Test : Panzer Dragoon Orta - Xbox

Panzer Dragoon Orta - Xbox
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Avec l’arrivée de Panzer Dragoon Orta, c’est tout un passé de joueur qui resurgit à la surface. Ce jeu, à qui le qualificatif de traditionnel n’est pas dévalorisant, est le dernier rejeton d’une saga qui a suscitée l’enthousiasme de bien des joueurs sur la défunte 32 bits Saturn. Il se pose en même temps en représentant d’un genre qui s’est peu développé depuis l’utilisation de la 3D : le shoot sur rail.
Sega n’a pas eu de chance avec ses consoles mais on peut dire que certains titres sont devenus des légendes du jeu vidéo. Microsoft compte exploiter le réservoir des titres Sega car après l’adaptation Xbox de Shenmue 2 (en prévision d’une éventuelle suite, suspendue à la réussite de celui-là), c’est le quatrième opus des Panzer Dragoon qui vient perpétuer la saga sur Xbox. Smilebit, le studio de développement, fait partie de ses studios « récupérés » par Microsoft dans les cartons de Sega pour produire presque exclusivement sur leur console. On leur connaît notamment Jet Set Radio Future et Gunwalkyrie. Ici, Ils n’ont pas dérogé à la règle et dotent PDO de graphismes époustouflants et d’un gameplay classique et plein de sensations. Fin du fin, ils ont poussé jusqu’à inscrire la trame et le contexte au sein du jeu, lui accordant un cachet profond et inédit.

Un shooter sur « rail » ?? Mais qu’est-ce que c’est, ça ?

Indignes enfants du jeu vidéo qui ne connaissent pas leurs classiques ! Bon, rien que pour vous, un petit récapitulatif du principe (teinté d’un brin d’ironie) : imaginez des niveaux beaux, bien architecturés, hauts en couleurs, des vues aériennes fantastiques…sauf que vous n’aurez pas le temps d’apprécier tout cela ! Ou plutôt que l’intensité de l’action vous accaparera et vous submergera (vous noterez que je n’ai encore rien expliqué…) car dans PDO, vous manœuvrez un dragon chevauché par une mystérieuse jeune fille aux blancs cheveux. Mais il n’y aura pas de problème de manipulation car les niveaux défilent en donnant l’impression que le dragon progresse (« scrolling vertical »). Votre souci sera l’altitude (on est en 3D tout de même), aller à droite à gauche et votre vitesse. Quelques améliorations parmi une excellente gestion des caméras qui permettent de viser pratiquement à n’importe quel endroit, même derrière vous. Le reste de vos déplacements est géré par la console. Le système de visée est classique et fournit une panoplie d’effets. Il suffit de « locker » les adversaires, qui arrivent généralement par vagues en tous sens, puis de relâcher pour balancer vos missiles. Vous pouvez cependant aussi bien tirer en continu sans prendre la peine de viser. Une jauge se remplit à mesure indiquant la disponibilité d’attaques dévastatrices appelées « furies ».

Un gameplay pauvre mais percutant

Vous l’aurez deviné, il n’y a pas de quoi pavaner. Le gameplay est simple voire relativement réduit. Il paraîtra sans doute désuet pour nombre d’entre vous. Pourtant le jeu exploite à merveille une formule qui n’a pas besoin de se renouveler et qui procure d’excellentes vibrations. En prenant le temps d’apprécier PDO, on remonte le temps et on se laisse fasciner par un gameplay automatique qui vous immerge pleinement dans les subtilités rêveuses du monde. Elément central, le dragon peut adopter trois formes : celle de base fait la part égale entre attaque et rapidité ; celle privilégiant la maniabilité vous accorde plus de vitesse, d’esquive et de manœuvres en diminuant votre potentiel d’attaque ; la dernière fait exactement l’inverse : votre puissance de tir est accrue mais vous devenez un gros balourd. Ces différentes formes sont accessibles à n’importe quel instant ce qui ajoute une petite dimension subtile à l’ensemble. On a droit à trois modes de difficulté progressive et un tutorial qui ne vous résisteront pas longtemps malheureusement car la durée de vie est très courte : environ une journée en mode difficile.

Ce n’est pas long mais c’est bien bon

Tellement bon qu’on y revient souvent. Et cela tient justement à la répétitivité du gameplay qui vous laissera pantelant et bredouillant à agiter vos gâchettes sans piper mot. Enfin un jeu où le concept ne soit pas posé comme une image au fond d’un aquarium ! Je vais avoir du mal à ne pas raconter l’histoire qui, même si elle présente un tour convenu, est inattendue et pleine de lyrisme. Sachez seulement que Orta est une jeune fille libérée par un dragon blanc surgissant lors de l’attaque d’une tour par des dragons noirs où elle est mystérieusement retenue prisonnières pour des raisons inexpliquées. Cette histoire ne se déroule pas dans un univers de fantasy habituel mais dans une réalité magique post-moderne très inspirée du cycle d’Anne McCaffrey, La Ballade de Pern, dont vous trouverez un compte-rendu ici : http://www.elbakin.com/fantasy/romans/balladepern.htm. Une ambiance présente à chaque détour, à chaque ennemi et bâtiment rencontré. Tout bénéficie d’un traitement irréprochable. Un design qui oscille entre modernisme et primitivisme à travers des aspects tourmentés et inconcevables. Les niveaux sont bien remplis et grouillent littéralement de vie et d’objets uniques de toute sorte.

Une réalisation aboutie et complète

Il fallait bien les capacités de la Xbox pour autant de beauté et de créativité. Le tout est servi par des musiques splendides et orchestrales qui rythment le jeu sans provoquer de lassitude. Le 5.1 est ici largement mis à contribution et contribue à passionner le joueur en le plongeant vraiment dans le jeu. Les cinématiques donnent envie de connaître l’histoire et s’intègrent parfaitement dans le corps du jeu. Chaque niveau possède son lot de différence mais aussi de récurrence et force m’est de constaté que le jeu est très fluide et ne comporte aucun ralentissements inquiétants. Rien à redire sur la maniabilité : les deux pads sont agréables au jeu et le dragon répond sans un tremblement. Un dernier mot sur la myriade de bonus qui ne manquent pas : on peut trouver la version complète du premier opus de la série pour prolonger le plaisir et le retour dans le passé. Tout a été soigné pour faire oublier au joueur la barrière entre support et rêve.
Panzer Dragoon Orta parvient à renouveler un genre tombé en désuétude à cause du développement technique. C’est pourtant grâce à cela que PDO est parvenu à me séduire et à me convaincre avec autant de verve. Enfin un jeu qui affiche à tous les niveaux de sa conception une richesse et une consistance digne des meilleurs hits. Seul reproche, une durée de vie indécente qui n’exclue pas une rejouabilité immense. Immanquable.
16 avril 2003 à 22h00

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Points positifs

  • Un genre renouvelé
  • Une réalisation en tout point somptueuse
  • Une aventure profonde

Points négatifs

  • Une durée de vie limitée
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