La série, tenant sur 8 épisodes, suit Otis, Éric et Maeve, trois adolescents scolarisés au lycée Moordale. Otis est sexuellement refoulé, au point d'avoir un bad trip, voire une attaque de panique, dès qu'il essaye une activité mettant son pénis à contribution. Ce qui rend d'autant plus étonnant le fait qu'il en sache autant sur le sexe. Mais cela le devient beaucoup moins quand on apprend que sa mère, interprétée par l'impeccable Gillian Anderson, est une sexologue réputée, et qu'elle a une tendance gênante à aborder le sujet avec lui. Maeve va déceler chez Otis des talents de thérapeute sexuel et le convaincre de monter avec elle un cabinet clandestin dans le lycée. À partir de là, les deux lycéens, n'ayant rien en commun, vont s'impliquer dans les problèmes intimes de leurs petits camarades, tout en se liant d'amitié.
Otis et Maeve
Ce postulat original est un terreau fertile à l'émergence de situations cocasses et souvent hilarantes, ce qui ne l'empêche malheureusement pas de tomber dans certains clichés. On notera par exemple Éric, le meilleur ami gay du héros, donnant l'impression de n'être là que pour cocher une case dans un cahier des charges assez conventionnel, au final. Cependant, son parcours, bien que classique, est très bien raconté, et il nous permet de découvrir le père d'Éric, AKA le meilleur papa de l’univers. Les différentes intrigues développées par la série sont classiques, mais c'est fait avec une telle maîtrise que l'on reste accrochés malgré cela, notamment grâce à une galerie de personnages secondaires hauts en couleur et ne laissant pas indifférent. Que vous les aimiez ou les détestiez, ils vous feront réagir, et c'est un gros point positif. Nous donnons une mention spéciale à Lily qui, derrière une façade d'obsédée sexuelle, cache une fille fragile et apeurée.
Visuellement, la réalisation est très soignée, léchée même. Les cadrages, les mouvements de caméra, les éclairages, tout est calculé au millimètre. Et si certains pourront s'agacer de cet aspect très (trop ?) carré, personne ne peut nier que le résultat final flatte la rétine. Et il serait dommage de s'en plaindre, étant donné que la série sait faire preuve de pudeur et de sensibilité quand cela est nécessaire. Comme dans l'épisode trois, qui traite d'un sujet délicat. La direction artistique pourra toutefois laisser certains spectateurs dubitatifs, de par le côté atemporel qu'elle donne au show. En effet, si les décors et véhicules transpirent les années 70/80, tout comme l'excellente bande-son, les personnages sont tous équipés de smartphones dernier cri, ce qui implique des pratiques bien contemporaines, comme le revenge porn. Cela provoque une perte de repères temporels, et certains auront peut-être du mal à passer outre. Nous avons déjà vu cela en 2011 dans
La Guerre est Déclarée et cela fonctionnait bien, tout comme ici.