adonner aux joies des excursions automobiles. Vous pourrez alors avoir un aperçu des quelques 310 véhicules dispo dans le soft (à titre d'information Gran Turismo 4 propose plus de 700 modèles) catalogués par un système de classes séparant les bolides en fonction de leur puissance, catégorie, modifications… C'est ainsi que les voitures de course par exemple, seront classées dans la catégorie des "R" suivis d'un chiffre signifiant l'aptitude du groupe de voitures alors que les bolides de série auront droit aux lettres de D à S. On se réjouira pendant ce temps de la présence des plus grands labels de l'industrie automobile, notamment grâce aux Ferrari et autres Porsche, les fans seront aux anges, de plus qu'il ne manque aucun véhicule culte : les drifteurs se réjouiront de la Trueno, les amateurs de concessionnaires Nippon fonderont pour la Skyline R34 tandis que les bon Français que nous sommes auront à cœur à admirer notre 206 locale. Toutefois, coté circuit, Forza 2 est une fois de plus bien en dessous de son grand rival avec ses 47 circuits et ses 12 environnements. Il faut comprendre par là qu'un environnement comporte logiquement plusieurs circuits, parfois jusqu'à déraison, quand des tracés ne se différencient que par 2 ou 3 virages en moins… Bien heureusement du coup que les plus grandes courbes du mondes soient présentes, avec par exemple Laguna Seca, le Nürburgring, Sebring, Tsukuba, Silverstone et j'en passe…

GTR sur console

Comme on a déjà pu maintes fois le confirmer, simulation est le maître mot de Forza 2 Motorsport, indubitablement axé sur le réalisme de conduite. Le pilotage y est donc particulièrement intuitif, les transferts de masse hallucinants, et les sensations de puissance du moteur admirablement retranscrits. Pour les débutants, 3 aides à la conduite sont automatiquement activés, contrôlant électroniquement le freinage, la stabilité, et le patinage des roues, et pourtant, même avec ces aides, les béotiens goûteront plus que fréquemment au sable qui jonche les virages, c'est dire. De plus, et c'est un gros point fort du soft, quasiment chaque cylindrée possède une tenue de route qui lui est propre, c'est tout bonnement hallucinant une fois le pad en mains, comme les sensations diffèrent lorsqu'on passe d'une voiture à une autre. Autre fait confirmant le choix des développeurs de proposer un jeu très pointu, on ne trouve aucune école de conduite, ou permis à passer, les bases devront s'apprendre en pratiquant, ce qui n'est pas du luxe face à une IA enfin remarquable. C'en est presque émouvant quand on est habitué aux Gran Turismo, ici, vos adversaires ne se comportent pas en Lemmings, ils prennent l'aspiration pour vous déborder, tenter de vous manger vers l'intérieur lors des freinages, font parfois des erreurs, créant des accidents, et se livrent bataille entre eux, un vrai bonheur. Donc, une fois en course, tout se joue à 100 à l'heure, la tension est permanente, et logiquement, vos pneus s'usent, l'essence diminue, et les dégâts influencent votre conduite de façon optimale. Dommage sur ce point que les arrêts aux stands soit si foireux, copiant Gran Turismo 3, c'est-à-dire sans pit crew, limitant ainsi un réalisme pourtant surexposé.
Le mode carrière, où on passera la majeure partie de son temps, ne change véritablement pas de celui proposé par Forza premier du nom, le principe et le fonctionnement en restent d'ailleurs les mêmes ; vous démarrez avec la coquette somme de 10 000 crédit et un choix crucial à faire avant même d'acheter votre première voiture : sélectionner la zone géographique du jeu, entre l'Europe, l'Asie et l'Amérique. Ce choix influencera le prix des voitures et surtout votre deuxième choix en tant que pilote qu'est celui d'élire votre premier bolide, étant donné que vous ne serez limité qu'aux modèles de votre zone. Une fois un véhicule acquis, il sera alors enfin question de courir en compétition, via des épreuves qui ne dépayseront pas tout fan de la série de Polyphony, en effet, les épreuves sont classées en fonction de certains restrictions, et obligations diverses : des courses sont réservées aux tractions avant, d'autres aux plus de 400 chevaux, etc… Le fait de gagner ces courses vous fera emmagasiner plus ou moins d'argent en fonction d'importants éléments additionnés, avec, en tête de liste, votre position à l'arrivée bien sur, mais aussi la difficulté de jeu sélectionnée auparavant, le nombre d'aides activées, les dégâts de votre véhicule… Tout cela influencera votre rémunération, et votre niveau de pilote. Car à la manière d'un RPG, l'ascension dans Forza 2 s'effectue grâce à des niveaux, vous débloquant des compétitions supplémentaires, et surtout des véhicules, car contrairement à Gran Turismo, tous ne peuvent être achetés au début du jeu. Pour augmenter de niveau, l'argent fait office de points d'expérience, et arrivé à un certain seuil pécuniaire total (c'est-à-dire, même si vous dépensez votre thune), votre pilote augmentera de niveau. Et le bonheur ne s'arrête pas là, car les véhicules que vous serez amener à conduire augmentent aux aussi de niveau de la même manière que vous, et ceux-ci engendrent diverses réductions alléchantes chez les concessionnaires, pour s'équiper à bas prix. On notera aussi qu'il vous sera possible de recruter des pilotes qui pourront effectuer des courses à votre place, seulement, engager un bon pilote est certes synonymes de victoires assurés, mais le bougre ne se gênera pas pour piquer une énorme partie de la récompense en crédits allouée au vainqueur, alors que faire signer un pilote moins expérimenté fait perdre moins d'argent, mais ne garanti en aucun cas des victoires. Sympa.
Une autre facette du jeu, qui au fur et à mesure des heures, s'imposera comme une activité principale réside dans les possibilités de tuning et de modification de vos attelages motorisés. Pour cela, de nombreuses améliorations sont mises à disposition du joueur, ayant des conséquences sur le comportement des véhicules, simplifiés en notes sur 10 (vitesse max, accélération, freinage, tenue de route, rareté). Certaines pièces pourront améliorer par exemple votre vitesse de pointe, mais faire chuter l'accélération, tout est alors question de sélectionner les bons objets à acheter afin de tirer le maximum de son véhicule. Autre bon point, certaines modification sont autant d'ordres physiques de mécanique, avec des pièces tuning à la Need For Speed pour les ailerons, jupes latérales, capot ou pare-chocs de certains modèles. De plus, le réalisme ne s'arête pas ici, car une fois vos emplettes effectuées, il faudra passer au cambouis en réglant spécifiquement votre bolide en fonction de ce que vous attendez de lui. Un travail qui peut paraître forcement ardu pour les néophytes, mais qui se révèlera vite un plaisir car tout est expliqué de façon claire dans le jeu. C'est donc une fois la voiture améliorée et réglée qu'on passe à sa décoration via un menu autonome. Ici, vous pourrez laisser libre court à votre élan créatif, en dessinant sur votre caisse ce que bon vous semble, tout en sachant que pour les fainéants, de nombreux vinyles et autres décalcos constructeurs sont déjà modélisés et ne demandent qu'à être appliqués.

