Lucifer-tilisant
Entrer dans cette licence par cet opus est quelque chose d’ardu. Est-ce indispensable d’avoir joué aux précédents épisodes avant ? Il est clair que non, même si des références (surtout de personnages) vont vous échapper, mais rien de très handicapant pour autant. Pour situer l’histoire, vous incarnez Nanashi (que vous pourrez renommer selon votre bon désir lubrique), un jeune cadet chez les Hunters (nous utiliserons les termes en anglais, ayant testé la version anglaise), l'une des factions qui dirigent un Tokyo post-apocalyptique couvert d’un ciel solide après un bombardement nucléaire. Très rapidement, Nanashi meurt, puis est ressuscité par le dieu Dagda en échange de quoi il doit devenir son “Godslayer” (''tueur de dieu'' comme diraient nos amis québécois).
Une guerre sans merci oppose Lucifer aux Anges, Tokyo étant le champs de bataille. Il semble assez inutile de rentrer plus en profondeur dans l’histoire, ça fourmille de détails, de backgrounds entre les personnages, de relations familiales… Bref, n’hésitez pas à faire un tour sur Internet pendant votre partie si vous voulez en apprendre plus sur les interactions. L’histoire peut paraître bordélique au premier abord, et c’est un peu le cas, mais très rapidement on se prend d’affection pour certains personnages, on comprend mieux la trame narrative, et les retournements de situations rendent notre quête absolument épique. Ce jeu fait partie des rares perles vidéoludiques à nous donner une réelle impression d’implication dans l’histoire, comme si nos actions allaient changer la face du monde. Personnellement, nous n’avions pas vécu ça depuis
FF VII.

Les personnages sont soignés et attachants... Même le blob insupportable là, Navarre.
Lost in translation
Tout ceci étant dit, il faut préciser qu’un (très) bon niveau d’anglais est requis pour apprécier le jeu. Le niveau est soutenu, le vocabulaire riche et varié, donc il pourrait être frustrant d’interrompre les dialogues toutes les deux phrases pour vérifier un mot dans le dictionnaire. Un autre point un peu rebutant pour les non-tokyophiles, c’est le fait que l’intrigue se passe exclusivement à Tokyo. Du coup, on se mélange vite les pinceaux quand on doit aller d’un lieu à un autre… Ce n’est pas un gros défaut, mais c’est parfois agaçant quand ils ne répètent pas un indice qui doit être, sans doute, très facile à retenir pour un japonais.
Une fois ceci dépassé, on peut apprécier la qualité des graphismes pour une console portable, mais surtout la 3D magnifiquement utilisée dans la narration ainsi que dans les interfaces. C’est peut-être personnel, mais nous avons été totalement immergés dans l’univers grâce à cette 3D. Ni trop ni pas assez, et surtout elle ne fait pas mal à la tête même lors de sessions prolongées. Elle facilite l’entrée dans cet univers chaotique (dans le bon sens du terme) et bordélique par moments, où se côtoient Lucifer, Odin, Krishna et Maitreya, où les personnages s’appellent Nanashi, Navarre, Mikado ou Stephen… Bref, c’est le bazar, mais ce bazar a un charme certain qui rend l’univers unique et prenant.

Un boss absolument terrifiant...
Merkabah et puis quoi encore ?
A part faire des jeux de mots pourris pour les intertitres, il serait temps d’aborder le fond du jeu : le gameplay. Il est fluide, et pas du tout intuitif au départ. Il va vous falloir quelques heures avant de vous habituer à l’interface et au système de combat si vous êtes nouveau dans la série, mais le jeu en vaut la chandelle. Tout repose sur des résistances/faiblesses aux éléments, donc sur le fait de capturer des démons de types différents pour avoir une équipe plus ou moins équilibrée.
Pour parler de la capture, c’est un point amusant du jeu, mais très (trop ?) aléatoire. Ça se joue aux dialogues et cadeaux, alors on peut aussi bien capturer un démon en 2 lignes de dialogue qu’essuyer un refus après avoir déboursé 3000 macas et 10 objets sous prétexte que le démon est un gros trou du cul voleur...
Pour composer une équipe équilibrée, plusieurs moyens s’offrent à vous, le mieux étant de tous les utiliser. Le premier est de capturer des monstres en espérant tomber sur le bon, le deuxième de les fusionner dans le MIDO (un onglet de votre interface destiné à la fusion de démons, super joli en plus) et le troisième de faire des super-fusions pour obtenir des super-monstres. Un peu comme si fusionner un Rattata, un Marill et un Pikachu vous permettait d’avoir un Rayquaza.

Lucifer a plutôt la classe, c'est indéniable.
Fumble ? Connais pas.
Autre chose un peu spécial : la courbe de difficulté. Elle va être très rude au début, puis elle peut devenir une promenade de santé selon le build choisi. Soit vous la jouez RP en créant un personnage pas trop craqué et vous allez faire attention à vos choix, soit vous faites un build vraiment bourrin et vous roulez sur le jeu. On a opté pour un build “armes à feu”, et c’est déjà très efficace. Puis, dans un deuxième run, on a choisi un build “magie”, et là il n’y avait carrément plus de jeu au bout de quelques heures.
Est-ce dérangeant ? Pas vraiment honnêtement. Le jeu est conçu pour donner une impression de constante évolution, et quelques boss vont quand même donner du fil à retordre (oublier d’avoir un démon avec du soin efficace peut être fatal). Ne pas faire des choix d’équipements opportuns peut beaucoup vous compliquer la tâche. Le niveau de difficulté de l’aventure (modifiable à tout moment) n’influence pas sur l’histoire ni sur ses résolutions possibles (à priori pas de fin cachée pour les joueurs hardcore), seulement la difficulté des combats et les pourcentages de réussite pour échapper à une rencontre.
“Heureusement”, l’interface un peu galère se charge de rallonger la durée de vie du jeu en ne vous donnant parfois pas le moindre indice sur “comment vous rendre à l’objectif”, ou ce genre de broutilles. Sans que ça soit rebutant, c’est par moments très agaçant. Ce genre de petits défauts sont vite rattrapés par des grandes qualités comme l’humour dans les dialogues, la vie donnée aux combats grâce aux petites réflexions des alliés ou encore un univers complètement délirant et cohérent comme seuls les japonais savent en produire.

Et si je vous spoilais toute l'histoire ? Non je rigole, ce screen est juste joli.
La quête principale se finit environ en 25-30h, beaucoup plus si on joue à la difficulté maximale et qu’on fait les quêtes secondaires. La rejouabilité semble possible, sans paraître indispensable, rien que pour voir les différentes fins disponibles. On est parfois un peu perdus dans les choix, sans réellement savoir si cela va, ou non, avoir un impact sur la globalité. Ce n’est ni un défaut ni une qualité, cette appréciation dépend de chaque joueur, certains aiment maîtriser leur narration, d’autres préfèrent être emportés par elle.