Test du Beyerdynamic Aventho 300

Test du Beyerdynamic Aventho 300
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Casque fermé, look sobre et promesses longuettes côté batterie, l’Aventho 300 a débarqué pour replacer Beyerdynamic dans la cour des sans-fil qui comptent. Entre réduction de bruit adaptative, codecs modernes et bidouille spatiale à base de Dolby, il prétend tout faire bien.
Sans grande surprise de la part de la marque allemande, l’Aventho 300 respire le sérieux, avec des charnières métal qui inspirent confiance et un pliage propre pour la sacoche de transport. Le casque reste dans la catégorie des over-ears compacts, pas un mastodonte, pas un tour d’oreille anorexique. Le maintien est franc sans écraser, la répartition du poids correcte, et l’arceau mémoire se fait oublier après quelques temps. Les coussinets, plutôt fermes au premier contact, s’assouplissent une fois chauffés par vos tympans, ce qui améliore l’étanchéité et donc l’assise dans le grave. On apprécie aussi la logique des commandes, concentrées sur la droite, tactile comprise, sans nécessiter une thèse en gestes cabalistiques pour changer de piste. Les finitions ne jouent pas la surenchère clinquante, mais l’ensemble réussit la synthèse entre sobriété et petit côté rétro discret, pile dans le ton de la marque. Sous le capot, le cahier des charges coche les cases du moment. Bluetooth moderne, multipoint, compatibilité avec aptX Adaptive et aptX Lossless pour ceux qui veulent garder leurs streams au régime sec, et une intégration Dolby Atmos avec suivi de tête qui promet une bulle sonore plus large sans tomber dans le gadget. La réduction de bruit est de type adaptative, épaulée par un mode transparence honnête pour ne pas finir écrasé par un vélo en ville. Et si vous êtes de la vieille école, une entrée mini-jack permet de passer en filaire, utile avec un DAC quand on veut tester la limite de la restitution sans compression. On note enfin la promesse d’une endurance généreuse, le tout emballé dans une appli compagnon qui autorise un peu d’EQ pour dompter les excès.


Premier contact son, on est chez Beyerdynamic et cela s’entend. Le médium respire, franc et lisible, les voix se posent avec naturel, et la scène stéréo s’étire davantage que ce que la taille des oreillettes pouvait laisser craindre. Le grave, tendu, ne bave pas, privilégie l’assise à la démonstration de force, et l’aigu file haut sans ciseler les tympans. Il y a une légère brillance sur le haut du spectre qui donne du relief aux cymbales et aère les arrangements, mais on peut ressentir un soupçon de sibilance sur certaines prises à fort contenu d’énergie dans le haut médium. Rien d’ingérable, un coup d’EQ dans l’appli suffit en général à calmer les consonnes trop zélées. La promesse spatiale avec Dolby Atmos et suivi de tête mérite un chapitre à part. L’idée est simple, recréer autour du crâne une scène immersive qui bouge avec vous. Dans la pratique, l’effet dépend énormément des mixes. Sur certains titres réarrangés pour l’Atmos, on gagne une impression d’espace vraiment agréable, les chœurs sortent du cadre, quelques percussions prennent de la hauteur, et l’ensemble respire davantage. Sur d’autres, on navigue plus dans l’anecdotique, avec un panorama élargi mais peu d’éléments réellement repositionnés, presque un vernis plus qu’un changement de paradigme. Le suivi de tête, lui, est stable, sans latence gênante, mais on revient souvent à une écoute fixe dès que l’on cherche une image précise au centre. Bref, bonus sympa à activer quand le catalogue s’y prête, pas l’argument à brandir pour acheter.

Aventho 300

La réduction de bruit adaptative fait le job en transports, coupe efficacement le ronron grave du tramway strasbourgeois et l’aération d’un open space. Elle laisse cependant passer plus de chuchotis et de voix qu’une référence dédiée à l’isolement total. L’algorithme évolue doucement avec l’environnement, sans pumping audible, mais l’isolation passive des coussinets n’est pas la plus hermétique de la catégorie, ce qui limite le plafond du système. Résultat, très confortable au quotidien, moins impressionnant si votre priorité absolue est de vitrifier le monde extérieur. Le mode transparence, lui, est agréable, pas trop artificiel, et suffit largement pour une commande au comptoir ou garder un œil sur la circulation. Les appels sont audibles et le faisceau micro s’en sort bien en intérieur, mais sous vent ou trafic, la concurrence garde une courte tête. Côté ergonomie, le multipoint se comporte comme il faut. On passe de l’ordi au téléphone sans sueurs, la reconnexion est rapide, la latence en vidéo avec les bons codecs reste très correcte, pas de désynchronisation agaçante sur une plateforme de streaming. Les surfaces tactiles sont fiables, sensibles sans être nerveuses, et la course des gestes est bien calibrée. On remercie la présence d’un vrai bouton pour l’alimentation, plus rassurant qu’un appui long ésotérique. L’appli ajoute ce qu’il faut sans devenir indispensable, avec EQ simple et bascule ANC. Il n’y a pas de fioritures bizarres, et l’ensemble fait sérieux, presque austère. Ce n’est pas le casque le plus fun à configurer, mais on s’en sort plutôt bien.