La phobie du premier virage

Comme son homologue Project Gotham Racing 3, Forza 2 a été conçu pour être en lien permanent avec le réseau Xbox Live, et outre les courses dites classiques, on retrouve un florilège impressionnant de possibilités pour les possesseurs de comptes Gold. Par exemple, il vous sera possible de donner les voitures que vous souhaitez à vos amis, ou mieux, de les vendre aux enchères, afin d'emmagasiner des crédits utilisables dans le mode carrière. Loin d'êtres des adjudications de campagne, les enchères sont un vrai business que de nombreux joueurs maîtrisent d'une façon effroyable (les caisses les plus vendues sont celles ou les peinture représentent des dessins hentaï… évidemment), et pire, ces dernières vous feront lutter corps et âme tant les fights sont terribles. On en profitera pour relever un détail bien utile qui se traduit par l'apparition d'un petit pop up sur votre écran lorsque quelqu'un vient de renchérir (par exemple) sur votre offre et que vous étiez sur un tout autre écran que celui des enchères. Coté classique, le Live de Forza 2 offre la possibilité d'effectuer des courses d'exhibition, de carrière (donc des parties avec classement, qui vous rapportent de l'argent), des tournois mondiaux (avec en premier lieu des séances de qualification avec un minima à battre souvent hardcore), ou encore de mater la Forza Motorsport TV, qui retransmet en direct les courses des meilleurs joueurs mondiaux. Et il faut avouer qu'en tombant sur les bonnes personnes, le mode en ligne se révèle vraiment comme une drogue dure au point qu'on arrive à abandonner complètement le mode carrière solo pour le jouer online. Dommage cependant que certains Kevin prennent un malin plaisir à rouler à contresens sur les serveurs autorisant les dégâts et les collisions. Sinon, tout est bon, spécialement le premier virage des courses, ou personne n'a vraiment envie de freiner le premier, ce qui engendre souvent de mémorables carambolages souriants souvent à ceux ayant eu l'intelligence de se placer en retrait…

