Test de l'ASUS ROG Ally Z1 Extreme

Sur le marché, la portabilité du jeu vidéo est un vrai sujet. Depuis l’avènement du Steam Deck qui a révélé au monde l’incroyable potentiel d’avoir l’essence du jeu PC dans le creux de vos mains, les concurrents se sont rués sur le segment, ASUS ou encore Lenovo, entre autres. C’est l’ASUS ROG Ally qui nous intéresse aujourd’hui et notamment son modèle le plus puissant : l’Extreme Z1.

Ce nom ne sort pas de nulle part puisque pendant un certain temps, ASUS avait une exclusivité sur le chipset Z1 Extreme d'AMD. MSI lance son concurrent MSI Claw avec des puces Intel, et Lenovo a sorti son Legion Go alimenté par le même Z1E que l’ASUS ROG Ally. Dans son coin, le Steam Deck de Valve continue de faire sa vie en espérant capitaliser sur son énorme base d’utilisateurs. Chacun de ces systèmes présente des avantages et inconvénients, mais en termes d’expérience utilisateur l’ASUS ROG Ally est celui qui permet le mieux de faire converger plusieurs écosystèmes de jeu.

Tout d’abord, sachez que l’ASUS ROG Ally est nettement plus transportable que le Steam Deck ou le Lenovo Legion Go, avec un design ergonomique aux finitions agréables qui ont un effet plus qu’appréciable sous les doigts. On pourra reprocher aux boutons et aux sticks d’être un peu trop sensibles, surtout si vous êtes habitué aux activations plus résistantes d'une manette Xbox standard. Vous vous y habituerez cependant, et des subtilités comme les zones mortes sur les sticks peuvent être ajustées via le module Armory Crate, assez flexible.

L’autre point fort de la ROG Ally, c’est l'expérience sonore qu’elle délivre. Nous avons été assez surpris de voir à quel point cette petite chose devient puissante en utilisant les haut-parleurs de base. Sachez toutefois que la console dispose de ports et du Bluetooth 5.1 pour connecter des écouteurs pour vos déplacements et/ou moments d’isolation nécessaire. La connectivité de l’ASUS ROG Ally est également à mettre en avant et vos déplacements ne gêneront pas le Bluetooth et le captage du signal qui ne nous a jamais fait défaut durant notre temps de test.

Ce qui nous intéressait évidemment, c’était de tester les jeux et voir rapidement ce que la machine avait dans le ventre. Pour le coup, nous n’avons pas été déçu. Il faut savoir que la machine propose trois niveaux de puissance que vous pourrez changer à la volée selon le jeu auquel vous jouez. Des jeux AAA relativement gourmands fonctionnent très bien en mode Turbo (le plus puissant, au détriment d’une faible autonomie). Avec des ajustements de FSR et des limiteurs de framerate, vous pourrez obtenir du 720p tournant à environ 30 FPS, selon l’optimisation du titre en question. Pour exemple, un jeu comme Diablo 4 tourne sans souci, et comme la machine fait office de PC vous pourrez tranquillement modifier les paramètres graphiques du jeu en détails pour le rendre jouable à votre guise. L’utilisation de cette machine vient avec la nécessité d’apprendre à la « dompter » et à savoir faire les bons réglages au bon moment pour une expérience de jeu optimale.

Ce fameux « domptage » vient lorsque vous essayez de comprendre comment adapter rapidement votre machine selon les jeux auquel vous jouez. Par exemple, si vous essayez de lancer un AAA gourmand que la ROG Ally peut gérer à 60 FPS, vous voudrez vous assurer que l'appareil est réglé sur le mode Turbo. Turbo garantit qu'il obtient la pleine consommation de puissance de 25-30w pour traiter et gérer la puissance graphique du jeu. Cependant, à 25w, vous aurez environ une heure d'autonomie de batterie. Dans les situations où vous privilégiez l'autonomie de la batterie, vous voudrez peut-être la réduire à 15w ou même 10w. FF7 Remake aura clairement du mal à fonctionner à 10w, incapable d’offrir une expérience fluide. Cependant, les jeux en 2D fonctionneront superbement à 10w. À vous donc de bien mesurer l’effort de la console et surtout de savoir quand avoir votre câble de rechargement avec vous si vous êtes en itinérance.

