Le héros (ou l'héroïne, au choix) de
Yo-Kai Watch est un enfant tout ce qu'il y a de plus modèle : il est poli, traverse au petit bonhomme vert, va jouer avec ses amis au parc et rentre avant qu'il fasse nuit histoire que ses parents ne s'inquiètent pas. Mais un jour, sa vie va basculer. Alors qu'il devait trouver des insectes rares, il va tomber sur un objet bien étrange, une montre qui lui offre le pouvoir de voir et communiquer avec les yokai. Les fantômes du folklore japonais se baladent en effet dans notre monde et ils proposent même à ceux qui peuvent les voir de devenir amis avec eux, histoire que les humains puissent profiter de leurs capacités spéciales. Dans la foulée, le héros rencontre son premier compagnon, un sympathique spectre particulièrement bavard qui ne va plus le lâcher d'une semelle. Évidemment, ces changements bouleversent sa vie et il se rend vite compte que tout ce qui l'entoure est clairement influencé par les yokai. Ses parents se disputent ? Un yokai jaloux de leur histoire d'amour. Une épidémie de rhume ? Un yokai voulant s'amuser du malheur des autres. Un employé un peu trop paresseux ? Un yokai qui le pousse à en faire le moins possible. Et ainsi de suite. Rapidement, sa nouvelle faculté sera mise à profit afin de déjouer une sombre affaire qui se joue en coulisse...

For the watch !
Enfin, sombre, façon de parler, car ce
Yo-Kai Watch est clairement destiné aux enfants, plus encore que
Pokémon. Les dialogues ne volent jamais très haut, la forme des yokai est loin de faire peur et, comme dit précédemment, le héros est un enfant modèle. N'espérez par exemple même pas traverser plusieurs fois au feu rouge sous peine de vous faire attaquer par un yokai invincible qui va ''
vous apprendre les bonnes manières''. Qui plus est, les voix – intégralement en français avec une localisation impeccable – sont relativement insupportables, comme seules celles des dessins animés pour les petits savent le faire. En revanche, le reste de la réalisation est bien plus agréable. Les musiques passent plutôt bien et les décors sont assez jolis, colorés et détaillés. La map est relativement grande (pas de panique, le vélo se débloque rapidement histoire d'aller plus vite), plutôt variée (forêt, quartier résidentiel, zone industrielle, place...) même si, grosso modo, on se trouve dans une grande ville. Et ça se voit qu'un soin tout particulier a été apporté aux environnements puisque de nombreux petits détails sont de la partie, comme les boutons sur les feux pour que le petit bonhomme rouge vire au vert. Bref, il n'y a pas grand-chose à redire de ce côté-là, la 3DS n'a clairement pas à avoir honte de la production de
Level-5.
Du côté du gameplay, ne vous attendez pas vraiment à avoir droit à un RPG au tour par tour classique,
Yo-Kai Watch tentant de nouvelles choses plus ou moins réussies. Tout d'abord, en ce qui concerne l'engagement des affrontements. Ne comptez pas vous faire attaquer aléatoirement comme dans la plupart des jeux de rôle, c'est au joueur d'aller chercher la baston grâce à sa montre. Ainsi, un détecteur se trouve en haut à droite de l'écran et lorsque celui-ci s'emballe, il s'agit de dégainer sa loupe dans des endroits spécifiques (dans un arbre, sous une voiture, au bord d'une rivière, etc). Une fois la chose faite, il s'agit de cibler le yokai qui se balade afin de faire grimper une jauge, cette dernière lançant le combat une fois pleine. Jusqu'à trois ennemis peuvent attaquer à la fois, sachant que le joueur dispose d'une équipe pouvant aller jusqu'à 6 combattants, mais que seuls trois à la fois peuvent apparaître à l'écran. Il est tout à fait possible de faire basculer son équipe à volonté grâce à une petite roue sur l'écran tactile. Ce qui est d'ailleurs plus qu'utile puisque les affrontements obéissent à une règle à la pierre-papier-ciseaux, comprenez par là que plusieurs éléments sont présents et que chacun est plus ou moins fort qu'un autre. Vos trois yokai mis en avant sont en mauvaise posture ? Pas de souci, un petit coup de stylet et hop, l'équipe de secours prend le relais.

