Il y a longtemps, très longtemps, en 246 avant Bill Kaulitz (petite référence importante pour nos jeunes amis qui nous lisent et qui, le pire, trouveront illico la date exacte de notre calendrier grégorien. Non, pas de rapport avec Lemarchal…), les cons qui s’adorent parlaient d’une contrée mythique qui rendrait riches les gens : l’eldorado. Durant deux siècles, la légende devint un mythe et le mythe devint errant. Aujourd’hui, l’eldorado est utilisé comme référence pour les clichés sur la conquête de l’or en Amérique Latine. C’est ainsi que nous arrive la suite de
Desperados 2. Désormais, fini la marque de bière mexicaine (en réalité alsacienne), passons aux choses sérieuses.
Avec des vrais morceaux de John Ford dedans
Comme vous l’aviez sans doute remarqué, si vous avez l’œil expert, un subtil jeu de mot se cache dans ce titre.
Helldorado. Mélange entre Hell et Eldorado, ce qui nous promet normalement des bonnes séquences de dogfight Leoniste (de Sergio Leone et non Téa Léoni) au milieu des cactus et des buveurs de Tequila. Et dès le lancement de la galette, on y croit. En effet, musique d’ambiance digne des plus grands chefs-d’œuvres d’Ennio Morricone, design chaud et sableux, on sait exactement où l’on se trouve. Dans un western. Et on en est bien content, surtout lorsqu’on vient de passer la terrible séance d’installation, où le programme ne se contente pas seulement d’installer Helldorado, mais se permet aussi de vous plomber le disque avec
AGEIA PhysX, un décodeur/encodeur Xvid et le nouveau DirectX à la mode que vous avez déjà sur votre PC depuis un an. Enfin bref, le jeu se lance enfin, joie, jubilation. Le menu est complet : votre niveau de difficulté est indiqué (un mot typiquement latin histoire de se la péter,
hombre) et vous pouvez sélectionner un entraînement, ou entrer dans le vif du sujet. Enfin, un menu d’options vous permet de modifier de nombreuses choses et d’effectuer des réglages : les voix, la difficulté, les sous-titres, en plus des configs habituelles etc. Pour une fois, c’est bien complet et ça ne pompe pas trop de ressources à fond. Vous pouvez également (et c’est sympa pour être précisé) choisir si votre personnage répondra beaucoup, peu ou pas du tout à vos clics et c’est vrai que d’entendre Sam gueuler « BOUUUUM ! » comme un psychopathe dès qu’on clique sur lui, ça devient vite relou. Après vos petites configs, vous pouvez enfin lancer le scénario, découpé en chapitres, qui sont subdivisés eux aussi en euh… paragraphes (genre I.1). A l’intérieur de chaque paragraphe, vous trouverez quelques missions à effectuer dans le plus pur style de Desperados 2.
La revanche du Desperados de l’eldorado de Johnny Cooper
Dans le style de l’ancien opus, ça c’est sûr.
Helldorado, c’est
Desperados 2 mais avec un scénario différent. Esthétiquement, c’est très proche du deuxième épisode, légèrement plus beau certes, avec des animations très fluides également, tant mieux. Mais l’ambiance comme les graphismes ont été repompés sans grande amélioration. Tout se joue donc sur le scénario et le gameplay. Et niveau scénario, on nous refait encore une fois le coup de la vengeance, du vilain et tout le toutim habituel. D’un autre côté, pour avoir le plaisir de contrôler la vaste palette de personnages attachants du jeu, on n’attendait pas des merveilles. Entre une nymphomane, un gros bourrin ou un expert en explosif, qui aurait voulu d’une adaptation de Guerre et Paix ? Du coup, l’histoire nous est narrée comme telle : dans le premier épisode, le frère de notre grand héros, Cooper, est tué par Goodman. Dans le second épisode, Goodman, le méchant, est tué par Cooper. Attention, c’est là que ça se joue : dans ce nouvel épisode, la veuve du dénommé Goodman kidnappe le docteur Mac Coy (notre préféré du jeu) et l’empoisonne. Elle menace de le laisser mourir si jamais Cooper ne commet pas une série de crimes qu'elle a commandités et qu’il accepte sans broncher de se faire condamner pour tout ça. Bref, encore un beau bordel au far west et qui vous permettra de sillonner la pampa avec nos six héros. Faisons les présentations, d’ailleurs : John Cooper, notre grand chef à tous, habile du flingue comme du couteau, qui dirige toute son équipe tel Hannibal de
l’Agence Tous Risques. Pablo Sanchez, un mexicain plutôt débile mais vachement balaise, du coup on ne dira pas de mal de sa maman. Hawkeye, un indien très discret qui possède (miam) un arc et un cri de guerre à en faire pâlir Jonah Lomu. Sam Williams, frère de Tina Williams de
Tekken, l’expert en démolition, dont l’arsenal est composé de TNT, de nitro et de bâtons de dynamites. Kate O’Hara, la jolie fille qui possède surtout son charme et son poudrier, mais ça ne l’empêche pas d’être très efficace au brise-nuque. Enfin, le doc, qu’on ne verra que très peu du fait de sa captivité et de son émission de radio quotidienne (référence incompréhensible pour les jeunes lecteurs). Bref, le jeu de STR parfait, avec le bon, la brute, le truand, le dingue et la cowgirl.
