Une chose est sûre, il ne faut pas s’attendre à obtenir un film similaire. Tout d’abord, parce qu’Hollywood n’a pas pour habitude d’investir des millions dans une réflexion métaphysique (oui, je sais, il y en a quand même quelques unes). Mais aussi, et surtout, refaire le même film serait sans grand intérêt (et oui, je sais également qu’Haneke l’a fait avec
Funny Games, avec un résultat étonnamment différent). Ce que Rupert Sanders s’est attelé à faire ici, c’est populariser une oeuvre magistrale âgée de plus de vingt ans. C’est un objectif louable, d’autant plus que l’amour et le respect qu’il porte au film de Mamoru Oshii se ressentent tout au long du long-métrage.
Trop d'hommages, tue l'hommage
Il multiplie donc les hommages au film de 1995, reprenant des séquences iconiques (et même quelques plans à l’identique). Les fans du film original apprécieront même si, parfois, l’hommage est trop appuyé. Le problème avec ce procédé, c’est que ces “scènes hommages” donnent souvent l’impression de n’être là que pour remplir un cahier des charges. Certes, elles font plaisir, mais elles ne s’intègrent pas toujours très bien à l’intrigue. Pour en revenir à cette dernière, le film nous propose de suivre le Major Mira Killian (interprétée par Scarlett Johansson), qui est le premier droïde dans lequel un cerveau humain a été implanté, donc le premier à être doté d’un ghost (ndlr : d’une âme). Lors d’une enquête sur une série de meurtres, le Major va se lancer à la poursuite d’un hacker de génie qui va la faire douter sur son identité. Et c'est là que débutent les problèmes.
Nous n’allons pas revenir sur la polémique du white washing dont aurait été victime cette adaptation, d’autant plus qu’elle n’a pas lieu d’être. Si les américains, ou qui que ce soit d’autre, veulent adapter un film, libre à eux d’en transposer l’intrigue dans le lieu de leur choix et d’en choisir les interprètes à leur convenance. C’est aussi cela, la liberté de création. Des efforts ont cependant été faits pour engager des acteurs asiatiques, parmi lesquels nous retrouvons le grand Takeshi Kitano. Un acteur que l’on retrouve toujours avec grand plaisir. Seulement, même si son rôle est relativement important en terme de temps à l’écran, il reste cantonné au rang de caution japonaise. Et cela à un point tel qu’il est le seul membre du casting à parler japonais, sans que cela pose le moindre problème de communication. Dans un contexte futuriste, où le transhumanisme est devenu une réalité, cette petite “incohérence” est aisément justifiable. Mais cela fait quand même bizarre de prime abord.

Le bon élève
Dans le genre de la science fiction, cette version 2017 de Ghost in the Shell fait office de bon élève.Elle présente un univers futuriste excessif, proposant une direction artistique de bonne facture. La musique électro, renvoyant à des classiques comme Blade Runner, reste dans le rang. En fait, le vrai problème de cette adaptation est qu’elle manque de personnalité, de souffle. Les scènes d’action ne décollent jamais vraiment, et les thèmes abordés ne sont jamais creusés. On sent, par moments, la volonté de Sanders d'aller plus loin, notamment avec cette scène où Scarlett Johansson effleure le visage d’une prostituée humaine, lui demandant de décrire la sensation que cela induit. Mais cela reste superficiel. Un autre exemple vient de la manière dont sont traités les souvenirs du Major par le docteur Ouelet, comme de simples données, du code. C’est bien de le montrer. Mais c’est encore mieux de traiter, ne serait ce que partiellement, les questions que cela implique. Comment distinguer un ghost d’une intelligence artificielle ? Où s’arrête l’humain et où commence la machine ? Comment s’assurer que nous soyons encore nous-mêmes ? Qu’en est-il de la vie privée ? Ce ne sont là que quelques exemples de directions qu'aurait pu prendre le film.