L'histoire de
Code Name : S.T.E.A.M. se situe dans un Londres steampunk. Les différentes avancées technologiques sont donc liées à la vapeur (
steam en anglais) et celle-ci occupe une place essentielle dans le monde. C'est dans ce contexte que les aliens ont décidé de débarquer, histoire de foutre un peu le bordel partout. Heureusement, une équipe de choc est là pour contrer les envahisseurs. Dirigée par Abraham Lincoln en personne, l'équipe S.T.E.A.M. regroupe de nombreux combattants aux aptitudes variées, certains étant bien connus du grand public, comme l’Épouvantail et le Lion peureux du
Magicien d'Oz, Lili la Tigresse de
Peter Pan, Tom Sawyer et encore bien d'autres. Autant dire que les extra-terrestres risquent de passer un sale quart d'heure. Mais ils l'ont cherché, aussi.
Abraham Lincoln, chasseur d'aliens
Comme dit précédemment, le nouveau soft des petits gars d'
Intelligent Systems prend la forme d'un jeu de stratégie au tour par tour. Le joueur contrôle une équipe de maximum quatre personnages et doit affronter des ennemis sur des maps plus ou moins vastes et divisées en cases. Les déplacements et les attaques demandent un certain nombre de points de vapeur et, logiquement, le tour s'arrête lorsque ces points sont vidés. Il faut d'ailleurs bien y réfléchir à deux fois avant d'agir car le tout se passe en temps réel et les actions / déplacements ne peuvent pas être annulés. Quant aux adversaires, ils sont soumis aux mêmes lois. Le niveau s'arrête lorsqu'au moins l'un des combattants de l'équipe parvient à l'arrivée, que tous les ennemis soient tués ou non (sachant que de toute façon de nouveaux aliens débarquent régulièrement sur la carte...). Bref, un gameplay tout ce qu'il y a de plus basique et qui fonctionne à tous les coups... en tout cas en théorie. Car concrètement,
Code Name : S.T.E.A.M. souffre de beaucoup de petits défauts qui, mis bout à bout, rendent les affrontements au mieux ennuyeux et au pire franchement énervants.

En premier lieu, et aussi étonnant que cela puisse paraître, il n'est pas possible d'avoir une vue d'ensemble de la map. Il est bien possible de diriger la caméra (via l'écran tactile, les boutons ou le stick droit de la New 3DS), mais seulement pour voir autour du personnage contrôlé. Impossible donc de savoir ce qui attend le joueur, qui n'a donc droit qu'aux champs de vision de ses combattants. Ce qui amène un second souci : on ne voit pas les déplacements des ennemis, sauf s'ils se trouvent bien entendu à proximité de l'un des personnages du joueur. Sachant qu'il est impossible de passer ces phases, ni même les accélérer, on passe bien une trentaine de secondes (dans le meilleur des cas) à ne rien faire, attendant juste que ça passe. Certes, une mise à jour est venue accélérer le tout, mais cela reste assez long. Et si jamais un alien arrive sur un combattant, il est logique qu'il l'attaque s'il lui reste des points d'action. Mais dans ces cas-là,
Code Name : S.T.E.A.M. se montre en plus foncièrement injuste. Car si l'ennemi peut attaquer deux fois, il n'en est rien des personnages principaux, qui peuvent simplement se défendre s'il leur restait encore assez de vapeur avant de terminer leur tour. Malgré tout, ce système d'attaque préventive, appelée ici Embuscade, est une idée intéressante, et apporte un réel aspect stratégique, même si pour y avoir droit il faut attendre trois plombes que les ennemis se déplacent.
Steam spirit
Ce dernier aspect impose ainsi parfois des pics de difficulté inutiles. En fait, l'intégralité du titre propose une difficulté qui n'est pas franchement maîtrisée, de quoi rapidement décourager le joueur. Et c'est dommage, car les bonnes idées étaient bel et bien là, mais trop mal réalisées. Par exemple, chaque combattant possède une arme ayant des capacités spécifiques (tir à longue distance, grenades, soin, don de vapeur, etc.). Malheureusement, le tout est assez mal calibré puisque certains – notamment celui doté du lance-grenades – voient leur barre de vapeur se vider en quelques pas, là où d'autres pourront se déplacer bien plus loin ET attaquer. Autre idée sympa : disséminer des objets ça et là sur les maps. Il est ainsi possible de ramasser de l'argent, des médailles, des boulons ou encore des livres, chacun apportant quelque chose de différent. Malheureusement, les affrontements étant déjà assez longs, on oublie bien vite l'idée de tout ramasser sur une carte. D'autant plus que, en dehors de l'argent qui permet de se soigner sur des bornes de sauvegarde (sachant que le prix augmente à chaque fois), les autres items ne servent pas vraiment à améliorer les personnages. Personnages qui, contrairement à un
Fire Emblem par exemple, ne gagnent pas de niveaux. Dommage, pouvoir acquérir de nouvelles compétences en fonction des niveaux aurait pu briser un peu la monotonie.
Pouvoir discuter avec les autres membres du S.T.E.A.M. aurait aussi pu être sympa. Mais ce n'est pas le cas, et ce n'est finalement peut-être pas plus mal tant l'écriture a du mal à suivre. L'histoire est banalement cliché et le background des personnages n'est pas vraiment travaillé. Le joueur lâche donc bien vite le scénario et se contente bien souvent de passer les lignes de dialogues inintéressantes. Inintéressantes et répétitives, car les mêmes phases reviennent encore et toujours en combats («
Même un tank ferait moins de bruit », «
Hé ! Ça fait mal ! », «
J'ai un ennemi en visuel »...). Dommage, car les doublages sont tout de même réussis, avec des acteurs convaincants. Pourtant, les personnages ne sont pas tirés de nulle part et mixer tous les univers de tout ce beau monde aurait été vraiment intéressant. Un dialogue entre Abraham Lincoln, Tom Sawyer et la Reine d'Angleterre (récupérée après une mission d'escorte qui relève plus de la torture que d'autre chose), par exemple, aurait pu donner quelque chose d'assez haut en couleurs...
Vapeur retro Satanas !
Enfin, abordons l'aspect technique de ce
Code Name : S.T.E.A.M.. Visuellement, on va pas se mentir, le jeu n'en jette vraiment pas. Là encore, c'est un gros gâchis, car non seulement le côté steampunk est plutôt sympa si l'on apprécie le style, mais en plus la mise en scène façon comics – des cases de dessins qui s'enchaînent avec des bulles de dialogue et des onomatopées – est une bonne idée, et le tout baigne dans une ambiance déjantée agréable. Mais les graphismes d'un autre temps viennent tout gâcher. Tout comme les musiques, peu inspirées et qui s’enchaînent sans grande conviction. Au moins, il n'y a pas de temps de chargement... c'est déjà ça. Enfin, est-il utile de préciser que la 3D n'apporte absolument rien au gameplay ?