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Dunkerque, Christopher Nolan sort de sa zone de confort, s’attaquant pour la première fois à une reconstitution historique. Il s’agit ici de l’évacuation de 400 000 soldats britanniques piégés sur les plages de Dunkerque, encerclés par l’armée allemande et régulièrement bombardés par la Luftwaffe. Le film relate leur combat pour survivre, dans l’attente de leur salut, prenant ici la forme de navires alliés.
Le film relate l’histoire sous trois points de vue différents, chacun ayant sa propre timeline. Nous suivons tout d’abord un groupe de soldats sur la plage, dont l’histoire s’étale sur une semaine. Le film montre leur différentes tentatives pour évacuer la plage et survivre à cet enfer. Il y a ensuite un équipage civil britannique, en partance pour Dunkerque afin de récupérer des soldats. Leur histoire se déroule sur une journée. Et enfin, le film relate également le combat de trois pilotes de la Royal Air Force, dont la mission est de couvrir la fuite des soldats alliés, leur combat s’étalant sur une heure.
Si cette structure paraît inutilement alambiquée, elle permet au film de garder un bon rythme tout en se concentrant sur l’aspect humain de ces histoires. Le réalisateur a aussi limité les dialogues au strict minimum, pour laisser la place à l’action. Mais ne vous attendez pas non plus à voir un film dans la lignée de Il Faut Sauver le Soldat Ryan, ce n’était pas le but de Nolan ici. Dunkerque ne traite pas de l’horreur de la guerre. Vous ne verrez d’ailleurs aucune goutte de sang. La substance du film réside plutôt dans l’angoisse permanente et la pression psychologique subie par ces soldats.
Les forces de l’axe, l’aviation mise à part, ne sont d’ailleurs jamais montrées. L’armée allemande est présentée ici comme une force abstraite et omniprésente, que rien ne peut arrêter. Un bon exemple de cela est la première scène du film, qui suit un groupe de soldats anglais en ville, à la recherche de vivres quand des prospectus commencent à tomber du ciel. Ces derniers contiennent un message à leur attention disant, dans les grandes lignes : “on est partout, vous êtes foutus.” Cette scène est très efficace pour exposer la situation et poser l’ambiance, le tout sans le moindre dialogue.
Tout au long du film, Nolan s’emploie à faire monter la tension, chaque secondes passée sur cette plage étant une occasion supplémentaire de mourir. Malgré l’espace ouvert dans lequel se situe l’action, le réalisateur réussit à créer un sentiment d’enfermement, d’oppression, à la limite de la claustrophobie. Et ce sentiment est encore renforcé à l'intérieur des navires, spécialement lors des divers naufrages.
D’ailleurs, l’économie d’effets spéciaux numériques ajoute à l’authenticité du film, Nolan ayant eu recours, autant que possible, à du matériel d’époque, plutôt qu’à des reproductions, aussi fidèles soient-elles.