Interview de Leonie Manshanden pour BioShock Infinite

Interview de Leonie Manshanden pour BioShock Infinite
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A l’occasion de la prochaine sortie de BioShock Infinite, c’est avec un immense plaisir que nous avons pu poser quelques questions à Leonie Manshanden, Vice Présidente d’Irrational Games (également connu sous le nom de 2k Boston, ndlr). Elle nous parle des thèmes abordés dans le scénario, des sources d’inspiration pour la création de l’univers du jeu, et de bien d’autres choses … C’est parti !
GameHope : Quelles ont été vos inspirations pour la ville de Columbia ? Leonie Manshanden : Notre inspiration principale pour la ville de Columbia et l’univers de BioShock Infinite a été le passage du 19è au 20è siècle en Amérique du Nord. Pour nous, c’était vraiment un tournant fascinant de l’histoire et de la civilisation Américaine. A cette époque, il y eut énormément d’inventions dans une très courte période de temps qui révolutionnèrent la vie de tous les jours de tout un chacun. Presque tout d’un coup, vous vous retrouviez avec de l’éléctricité dans votre maison, de la lumière constamment chez vous, l’apparition de la plomberie et de la robineterie, et donc de l’eau constamment à portée de main, le phonographe, les voitures, les trains … Tout ceci est arrivé extrêmement rapidement. Il y avait donc à l’époque cet optimisme dans l’air, ce sentiment que tout était possible. Culturellement parlant, une partie de la création artistique était tourné vers la science-fiction, leurs visions de ce que pourrait être le futur et les années à venir ; les artistes de l’époque imaginaient entre autres des villes volantes, installées dans les nuages … A l’époque tout semblait possible, alors pourquoi ne pas bâtir des cités dans le ciel ? C’est donc principalement de cette époque que nous nous sommes inspirés, car elle contenait également son côté sombre. Bien que tout projet fut porté par l’optimisme qui régnait dans les esprits, portant la civilisation humaine plus haut qu’elle ne l’avait jamais été, ce fut également une période très sordide de l’histoire Américaine. Enorme disparité entre les riches et les pauvres, le racisme envers les gens de couleur encore très ancré dans la plupart des Etats Américains, l’accès à la technologie et à un confort de vie seulement réservés aux blancs, et plus généralement à l’élite … Ce contraste entre ce fantastique bon en avant pour le confort de l’être humain teinté d’optimisme, et ces disparités et inégalités fortes entre habitants, furent le terreau de notre inspiration pour BioShock Infinite. GameHope : En parlant de cet aspect très sombre de cette époque, notamment le racisme ambiant et les violences à l’encontre de la population afro-américaine, votre désir était-il de pointer du doigt cette partie de l’Histoire, d’en faire la critique ? Leonie Manshanden : Je pense que c’est important, lorsque l’on s’intéresse à une partie du passé historique d’un pays ou d’une nation, de ne pas mettre de côté les mauvais aspects de celui-ci, le côté sombre. Elle fait partie intégrante de l’Histoire, et ne pas l’aborder serait se voiler la face. Je pense que nous n’avons pas à être inquiets de toucher du doigt cette facette du passé Américain, car cela fait partie de son Histoire, nous ne faisons que nous en inspirer. GameHope : N’avez vous pas peur du retour de bâton d’une certaine partie de la population Américaine, encore assez sensibles sur le sujet ? Leonie Manshanden : Pas vraiment, nous avions déjà abordés des sujets dits sensibles lors du premier BioShock (le capitalisme face au communisme, la religion dans son ensemble, ndlr). Nous partons du principe que les joueurs sont intelligents, et capables de se forger leurs propres opinions. Cette partie de l’Histoire est simplement « là », elle a bien existé, nous ne faisons que l’aborder comme partie intégrante du passé historique Américain. C’est intéressant d’ailleurs, car lorsque nous avons annoncé BioShock Infinite, on nous a posé beaucoup de questions autour de la thématique principale du jeu. Au premier trailer montré, beaucoup de gens ont d’abord pensés que BioShock Infinite était à propos de la droite conservatrice Américaine. Puis lorsque nous avons montré le jeu à l’E3 en 2011, les joueurs et journalistes se sont dit que le jeu serait à propos d’univers parallèles et de voyages dans le temps … Et depuis décembre 2012, les gens pensent maintenant qu’il est question principalement de racisme et de religion dans l’histoire. La réponse est que ce n’est aucun de ceux là en particulier ! Aucun de ces sujets ne représente vraiment le scénario de BioShock Infinite en tant que tel. Quand les gamers y joueront, et arriveront à la fin de l’aventure, ils découvriront de quoi il est vraiment question. Mais en attendant, je pense que les gens peuvent imaginer ce qu’ils veulent, ça nous va très bien ! (Rires) GameHope : La symbolique du bien et du mal, et le choix d'appliquer l'un ou l'autre dans l'histoire, étaient une des pierres angulaires des deux premiers Bioshock, via les petites soeurs de Rapture. Dans In?nite, nous avons pu constater que le système de choix est toujours présent (cf la scène de la loterie au début du jeu, ndlr). Avez vous poussé le concept plus loin qu'un simple choix manichéen pour le joueur dans ce nouvel opus ? Leonie Manshanden : Nous avons abordé les choses différemment par rapport à BioShock 1. Il y aura beaucoup plus de choix et de décisions, et la manière de les incorporer sera présentée au joueur de manière plus intelligente. Nous n’avons pas vraiment inclus dans le jeu une sorte d’ « arbre de décision », ou une jauge de moralité ; Je ne pense pas que ce soit vraiment le but de BioShock Infinite. L’objectif de ce nouvel opus est de vous incorporer, vous le joueur, dans la narration et l’immersivité du jeu. Il y aura bien sûr certains passages qui questionneront votre moralité et vous feront prendre une décision en rapport avec un événement donné, mais ce sera plus une expérience qui vous fera réfléchir sur vous et vos valeurs, qu’un système de gains de points dans le jeu. Ce que vous ressentez, pensez est plus important qu’une banale jauge. Gamehope : Pour finir, y’aura t’il un lien entre la ville de Columbia et la ville de Rapture des deux premiers BioShock ? Allons nous entendre parler d’Andrew Ryan (le fondateur de Rapture, ndlr) dans ce nouvel opus ? Leonie Manshanden : Je pense que vous allez devoir y jouer pour avoir la réponse ! (Rires) Gamehope : Merci beaucoup !

06 mars 2013 à 13h59

Par Supapinz

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