Vous l’aurez compris, cette introduction n’a aucune prétention littéraire, mais était juste un moyen de démontrer peut-être le point le plus important de ce test, celui qui pour moi caractérise cette expérience de jeu sur
The Witcher 3 : l’immersion.
Lorsque l’on commence une partie, le temps cesse d’exister. On entre dans un univers parallèle dans lequel on va vivre des aventures uniques, épiques. Tout est là pour vous capturer et ne plus vous relâcher. Il est difficile de dire au revoir, pour plusieurs raisons.
C'est bôôôôô
Les graphismes. La version testée est une version PC où toutes les options sont poussées au maximum. Cela implique deux choses. On ressent moins le downscaling qui a fait tant parler de lui (mais dont on se fout un peu), et le patch 1.04 qui fut disponible beaucoup plus rapidement sur cette plate-forme évitant ainsi l’avalanche de bugs que les consoleux ont connue. Lecteur consoleux, pensez à enlever un point dans la note de « réalisation ».
Les graphismes donc, sont tout bonnement magnifiques. Surtout les lumières qui arrivent à installer une atmosphère hypnotisante où le ciel s’embrase et repeint le monde avec un orange magnifique. Seuls les éléments de décors un peu banals comme l’herbe nécessitent encore quelques progrès pour arriver à la perfection.
Les efforts ont été portés sur les personnages. Les visages sont surprenant de réalisme et très détaillés. Le must étant les yeux qui sont pleins de vie, ce qui est rare dans le jeu vidéo. Au lieu de rester vide sans bouger durant les dialogues on peut les voir s’animer, cligner, s'étonner, réagissant à ce que notre interlocuteur raconte. Un vrai progrès !
Which heure is it ?
Les musiques ! Depuis le premier épisode, la série nous a habitués à des thèmes merveilleux utilisant des instruments traditionnels polonais pour insuffler de l’exotisme à l’univers. Ce point participe grandement à renforcer l'immersion. L’univers de The Witcher est atypique car il s'écarte un peu des standards classiques de la fantasy en proposant un bestiaire plus proche de la mythologie de l’est. Les musiques qui utilisent ces instruments peu communs accentuent l’effet de dépaysement et renforcent ainsi l’immersion. Un peu à l’image de Red Dead Redemption qui nous happait dans l’ouest profond américain et qui pouvait dévorer nos dimanche après-midi comme un trou noir engloutirait l’espace temps.
Cet univers est extrêmement cohérent. Un travail méticuleux a été fait sur chaque personnage et sur chaque événement que Geralt va traverser. La moindre quête secondaire peut avoir des répercussions sur la principale et s’entrechoque avec d’autres quêtes subsidiaires. Tout est, en quelque sorte, lié et tout parait logique. Cela donne une harmonie à l’univers qui influence notre manière de jouer. Jamais je n’ai volé dans les maisons des paysans durant les premières heures de jeu car cette cohérence me faisait culpabiliser si je le faisais. Pourtant rien ne nous en empêche. L'écriture est excellente et c’est un véritable plaisir de suivre l’histoire de chacune des quêtes, principales ou non. Ici pas de « va me cueillir cinquante fleurs », mais de réelles motivations. La plus nulle des quêtes secondaires surclasse même certaines principales d’autres jeux. Le dernier titre qui m’a bluffé sur ce point fut Fallout New Vegas. Gage de qualité.
Des quêtes à n'en plus finir
Du coup, il est difficile de juger la véritable durée de vie du jeu. Faites le jeu en ligne droite vous en aurez pour une trentaine d’heures de jeu. Mais vous perdriez tout l'intérêt d’un tel titre. Certes l’histoire est excellente et encore plus pour ceux qui ont lu les livres, car beaucoup de références y sont faites, certains personnages importants comme Doudou proviennent des nouvelles de Adam Sapkowski, mais vous passeriez à côté de l’essence du jeu si vous ne vous laissez pas happer. Car il y a de quoi faire, les quêtes secondaires se divisent en trois types, les normales, les contrats qui vous demandent d'enquêter et de trouver un monstre avant de décider de l’occire ou non, et les chasses aux trésors qui vous proposent de retrouver la trace de certains witcher d’autres écoles que la votre afin de trouver des plans pour pouvoir les crafter des armures de qualités. Même ce dernier type de mission est outrageusement intéressant car il vous permet en général d’en apprendre plus sur le background du jeu et sur vos collègues que vous traquez à travers lettres et messages laissés par ces derniers.
Le nombre de quêtes secondaires est juste époustouflant, il n’est pas rare de se faire une session de jeu dédié aux quêtes secondaires pour réduire leur nombre et de se retrouver après 3 heures avec le double à faire. Ça peut même être décourageant de temps en temps. Mais encore une fois, leur qualité d'écriture rend la tache agréable et sûrement pas redondante. Car The Witcher 3 est avant tout une histoire diablement bien écrite qui va vous tenir en haleine tout du long.
Choix Cornéliens
The Witcher, c'est l'histoire d'un Sorceleur qui est censé ne rien ressentir. Lors de leur formation ces derniers sont amputés de toute émotion. Cela implique que dans tout conflit, dans toutes situations, ils resteront neutres. Du moins en théorie car notre Geralt a créé son propre code afin de rester le plus "juste" possible. Concrètement, vous allez être amené à faire des choix et à assumer leurs conséquences. Comme l'univers de The Witcher est un univers mature, ces choix ne seront pas forcement entre quelque chose de bien et quelque chose de mal. Souvent même, vous allez devoir choisir "Le moindre Mal" (The Lesser Evil), thème qui est cher à la série, que ce soit le jeu vidéo ou les livres. C'est même le titre d'une des nouvelles. Selon vos choix l'histoire évoluera différemment pour vous proposer une fin parmi une dizaine possible.