Cette flexibilité de la console sur le plan technique est permise par l’Armory Crate qui est un logiciel léger superposé au Windows qui tourne en natif sur la machine. Ce dernier est rapidement accessible avec un bouton dédié sur la gauche de l’écran de la console. L'Armory Crate, l'application ASUS et les pilotes en général doivent régulièrement être mis à jour (au moins une fois par semaine) et ASUS ajoute, au fur et à mesure, de nombreuses fonctionnalités basées sur les commentaires des utilisateurs pour rendre l'offre plus attrayante. On pourra citer de plus petits ajustements, comme la possibilité de voir votre autonomie de batterie depuis la superposition jusqu'à des améliorations sur l'ajustement des courbes de ventilateur ou encore le fait d’ajuster l’allocation de VRAM depuis l'Armory Crate, plutôt que de devoir fouiller dans le BIOS. Certains jeux ont simplement besoin de plus de VRAM et l’ASUS ROG Ally vous permet cette flexibilité à la volée, ce qui est assez fantastique.

Certains retours sur la machine mentionnaient des inconvénients notoires et notamment le cas de la fente de la MicroSD enserrée dangereusement à côté des ventilateurs externes (situés sur la tranche supérieure de la console). Cela a eu pour conséquence, dans certains cas, de déformer et endommager les cartes SD. Nous avons essayé de reproduire le problème qui n’est finalement jamais arrivé. ASUS a effectivement ajusté la quantité de chaleur produite par l’appareil pour compenser ces soucis et il serait judicieux de proposer un décalage entre la fente de la carte SD et les ventilateurs sur les futures itérations de la machine.

D’autres problèmes nuisent un peu à l’expérience à travers l’utilisation de Windows 11, la console n’y étant finalement pour pas grand-chose (et l’Armory Crate permettant une certaine flexibilité). L’OS est pénible à naviguer au doigt et nécessite encore beaucoup d’améliorations. On pourra citer en exemple les menus des paramètres, les panneaux de notification et les outils hérités comme le panneau de configuration qui deviennent très difficiles d’accès et lourdauds à configurer. Certains jeux ne sont également pas faits pour des actions rapides au doigt dans les menus avant le jeu. On ne pourra donc que vous conseiller de garder un combo souris/clavier Bluetooth à proximité, au cas où. Outre ces obstacles ergonomiques issus de Windows, ce dernier est également ce qui fait le plus de la console : l’accès à des dizaines de milliers de jeux et des décennies de compatibilité. En effet, l’OS vous permet évidemment d’installer les plateformes de lancement de votre choix mais d'avoir aussi accès à l’émulation légale.

Dans l’idéal, la future ROG Ally aurait une meilleure autonomie, un écran OLED et des améliorations de l’Armory Crate permettant de se substituer encore davantage à un Windows encore trop poussif en termes d’ergonomie sur ce genre de machine. La résistance sur les gâchettes pourrait aussi être améliorée histoire d’éviter les pressions et autres clics accidentels. Pourquoi pas aussi lorgner du côté du Steam Deck et ajouter des pavés tactiles pour les situations spécifiques de jeux qui ne prennent pas en charge les joysticks dans certains menus ? Outre ces souhaits, l’ASUS ROG Ally a les armes pour remettre en place les plus sceptiques d’entre vous. On en revient toujours à la même chose : pour ce prix, est-ce que l’utilisation de cette machine se substituant à un PC a une place à se faire dans votre quotidien ?

700€ n’est pas un petit investissement. La question d’adopter une machine portable se substituant à un PC nécessite de prendre le temps de se poser les bonnes questions. Quel type de joueur êtes-vous ? Le jeu itinérant est-il essentiel pour vous ? Êtes-vous plutôt indés ou AAA ? Avez-vous un espace de jeu dédié chez vous ? Ce genre de questionnement est assez indispensable pour bien connaître ses habitudes de jeu et savoir si une machine comme l’ASUS ROG Ally répond à vos besoins. Si vous êtes décidés, sachez que cette machine pourra faire quasiment tout ce dont rêve la majorité des joueurs : permettre de jouer sans restriction à tout ce que vous voulez. Une fois bien en main et compris comment fonctionne la console, dans le domaine du jeu itinérant, l’expérience de jeu devient difficilement égalable.

23 mai 2024 à 12h16

Par Lorris