Reste l’endurance, et là, c’est la bonne surprise. L’annonce officielle tablait déjà haut, et plusieurs bancs d’essai ont relevé des valeurs au-delà en pratique, avec plus de deux jours et demi d’écoute ANC activée lors d’un test continu. Traduction concrète, pour un usage mixte travail plus trajets, on tient largement la semaine avant de se souvenir qu’il existe un câble USB C au fond du tiroir. La charge rapide dépanne bien, et l’autonomie en mode transparence ne fond pas comme neige au soleil. On a connu des casques qui vous obligent à penser à la prise comme à l’heure d’un médicament, ce n’est pas le cas ici. Le tout sans chauffer de manière inquiétante sur les longues sessions.

Aventho 300

Sur le plan du positionnement tarifaire, la situation a bougé depuis le lancement. On trouve régulièrement l’Aventho 300 en dessous de son prix de départ, ce qui le rend nettement plus compétitif face aux ténors qui se bradent à tour de bras. Dans cette zone de prix, l’argument batterie devient décisif, d’autant que Beyer ajoute les codecs modernes qui rassurent les mélomanes très connectés. La présence du filaire en appoint, même sans ANC dans ce mode, garde du sens pour l’écoute posée à la maison avec un petit DAC, voire pour la session compétitive où la latence doit tomber. Bref, moins spectaculaire en vitrine que les mastodontes du marché, mais bien armé pour durer si vous aimez l’écoute longue et attentive.

Aventho 300

Pour le jeu, ce qui nous intéresse vraiment hein, même si ce n’est pas un casque gaming, l’Aventho 300 se défend en filaire. La localisation des bruits est propre, le grave ne fait pas trembler la carte mère, et la scène conserve assez de largeur pour distinguer un pas d’un rechargement au loin. Le micro intégré dépanne en mobilité, mais ce n’est pas la solution miracle pour une squad nocturne, surtout en environnement bruyant. Là encore, on est sur un produit orienté musique et usage nomade, pas une arme anti-lag pensée pour les tournois. L’absence d’USB audio natif lui ferme par ailleurs la porte de certaines optimisations côté PC. Rien d’anormal, mais autant le savoir.

Aventho 300

En termes de matériaux et durabilité perçue, on est dans le bon. Pas de craquement cheap en torsion, les charnières inspirent confiance, et les câbles visibles ont ce côté tressé qui évoque la robustesse. Les coussinets et l’arceau sont remplaçables, ce qui prolonge l’espérance de vie au delà de la première batterie. Ce soin cadre avec l’ADN Beyerdynamic, plus atelier que show-room, et c’est appréciable à une époque où tout part trop vite à la benne. Le packaging n’est pas luxuriant, mais on préfère des euros dans les transducteurs que dans une boîte trophée.

Côté défauts, il faut pointer cette réduction de bruit qui ne rivalise pas tout à fait avec les spécialistes. Elle est suffisante pour 90% des situations, mais on sent qu’elle bute quand l’environnement devient complexe ou bavard. Le confort, bon, peut serrer un peu fort selon les morphologies, ce qui impose l’essai si vous êtes sensible aux pressions latérales. Enfin, le rendu brillant du haut peut fatiguer sur des prises agressives, même si un léger creux via EQ règle assez vite la question. Rien de rédhibitoire, mais ce sont des éléments à garder en tête avant de passer à la caisse.

En synthèse, l’Aventho 300 propose une restitution solide et maîtrisée, une batterie spectaculaire et une ergonomie sans surprise, avec une réduction de bruit qui ne cherche pas à gagner toutes les guerres. C’est un casque qui vise l’écoute longue, l’utilisateur qui veut de la précision au quotidien, sans clinquant. S’il ne s’impose pas comme bulldozer de l’isolement, il s’impose comme compagnon fiable pour les amateurs de mix propres et d’oreilles attentives. À prix remisé, l’équation devient franchement tentante.

Aventho 300

Beyerdynamic revient aux affaires côté sans-fil avec un casque cohérent et attachant. L’Aventho 300 ne cherche pas la surenchère tape-à-l’œil, mise sur une restitution propre, une endurance record et un usage quotidien sans drame. Si votre priorité absolue s’appelle silence absolu, regardez toutefois ailleurs.
05 novembre 2025 à 12h09

Par Lorris

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