Inégal techniquement : dommage, on s'en branle

Graphiquement parlant, ce serait mentir d'affirmer que Forza 2 Motorsport révolutionne le genre, le titre de Turn 10 étant est en fait juste à la hauteur du minimum qu'on pouvait espérer de lui, les développeurs ayant sacrifié les amas de polygone pour instaurer une fluidité exemplaire bloquée à 60 images par seconde en tous temps. Pas un ralentissement ne vient ternir les courses, pas une chute de framerate gâche les sensations, c'est du domaine du jamais vu. De plus, contrairement au soft de Polyphony Digital, les dégâts sont bel et bien de la partie ici, et sont réalisés de fort belle manière : la tôle se froisse, les aileront et autres pare-chocs s'envolent, et comble du bonheur, les moteurs explosent littéralement selon les traitements subis. Malheureusement, les dégâts et cette fluidité ont un prix, qui se traduit sur une modélisation des voitures parfois bien trop peu avancée, à des années lumière d'un Gran Turismo HD. Les modèles ne sont pas grossiers, loin de là, mais certains manquent cruellement de détails, autant sur les extérieurs, trop gourmands en reflets, et les intérieurs, inexistants, alors que tous les jeux de courses récents s'efforcent de proposer des véhicules complètement modélisés dans leur habitacle. Pourtant, coté environnements, Forza 2 détient le mérite de passer du baffé au baffeur, de nombreux circuits sont vraiment magnifiques (mention spéciale au nürbur', hallucinant de par les reflets des arbres sur la route, et sa dense flore) et leur conception a été vraiment travaillée sérieusement. Les dénivelés ainsi que les moindres bosses se ressentent parfaitement et influencent fatalement le véhicule (essayez de prendre la Sunset Bend de Sebring à fond et vous comprendrez).
Coté bande-son, on ne peut que se réjouir du choix des musiques du jeu, assez variés pour plaire au plus grand nombre, et proposant de nombreux grands noms tels Prodigy, Gnarls Barkley, Benny Benassi, Bloc Party pour une ambiance dans les menus vraiment plaisante. Dans les menus seulement car toute musique se coupera lors du lancement d'une course (bien qu'il n'est pas impossible de lancer les chansons à partir d'un mp3 ou de votre console à ce moment) pour ne laisser la place qu'aux rugissements des moteurs et aux divers crissements de pneus. Sur ce plan, on frôle aussi la perfection ; quasiment chaque modèle du jeu détient son propre son de turbine, enregistré sur le vrai modèle, pour un réalisme bluffant une fois sur la piste. Rien n'est laissé au hasard, que ce soit les collisions entraînant des éclats de vitres violents, le bruit des concurrents revenant sur vos arrières, ou les simples acclamations de spectateurs, chaque détail a une importance primordiale. Au final, techniquement parlant, Forza 2 est bien en dessous du standard actuel, même si sa bande-son fabuleuse relève légèrement le niveau général, mais une fois n'est pas coutume, cette réalisation en dent de scie n'est jamais problématique en jouant, tant le plaisir de la conduite impose sa toute puissance.
Le Roi est mort. Turn 10 réussit ici un exploit que nul ne redoutait en se positionnant exactement aux antipodes de la stratégie du rival tant redouté. Rien ne peut être plus clair, Forza 2 ne se cache aucunement derrière une réalisation next-gen sublime pour faire oublier les lacunes de son gameplay, c'est en fait tout le contraire : jouer au soft provoque une douce jouissance que des milliards de polygones ne peuvent retranscrire, une jouissance unique lors d'un dépassement à l'aspiration, lors de l'établissement d'un nouveau record au tour, lors de l'accomplissement d'heures de réglages divers résumés dans le simple fait de franchir une simple ligne avant les autres. Forza 2, c'est conduire, et rien au monde ne pourra lui enlever cette qualité qui fait du titre de Turn 10 la nouvelle référence absolue du genre.
25 juin 2007 à 12h45

Par

Points positifs

  • Une conduite absolument réaliste
  • La customisation de folie
  • Un Live entièrement parametrable
  • Les enchères, dons, TV, tournois...

Points négatifs

  • Inégal graphiquement
  • Temps de chargement un peu longs
  • Pas de vue intérieure
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