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The Last of Us. Que reste-t-il de l’humanité ?
« The Last of Us. Que reste-t-il de l’humanité ? » est un ouvrage édité par Third Éditions qui retrace l’histoire et la conception complexe du diptyque de Naughty Dog. L’auteur nous explique ici en quoi cette saga est beaucoup plus qu’une simple œuvre d’action/horreur à la sauce zombie-champi.
Jeu vidéo spécial pour beaucoup de joueurs, The Last of Us est devenu une œuvre de la culture pop désormais indissociable de notre médium. Décortiquée de nombreuses fois et à travers multiples supports, la création de Naughty Dog s’est même vue proposer une adaptation en film avant de bifurquer vers HBO et une future série qui devrait toucher encore davantage le grand public. Dans la tradition des autres ouvrages de chez Third Éditions, le livre « The Last of Us : Que reste-t-il de l’humanité ? », par Nicolas Deneschau, nous propose de retracer ce qui a et continue de faire le succès de la série.
D’un style fluide et plaisant à lire, l’auteur va diviser la lecture en deux grands actes, chacun abordant l’un des deux jeux de la série. Le cheminement du livre utilise un procédé classique mais efficace consistant à faire un résumé précis des événements se déroulant dans les jeux tout en y intercalant explications des mécaniques, cheminements intellectuels des développeurs, obstacles ou encore éclaircissements concernant le scénario. L’auteur commencera par nous raconter la genèse de la saga avec une emphase sur le parcours du prodige de chez Naughty Dog, Neil Druckman, et de son ascension au sein du studio. Si certains éléments sont évoqués, c’est toujours pour servir le déroulé du livre : dans le cas de Neil Druckman, il est évident que The Last of Us n’aurait pas eu cet impact sans sa plume et sa direction d’acteur (lui qui n’était à la base « que » QA Tester) et cela aura bien évidemment des répercussions en chaîne tout au long du développement des jeux.
Une maison droite et robuste n’est rien sans des fondations solides, c’est pourquoi Nicolas Deneschau nous explique en quoi les précédents jeux du studio et notamment Uncharted ont contribué à faire de The Last of Us un très grand jeu. Indirectement, c’est le succès des aventures de Nathan Drake qui ont poussé les principaux développeurs de chez Naughty Dog à amener la culture du studio au perfectionnisme, jusqu’au « crunch » notamment, procédé obligeant les employés au « sur-travail » afin de sortir un jeu dans les temps. Le livre nous explique que s’il est nécessaire d’y avoir recours en fin de développement, les employés sont embauchés en connaissance de cause et qu’ils sont toujours rémunérés à la hauteur de leur travail et de leur plus-value (Naughty Dog est l'un des studios qui paye le mieux les développeurs au monde). Toutefois, cette pratique reste dangereuse, surtout dans le milieu du jeu vidéo où les syndicats sont encore quasi inexistants. Bref, cette ombre au tableau met principalement en exergue le fait que développer un jeu de ce calibre reste un travail titanesque et difficile. En effet, construire un pont et produire un opéra sont deux choses très complexes à mettre en œuvre, et bien faire un jeu vidéo consiste à faire un pont avec des opéras. Cela relève de multiples techniques et connaissance pointues et précises qu’il faut faire dialoguer de manière cohérente et afin de donner un produit final de bonne qualité. Nicolas Deneschau nous le rappelle tout au long de l’ouvrage : The Last of Us est une série dont la production de chaque jeu a été extrêmement longue, difficile et pointue : des designs de la préproduction, à la direction d’acteur en passant par l’écriture jusqu’aux lignes de codes pour permettre l’utilisation d’une corde en jeu… Tout est passé au polish pour obtenir LE jeu parfait.
L’ouvrage va donc beaucoup s’attarder sur les nombreuses mécaniques déployées dans les jeux, la raison de leur existence et l’utilisation qui en est attendue par les joueurs. En plus de décrypter les jeux, le livre est un très bon moyen de découvrir les procédés intellectuels, mais aussi plus concrets qui sont utilisés dans l’univers du développement de jeu vidéo. Évidemment, l’auteur s’attarde sur l’orientation très sombre de l’histoire et comment cela se reflète directement sur les mécaniques en jeu. The Last of Us est un jeu cohérent, mais qui ne doit pas être réaliste à l’extrême. C’est bien là l’ambiguïté d’un jeu vidéo : proposer une expérience immersive tout en cassant parfois les lignes du réel pour rendre l’objet amusant (on pourra par exemple évoquer le fait de créer une intelligence artificielle moins performante pour le bien du joueur). The Last of Us s’inspirant de nombreuses références de la culture pop, le livre de Nicolas Deneschau est finalement un ouvrage qui nous explique comment la série horrifique de chez Naughty Dog s’est abreuvée, au fil de son développement, d’énormément de matériaux cinématographiques et vidéoludiques afin de créer son propre mythe.
Bien écrit, débordant d’anecdotes, d’explications et d’éclaircissements concernant le développement de l’œuvre « The Last of Us », le livre de Nicolas Deneschau édité chez Third Éditions est un must-have pour les fans de l’œuvre cherchant à en apprendre davantage sur leur saga du cœur. Le déroulé du livre invite toujours à la lecture et on constate que le travail de recherche effectué par l’auteur (dont le matériau est beaucoup basé sur des entretiens et témoignages de développeurs) est à saluer. C’est ici un ouvrage qui fait honneur à l'une des séries les plus connues du médium et renforce une « hype » qui n’est pas près de s’arrêter.
05 janvier 2022 à 20h09
Par Lorris
