Entrons un peu dans le vif du sujet
On va être clair :
Rock'N'Roll ne partait pas gagnant. Quand je découvre pour la première fois sa bande-annonce, je suis en train de fuir la projection de
Lalaland pour cause de trop-plein dans la salle. Les premières répliques me font m'arrêter et l'hilarant accent faussement québécois de Marion Cotillard me titille les zygomatiques. Sans le savoir, je suis déjà curieux, mais méfiant quand même.
C'est qu'on me la fait pas à moi : je vois quatre à cinq films par mois au cinéma, sans compter les trucs du web (on me juge pas :o) et j'ai de l'esprit critique à revendre. J'ai évidemment hurlé au génie devant
Deadpool et ai été à deux doigts de foutre le camp de la séance de
Interstellar (et bordel j'aurais dû. Quelle catastrophe ce film. Enfin, reparlons pas des choses qui fâchent). Bref tout ça pour dire que je suis rodé et les m*** françaises qui se veulent drôles et se révèlent au contraire épouvantablement convenues et sans la moindre prise de risque (coucou
Les Profs, coucou
Aladin) et bah je peux vous dire que j'en connais une sacrée tripotée.
Et, à priori, me taper pendant deux heures les états d'âme d'un Guillaume Canet de fiction qui nous fait sa crise de la quarantaine en fantasmant sur la fascinante silhouette de Camille Rowe (mannequin), bah ça correspondait bien à la perspective d'un mauvais film. C'est peu ou prou le pitch du film en plus, donc j'exagère pas (enfin pas plus que d'habitude :p). J'y vais donc à moitié convaincu, bien décidé à quitter la salle si je ne suis pas accroché dans la première demi-heure.
Rock'N'Roll va me mettre une grande claque dans la gueule, puis une deuxième et un paquet d'autres jusqu'à sa conclusion finale. Guillaume Canet va oser aller très loin dans son propos et massacrera son image à la tronçonneuse sans se retenir, en plus de proprement dynamiter celles de ses partenaires.
Le ton est donné dès les dix premières minutes quand "Guillaume" (rappelons qu'il s'agit d'une fiction) se fait étriller sans ménagement lors d'une interview-choc qui le qualifiera, en restant gentil, de ringard. La descente aux enfers va alors débuter pour notre héros qui part en roue libre totale à la recherche d'une jeunesse définitivement envolée. Et la première morale du film se dégage à ce moment, devant la quantité indescriptible de gaffes réalisées à la minute : si il y a un âge pour être jeune, il y en a clairement aucun pour être con (ou, dans le cas présent, jouer au con).

Car il en tient une bonne couche le Guillaume, et ce n'est pas son environnement proche qui va l'aider ! Sa femme, Cotillard, atteint des summums dans le grand je-m'en-foutisme et le n'importe quoi, se piquant d'un coup de cultiver un énorme potager d'appartement tout en déblatérant des pages entières du dictionnaire franco-québécois (avec l'accent !). Une situation d'autant plus cocasse quand Guillaume rentre chez lui après s'être fait chier à monter six étages, les bras pleins de légumes dans un cabas que ne renierait pas un octogénaire pimpant. À côté de ça, les potes de Guillaume se contentent de lui répéter qu'il débloque sec ou l'encouragent dans ses idées stupides (ah, cette scène où notre Guigui redécouvre qu'il ne tient plus autant l'alcool et la drogue qu'à 20 ans :p bah ouais mon gars, c'est la vie. Réjouis-toi plutôt : tu décolles plus vite maintenant ^^).
Le film nous réservera encore d'autres scènes grandioses telle celle où Yvan Attal et son frère se mettront à démolir leur bureau avec un débordement de rage si intense qu'on le jugerait naturel. C'est au point où on se dit que Hulk lui-même n'oserait pas mettre un pied dans la pièce ! Et pendant ce temps, notre cher Guillaume essaye tant bien que mal de ne pas se faire arracher la tête (ah il faut le voir en train de "s'excuser" ! ou d'expliquer son "plan pour tout arranger" !!). Quant à Cotillard, elle est tout simplement impayable face aux catastrophes que déclenche son "pitou".
Les choses s'accélèrent encore sur le second tiers du film, car Guillaume est d'un naturel persévérant. Puisque les choses du passé semblent inaccessibles, il va donc montrer qu'à 40 ans sa carrière et sa vie ne sont pas finies. Puisqu'il faut faire bouger les choses, et bien il va les faire bouger ! Et se donner du mal. Un moment extraordinaire de cinéma se produira quand Guillaume, prêt à tout pour repousser les limites, se rend auprès de Johnny Halliday (Joooooooooooohnny !) et cherche à découvrir le secret du rock. Las, l'idole absolue, pourtant dans une forme encore spectaculaire, achèvera de le désabuser et de lui faire comprendre que le rock, s'il était quelque chose à une époque, ne peut être le même aujourd'hui. On peut être Rock et avoir
Facebook, mais pas faire salle pleine en ne collant que des affiches.
I AM LEGEND
Le réalisateur va oser briser un tabou immense dans le cinéma populaire et de grande consommation : Guillaume, son personnage, ira jusqu'au bout de sa folie. Jusqu'à prendre LA décision qui marquera le tournant du film et propulsera ce dernier aux sommets des Grandes Œuvres du 7ème art.
Mais en dire plus serait criminel : à vous de le découvrir !