Face à un tel monstre commercial, dur de tenir debout. Et pourtant, cela fait déjà quelques temps qu'un certain
Electronic Arts consolide son
Battlefield 3, résistant encore et toujours à l'envahisseur : fondé sur un moteur graphique du tonnerre, le
FrostBite 2,
BF3 a su en dépit d'une campagne solo inintéressante captiver des millions de joueurs sur son multi. Des cartes gigantesques, des avions de chasse, des tanks, des dizaines d'armes et une multitude d'éléments permettaient déjà des tactiques de jeu réellement ouvertes et intéressantes. Avec
Battlefield 4, calqué sur le nouveau moteur
Frostbite 3,
EA entend bien en remettre une couche, et ce en insérant des moments de folie au sein de sa campagne solo, histoire de bien commencer. Verdict.
Guerriers modernes
Le solo de
Battlefield 3 n'était pas réputé pour être époustouflant, loin de là. Avec ce quatrième opus,
EA veut rehausser le niveau et nous place en pleine guerre fictive : on doit enlever un certain Jin Jié (un chinois, vous l'aurez compris), détenteur d'importantes informations sur son pays. Ce qui pose problème puisque après avoir récupéré le monsieur, les petits hommes jaunes nous en veulent encore plus qu'auparavant : s'ensuivent alors des batailles renversantes, dans lesquelles on affronte principalement des chinois (mais aussi des russes, faut pas déconner). "Nous", c'est une petite équipe de militaires : Recker, le héros muet, Irish, le black avec qui il ne faut pas déconner, et deux autres, un copain trop musclor et une chinoise qui se battent à nos côtés, avec de temps à autres quelques alliés qui rejoignent l'escouade momentanément.
Malgré tout ce potentiel prometteur, il faut bien avouer que la campagne solo ne restera pas dans les annales, soyons honnêtes. Non seulement le jeu est monstrueusement court, 6 heures environ, mais la trame narrative s'avère être particulièrement soporifique. Nous délaissant dans des situations improbables, les ellipses narratives entre deux niveaux sont tout bonnement frustrantes et incohérentes. Exemple : après une dure bataille, on se retrouve perdus dans un désert de glace sans aucun vivre. Mais merci monsieur le temps de chargement, car après lui, on se retrouve directement dans un Jeep en pleine jungle. Non, sérieux ? On pourrait aussi citer de nombreux autres passages, mais pour vous éviter le spoil de cette histoire certes inintéressante, on passera notre chemin. La campagne est tout de même à terminer pour faire cracher les tripes à votre PC, car certains passages envoient du pâté malgré tout. Et ce sont bien ces quelques rares mises en scène qui valent le coup, car le reste n’est définitivement pas convaincant.
Plein les mirettes… ou pas
Effectivement, si on termine le solo avec un sentiment pas terrible terrible, on est loin de regretter l’achat de notre magnifique PC de la NASA aux dix mille gigas de RAM. Car à l’instar de
Battlefield 3, ce quatrième épisode est beau à en pleurer… uniquement sur ordinateur. Là où le bât blesse, c’est sur PS3 et X360 où le titre est affreusement mal optimisé, et nous pesons nos mots : bugs de collisions, clipping important, aliasing parfois prononcé : seuls les environnements intérieurs claquent comme il se doit, et c’est fort bien dommage. Si vous n’avez pas de PC donc, on vous conseille fortement de prendre le jeu sur next-gen, chose qui, à notre humble avis, mérite d’être faite car l’on a réellement l’impression d’avoir perdu quelque chose face à nos collègues PCistes. Plus que jamais.
Heureusement, le design sonore rattrape bien des choses, et rarement nous avons eu l’occasion d’être plongé aussi bien dans une fusillade. Là où un certain
Call of Duty semble brider les coups de feu pour les rendre plus conventionnels,
BF4 ne fait pas dans la dentelle et à chaque tir, c’est un tympan en moins. Dans les environnements vastes, le son se perd à travers les terres, détonne, violente. L’écho est long et frappant et exploite au mieux notre beau home-cinéma, sans parler des bruits propres à chaque arme. Globalement, c’est du très bon boulot. On apprécie également la possibilité de mettre le jeu en VOSTFR pour profiter de doublages originaux, pas extraordinaires mais déjà plus convaincants que la VF. Bref, c’est du tout bon, surtout quand on a le matos audio qui va bien.
Plus on est nombreux, plus la fête c’est mieuuux
Mais ne nous le cachons pas.
Battlefield, c’est évidemment en multijoueur que ça se passe. Et bien heureusement, le titre rattrape nombre de ses points noirs sur cet aspect-là. Dix nouvelles maps variées, des nouveaux modes de jeu, des nouvelles classes : on devrait pouvoir s’éclater tout à fait. Et c’est le cas. Le mode conquête, qui nous largue sur des maps géantes (à 24 joueurs sur PS3 et 360, contre 64 sur PC, outch…), est assez épique avec comme à son habitude des tonnes de véhicules à contrôler. Avion de chasse qui se crashe devant vous, tank qui explose les murs d’une maison vous découvrant alors, gunfights sur des câbles à une centaine de mètres au-dessus du sol : les parties valent le coup.
Mais poux les joueurs plus actifs, il est tout à fait possible de se rabattre sur d’autres modes de jeux ou la map est plus petite, et l’action donc forcément plus intense. On note notamment deux nouveaux modes, « Anéantissement » qui consiste à désamorcer une bombe et à l’amener dans le camp adverse, et « Désamorçage », plus hardcore, dont le but est d’amener des explosifs à des endroits du camp ennemi bien précis et de désactiver ceux planqués dans notre base à nous. Deux règles de jeu fortes intenses, qui s’ajoutent aux traditionnelles. Il y a de quoi faire, d’autant plus que les environnements sont interactifs, comprenez par-là que l’on peut bloquer des chemins, exploser certains éléments stratégiques et autres, rendant l’action davantage tactique. Les teams équipées d’un micro peuvent s’en donner à cœur joie.
Dis bonjour à Papa
Car pour jouer aux darons, il est important d’avoir des pétoires digne de ce nom. De ce côté-là,
Battlefield 4 s’en sort plutôt bien. Tout d’abord, quatre classes sont à votre disposition, aux capacités hyper complètes (allant du sniper au médecin, en passant par l’ingénieur en mécanique) bien entendu upgradables : il suffit de monter en grade pour déverrouiller des dizaines d’armes et d’accessoires et se fournir un véritable arsenal de bâtard.
On notera également l’ajout du mode « commandant », qui était absent de
BF3 mais présent auparavant, qui permet à un joueur de chaque camp d’être désigné en tant que tel et d’avoir accès à des placements stratégiques de drones, munitions et autres tout en gardant un œil tactique sur la mission. Sympathique. Mais, car il y a toujours un mais, il faut bien avouer malgré tout qu’aussi excellent soit-il, ce mode multijoueur n’innove pas des masses par rapport à l’opus de l’année dernière. Pas que le multi, d’ailleurs. Bon dans son ensemble,
BF4 n’impose pas la même claque qu’en octobre 2012 car le nombre d’ajouts s’avère malheureusement un peu trop maigre. L’expérience est perfectionnée, clairement, mais le solo est déjà passé à l’oubliette et le online a tout de même un petit sentiment de déjà vu… Il n’y a plus qu’à espérer qu’
EA ne choppe pas le syndrome
Activision, et saura nous pondre un épisode
5 qui mérite réellement son nom.