Sid Meier's Civilization, c'était au début. Un nom en guise de titre, ça pue l'autosuffisance et le dédain. Et pourtant les deux premiers opus de cette série restent parmi mes meilleurs souvenirs en matière de jeu de gestion, loin devant un quelconque
SimCity. Comme nous l'évoquions dans leurs tests respectifs,
Civilization IV et son petit frère
Civilization IV : Warlords formaient une combinaison sympathique, bien qu'imparfaite. Avec ses faux-airs de vulgarisation à la sauce RTS, ce quatrième volet des
Civilization finit par prendre toute sa saveur avec
Beyond the Sword, qui fait péter les carcans du genre. En somme, tout ce qu'on attendait.
Ergonomique, dynamique
S'il est toujours possible de prendre son pied tout au long de la partie, il subsistait quelques détails fâcheux, même après la sortie de
Warlords. Le coup de gueule le plus fréquemment prononcé visait principalement le système de victoires, beaucoup trop inégal. Pour gagner la partie par une Victoire à l'espace, il suffisait de construire le vaisseau spatial et la partie s'achevait immédiatement. Avec
Beyond the Sword,
Firaxis ré-utilise le système en vigueur dans le deuxième opus de la série. Il faut désormais construire son vaisseau spatial, le lancer, et atteindre Alpha du Centaure avant les autres joueurs, tout en considérant que certaines pièces du vaisseau ne sont plus obligatoires (bien qu'utiles) ce qui risque de rajouter plus de tension en fin de partie. Le système de l'ONU et de la victoire diplomatique était lui-même assez bancal et surtout extrêmement tardif. Le Palais Apostolique vient bouleverser la diplomatie pré-âge moderne. Le joueur qui aura construit cette merveille déclenchera des élections parmi les pays partageant sa religion d'état. L'heureux élu pourra à ce moment déclencher des guerres de religions mondiales, forcer l'ouverture du commerce ou convertir les infidèles... Un bon paquet de réjouissances disponible dès la découverte de "Théologie".
A cela s'ajoute un remaniement complet de l'intelligence artificielle. Pas plus facile ni difficile à vaincre, vos adversaires virtuels sont plus truculents et s'adaptent à la stratégie que vous adoptez. Impossible donc dans un niveau de difficulté moyen de liguer le monde entier contre une civilisation innocente, alors que vous êtes une grosse pourriture. On note aussi l'arrivée de nouvelles options diplomatiques, en particulier la possibilité de créer des "colonies filles". Le coût d'entretien de vos villes outre-mer est plus élevé qu'auparavant, vous encourageant à créer une sorte d'état vassal avec qui vous partagez vos ressources, mais qui possède son propre leader et peut se retourner contre vous si vous n'entretenez pas vos relations (même une loutre des marais y arriverait, je vous fait confiance).
De Gaulle versus Périclès
Outre ces modifications du système de victoire,
Beyond the Sword débarque avec son lot de nouveautés. On note l'ajout du système d'espionnage, qui se développe dans les villes au même titre que la culture. Les points d'espionnage engrangés permettront de collecter des renseignements sur nos voisins, comme la technologie qu'ils développent ou l'avancement de construction de bâtiments dans les villes les plus proches. Les espions quant à eux pourront saboter la production dans une ville, en contaminer l'eau, ou s'y installer, le tout en restant invisible aux yeux des autres joueurs, ce qui vous protège d'une déclaration de guerre immédiate. Avec cette extension arrivent aussi 10 nouvelles civilisations et leurs dirigeants respectifs, ainsi que 6 nouveaux leaders pour les empires déjà existants. Parmi eux on retrouve les Portugais, les Amérindiens ou encore les Khmers.
Malgré toutes ces nouveautés, là n'est pas le point fort du jeu. Il s'agirait plutôt des 11 scénarios créés pour l'occasion qui sont le véritable fer de lance de
BTS. Tous aussi bon les uns que les autres, la palme revient à Final Frontier et Afterworld, qui prolongent l'expérience de jeu à son paroxysme en vous transposant dans des univers différents et scénarisés (l'un après une guerre atomique, l'autre en pleine conquête spatiale). La grande variété des scénarii d'ailleurs tous jouables en multijoueurs permet de sortir du rythme imposé par le jeu et ses précédentes extensions, en en changeant de cadre. A noter qu'on peut également commencer le jeu en différé à la date que l'on désire, pour les feignasses.
Plus de variétés
L'apparition de petits évènements aléatoires rajoute pas mal de piment pendant des parties un peu ternes. Mariage arrangé, découverte d'une ressource insoupçonnée, tsunami, tornade... Un tas de réjouissances qui viendront mettre la pagaille dans votre empire. Les dégâts ou les bénéfices de tels évènements sont gérables selon des critères de plus ou moins long terme. Comprenez : si votre mine s'effondre, vous pouvez vous contenter de perdre vos ouvriers, d'indemniser les familles ou bien de renforcer les règles de sécurité, ce qui vous coûtera une partie de votre trésor. A cela s'ajoute l'apparition de quelques nouvelles unités, notamment basées sur la technologie anti-aériennes et de nouveaux représentants en commerce qui viendront gonfler vos bénéfices au moins autant que l'organe de jivé devant un nouveau DBZ. Pour les stressés qui se demanderait s'il ne valait pas mieux acheter
Warlords, il suffit de regarder le boîtier du jeu : exception faite des scénarii,
Beyond the Sword contient les nouveautés de
Warlords.