Sankyokai
Il n'est en revanche pas possible de contrôler les yokai, puisque ces derniers attaquent quand bon leur semble – et le reste du temps ils ''flânent'' et se prennent des dégâts, les feignasses. La seule chose que le joueur peut leur demander, c'est de sortir leur attaque spéciale (appelée Amultime, s'améliorant au fur et à mesure des utilisations et accompagnée d'une mini-cinématique) quand c'est possible. Pour ce faire, il s'agit de réussir un mini-jeu sur l'écran tactile, et ce le plus vite possible puisque le tout se déroule en temps réel. Il peut s'agir de dessiner des formes basiques, de frotter pour effacer du brouillard ou encore de percer des bulles. Un principe plutôt sympa, même si le fait de ne pas pouvoir commander directement ses troupes reste frustrant, surtout qu'elles flânent assez souvent. Pire, les yokai sont parfois ''envoûtés'' et, dans ce cas, ils n'ont plus aucune motivation. Dans ce cas, il faut les faire basculer sur l'équipe de réserve et s'occuper de leur cas via les mêmes mini-jeux que pour les Amultimes. En revanche,
Level-5 a eu le bon goût de rajouter la possibilité de les faire tous attaquer le même ennemi, histoire que tout le monde se concentre sur le même adversaire. Un élément qui est d'ailleurs indispensable durant les combats de boss, mais pas pour les mêmes raisons : ils cachent tous en effet un point faible qui se dévoile au bout d'un moment. Une fois que c'est fait, il s'agit donc d'indiquer à l'équipe d'attaquer cet endroit précis histoire de faire un maximum de dégâts.

Dans tous les cas, il faut rester très vigilant durant les combats car la mort n'est jamais loin. Non pas que la difficulté soit insurmontable, loin de là, mais les barres de vie réduisent à une vitesse parfois affolante et le choix des items de soin se fait en temps réel. Il n'est donc pas impossible que le yokai que vous alliez guérir périsse entre temps. Il s'agit donc de ne pas négliger le gain d'expérience, même si la recherche de combats devient rapidement lassante. Heureusement, il est possible de séparer le bon grain de l'ivraie : au fur et à mesure de la progression dans le jeu, la montre du héros s'améliore et gagne des ''rangs'' (E, D, C...). On peut donc rapidement et facilement mettre les rangs inférieurs de côté, puisque ceux-ci apportent moins d'expérience, pour se concentrer sur les ennemis plus puissants. Les quêtes annexes, nombreuses mais pas franchement variées – affronter tel ennemi, parler à telle personne, trouver tel objet, etc. - permettent également de gagner un bon nombre de points d'expérience d'un coup. Mais les grandes gagnantes à ce jeu là sont les ruelles cachées parfois derrière les maisons et qui regorgent de yokai plus puissants et directement visibles à l'écran, ce qui permet de ne pas avoir à sortir la loupe pour les chercher.

Yokaido
Enfin, un dernier mot sur ce qui intéressera certainement un grand nombre de joueurs pour ce genre de titre : la collectionnite. Ici, elle est évidemment de la partie, et pas qu'un peu. Le but est bien entendu d'attraper le plus de yokai possible, mais cela ne se fait pas vraiment de la même manière que dans un
Pokémon. N'espérez pas affaiblir l'ennemi pour le ramasser par la suite. Dans
Yo-Kai Watch, ce sont eux qui décident de se ranger aux côtés du héros en lui donnant leur ''médaille'', ces dernières venant remplir un carnet spécifique. La chose se fait de manière totalement aléatoire à la fin d'un affrontement, mais il est possible d'influer quelque peu dessus en lançant pendant les combats de la nourriture à l'ennemi désiré, sachant que chaque espèce a ses propres goûts. Un PNJ spécifique propose même de fusionner deux yokai afin d'en créer un nouveau. Et en dehors de ceux qui ont donné leur nom au jeu de
Level-5, il y a également les insectes et les poissons qui se laissent collectionner. Les attraper se fait via un mini-jeu mettant à profit les réflexes : un petit rond composé de plusieurs cases apparaît et il s'agit de faire s'arrêter le curseur sur une barre en appuyant au bon moment. Si le curseur atterrit sur du rien, la bestiole s'en va. Évidemment, plus l'animal est rare et plus le nombre de cases est réduit, mais il existe des appâts afin d'en faire apparaître un peu plus et de rendre la tâche plus aisée. Bref, vous l'aurez compris, en plus du scénario principal et de la foultitude de quêtes annexes que propose ce soft 3DS, la collectionnite risque fort de tenir les acharnés occupés pendant de très longues heures.