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La Musique dans Zelda. Les clefs d’une épopée hylienne
Récemment est sorti chez Third Editions l’ouvrage de Fanny Rebillard “La Musique dans Zelda. Les clefs d’une épopée hylienne”, destiné à l’analyse de l’importance de la musique dans les jeux de la célèbre saga de chez Nintendo.
Qui ne s’est jamais retrouvé à siffloter l’Overworld thème d’A Link to the Past, à avoir la berceuse de Zelda coincé en tête toute la journée ou à chantonner le thème de Fy sous la douche, hein ? Du moins, quand on est un joueur de la fameuse série imaginée et créée par Shigeru Miyamoto. Plongé la tête dans le guidon dans notre aventure, il est parfois difficile de prendre un temps pour se poser et profiter des compositions hallucinantes de qualité proposées par les équipes sonores de chez Nintendo depuis quelques décennies maintenant. Quand on parle du son, il s’agit des musiques, mais aussi du sound design dont la mise en place est travaillée à l’extrême pour faire vivre au joueur une expérience complète qu’il ressentira de ses tympans jusque dans le bout de ses doigts. Chapeauté depuis le début par Koji Kondo, l’univers sonore de la série Zelda a bénéficié de l’expertise de tout un tas de compositeurs aux sensibilités et volontés différentes, mais en respectant toujours le code instauré par Kondo, à savoir le respect du “paysage sonore de la série” reposant sur trois grands principes : rythme, équilibre et interactivité.
Ci-dessous, l'interview de Fanny Rebillard par le site Puissance-Zelda.
Une épopée technique et artistique
Sur ces bases, le premier chapitre du livre de Fanny Rebillard intitulé “La Musique dans Zelda: Les clefs d'une épopée hylienne” et édité chez Third Editions fait un tour d’horizon très complet sur ces différents compositeurs qui ont participé, tôt ou tard, sur l'un des opus de la série. De manière claire, complète et bien tournée, l’autrice nous retrace avec passion les chemins parcourus par ces artistes ayant souvent zigzagué entre différents projets chez Big N. On apprend donc énormément sur les raisons de l’utilisation de styles différents sur les nombreux épisodes de la série, ce qui obligeait aussi les compositeurs à s’adapter aux contraintes techniques des machines, dans le but de faire cohabiter faisabilité et créativité.
La suite de l’ouvrage met l’accent sur la très forte complémentarité entre la musique et le gameplay, processus qui a finalement forgé ce « son à la Zelda » qui a sensiblement marqué les joueurs. Toujours avec les mots justes, l’autrice va expliquer en quoi la composition sonore des Zelda finit par servir la diégèse du jeu, mais aussi le joueur dans son ressenti et son immersion dans l’univers. Elle s’attarde également sur l’importance du choix des instruments, mais également du chant ou de la danse, du rythme ou encore le silence et les raisons qui poussent les compositeurs à faire ces choix. Avec subtilité, Fanny Rebillard n’hésite pas à insérer des extraits musicaux écrits sous forme de partitions. C’est un vrai tour de force puisque si les lecteurs et musiciens aguerris entendront les notes résonner dans leur tête à la lecture de ces extraits, l’autrice fait l’effort de décrire et d’expliquer le placement des notes sur la partition afin d’en expliquer le sens musical ainsi que la cohérence par rapport au moment où elle est utilisée dans le jeu (par exemple, le fait que les notes aiguës représentent plus facilement une libération/la liberté à un moment donné dans le jeu).
Du village Cocorico au Ranch Lon-Lon
Le troisième chapitre constitue vraiment le cœur du livre puisqu’il est consacré aux « grandes mélodies » de la série. À la fois décryptage complet mais aussi plongée vertigineuse dans nos plus beaux souvenirs teintés de nostalgie, l’autrice va passer au crible les airs les plus connus de la saga en évoquant leur but, les sentiments qu’ils véhiculent et aussi leur évolution au fil des épisodes. En effet, certaines compositions comme l’emblématique mélodie du village Cocorico ou encore le thème des magasins ont connu bien des interprétations, tantôt pour être cohérentes avec la version d’Hyrule dans laquelle elles sont ancrées, tantôt pour proposer quelque chose d’original, mais respectueux du matériau d’origine. On a donc pris un plaisir fou à apprendre les bases créatives de ces morceaux qui tournent dans nos têtes depuis de nombreuses années maintenant.
Enfin, le livre entame son ultime partie sur les différentes orchestrations, réarrangements, créations de fan, bref, tout ce que la musique de Zelda a inspiré « hors du jeu ». C’est une belle manière de terminer cette immersion dans les arcanes musicaux de la série puisqu’on y découvre la portée immense de ces compositions sur, non pas uniquement la musique de jeu vidéo, mais la musique de manière générale. L’autrice évoque les apparitions les plus marquées des bandes-sonores de la saga et notamment pourquoi elles se sont répandues aussi bien dans les grandes salles de concerts que dans les chambres d’étudiants.
Indéniablement destiné aux fans de la série Zelda, mais aussi aux simples curieux ayant un jour prêté l’oreille du côté de chez Koji Kondo et consorts, le livre de Fanny Rebillard, “La musique dans Zelda: Les clefs d'une épopée Hylienne”, édité chez Third Editions, est une mine d’or. Le travail d’enquête est colossal et le fait de retracer l’histoire musicale de Zelda (mais aussi plus globalement de chez Nintendo) est un vrai tour de force tant on sait les compositeurs japonais souvent pudiques et peu loquaces. L’autrice fait également l’effort de rester toujours très claire dans ses explications et même un lecteur éloigné du monde de la musique et des outils de composition n’aura aucun mal à suivre, avec plaisir, le déroulé de cet ouvrage.
18 mai 2021 à 16h22
Par Lorris
