Mais comment aborder une œuvre qui a déjà eu droit à près de 30 ans d’analyse, sur laquelle tout (ou presque) a été dit ? C’est une question que l’auteure aborde frontalement, et avec humilité dans son avant-propos. Elle y explique ne pas chercher à révolutionner notre vision de l'œuvre mais plutôt à poser sa petite pierre sur l’édifice
Evangelion.
Elle consacre ensuite tout un chapitre à la vie d’Hideaki Anno. Une étape jugée nécessaire pour la pleine compréhension de la série. Elle y aborde rapidement ses premiers souvenirs de cinéma et son enfance, avant de passer plus longuement sur ses études et premières expériences dans l’animation, et les œuvres qui l'ont marquées. Mais le gros morceau de ce chapitre reste encore son parcours professionnel. Elle y aborde les différentes rencontres qui l’ont fait avancer, sa brève collaboration avec Hayao Myazaki qui est devenu son mentor, et ses précédentes réalisations, avant d’enfin s’attarder sur la genèse et les conditions de production de Neon Genesis Evangelion.
Sur cette dernière partie, l’auteure n’est pas avare en détails, expliquant comment la série a progressivement dévié de sa trame initiale pour devenir l'œuvre que l’on connaît aujourd’hui, et le processus créatif qui se cache derrière cette dernière, sans parler des petites ruses employées pour amener la chaîne à diffuser du contenu jugé inadapté à l’époque. Elle remet ensuite le couvert avec les quatre films qui ont suivi, même si elle reste plus brève concernant Evangelion 3.0, par manque de sources. Ce premier chapitre, bien qu’un peu long (il représente près de la moitié de l’ouvrage, hors bibliographie) reste intéressant, de part la quantité d’informations qu’il recèle et l’éclairage qu’il donne sur les conditions de production d’une série telle que Neon Genesis Evangelion, et la méthode de travail de son architecte.
Le second chapitre est bien plus court et entre dans le vif du sujet. Ici, Virginie Nebbia nous explique certains concepts faisant partie intégrante de la série (et donc des films), dont certains n’étant pas du tout explicités dans les œuvres. Ce faisant, elle apporte des clés de compréhension essentielles pour aborder la saga sous un œil plus éclairé qu'en 1996, mais aussi pour son analyse du chapitre suivant.
Les chapitres 3 et 4 constituent l'analyse de l'œuvre dans sa globalité (la série dans le chapitre 3 et les films pour le quatrième). L'auteure y aborde les différentes thématiques traitées dans la saga, comme la relation au père, à la mère, nous livrant ainsi son interprétation. Pour cela, elle étaye son propos de diverses références servant de piliers à son analyse. Et c'est là que cela pourra se corser pour le "lecteur moyen". Car il reste très compliqué de se faire sa propre opinion sur le propos de l'auteure si l'on a pas vu, ou lu, les références citées. On ne peut pas réellement le reprocher à l'auteure car c'est l'exercice de l'essai qui veut ça. Dans tous les cas, chacun jugera de la pertinence de son propos selon sa sensibilité. Car comme l'auteure le dit si bien, tout le monde trouve ce qu'il veut dans Evangelion.