Et il distribua des pains…
Dans une douzaine de tableaux (entrecoupés par des cutscenes faites en papier maché, genre écrits au charbon sur des papyrus.
Helldorado, le seul jeu où les cutscenes sont plus pourries que l’ingame), vous aurez le temps de vous familiariser avec tous les personnages (d’autant plus qu’ils ne sont que rarement tous présents dans le jeu) et leurs multiples compétences, comme le « TEQUILA ! » de Sanchez, qui consiste à poser une bouteille d’alcool par terre pour concentrer la vue de tous les gardes. Notez que ça marche aussi avec la cuisse de Kate. Même si le but du jeu n’est pas toujours de tuer (plus souvent, l’infiltration prime), vous avez également des combos spéciaux, à travers une barre de combos, qui vous permettent d’effectuer des actions simultanées avec deux ou plusieurs membres de votre équipe. Sélectionnez plusieurs personnes et un combo pour les voir se ruer ensemble sur l’ennemi (combo « Bagarreur » avec Sam et John) ou s’entraider pour s’infiltrer ou détourner l’attention. Par exemple, le briquet d’un personnage avec la bouteille de Tequila d’un autre donne un magnifique feu de camp qui, placé près d’une chaumière de paille, fera un barbecue géant très prisé lors des fêtes de Santa Fe. Un autre exemple ? Ah, ça tombe bien, je l’aime bien celui là : allions la précision de l’arc de notre ami l’indien avec l’explosion engendrée par de la nitro. Oui, ça donne une flèche qui explose !
Helldorado joue bien avec la coopération et c’est un bon point. L’entraide étant de mise, on sera amené à cliquer souvent sur nos bonshommes pour des missions assez longues et souvent casse-têtes. Heureusement, la localisation française est bien réussie, avec la voix de Jack Bauer sur John Cooper. Le héros typique, j’vous dis. Par contre j’ai pas trouvé « Appeler le Sénateur Palmer » dans ses combos.
Ceci est un intertitre, veuillez excuser l’auteur qui n’a pas trouvé de phrase
Finissons par quelques informations en vrac, ce qui ne les empêche pas d’être intéressantes à développer. Tout d’abord, la vue à la troisième personne, qu’il est possible d’activer à tout moment et qui permet d’avoir une nouvelle approche du STR. Si le gadget s’avoue bizarre au début, on se prend rapidement au jeu et on l’active assez souvent, surtout dans les moments de tir à l’arc ou de lancer de bâtons de dynamite. Une option finalement bien marrante dans le déplacement des joueurs et de l’environnement (en mode 3e personne, on se déplace comme dans un FPS, avec les touches directionnelles). Le reste du temps, on se contentera d’utiliser la souris de manière intuitive, avec des déplacements rapides (clic pour ramasser un objet, porter un personnage, sélectionner l’endroit à tirer ou déplacer votre personnage, double clic pour courir) et quelques niveaux de zoom qui permettent de tourner autour de la scène et de se rapprocher des détails. Mauvaise note toutefois à la caméra qui galère à trouver un angle de vue assez prenant de la situation.

Au niveau du reste du jeu, c’est comme
Desperados 2 donc, avec une IA toujours aussi bizarre, qui tantôt vous remarquera grâce à la course appuyée de ce gros Sanchez, qui fait du bruit avec ses sabots et tantôt ne vous repèrera même pas, alors que vous êtes couché à côté d’une sentinelle ennemie. L’activation du champ de vision est donc souvent nécessaire, même si inutile vu les comportements aléatoires des types de la map. M’enfin bon, c’est pas une nouveauté dans le genre. Enfin, on remarquera une nouvelle fonctionnalité qui relève de la mise en scène : la possibilité non seulement de sauvegarder une action prédéterminée de vos 6 joueurs simultanément (que vous pouvez ensuite lancer pour que tout ce petit monde s’active en même temps), mais également de voir l’action dans un mode « cinématique ». Musique de western, barres noires de films hollywoodiens, prises en contre-plongée, bref, encore un gadget qui n’enlève pas le goût d’add-on de la série plutôt que de vraie suite.