Aujourd’hui, nous sommes le 6 juin 1972, et Lucius fête son sixième anniversaire. L’occasion pour toute la famille de faire la fête au sein du Manoir Dante. Mais c’est également à ce moment-là que le vrai père du bambin va décider de faire son apparition… Et ce n’est autre que Lucifer en personne. Le Maitre des Enfers va alors lui révéler sa véritable nature : il est né pour tuer et gentiment récolter des âmes pour son géniteur. Pour se faire, il se verra offrir quelques pouvoirs surnaturels, comme la télékinésie ou le contrôle de l’esprit, afin de faire abattre son courroux sans que ses parents adoptifs ne s’en rendent compte. Bon, en même temps, ils auraient pu se dire qu’habiter dans un Manoir Dante avec un fils baptisé Lucius, deux patronymes liés aux Enfers, entrainerait des choses pas très cools. Et le minot est né le 6/6/66, par-dessus le marché.
Le supplice de Lucius
Le fils du Diable qui tue des gens, ça ne vous rappelle rien ? Bingo, c’est également le pitch de
La Malédiction (
The Omen), sorti en 1976. Après avoir connu un remake à la qualité plus que douteuse en 2006, le film a désormais le droit à son jeu. Enfin, officieusement, puisqu’officiellement le studio de développement n’a fait que s’inspirer de cette œuvre. Mais en pratique, ça frôle plutôt le plagiat pur et dur. Vous avez vu le long métrage ? C’est dommage pour vous, car vous connaissez déjà l’histoire de
Lucius. Et comme pour le film, ne vous attendez pas à frissonner de terreur, car ce n’est pas un survival-horror, mais plutôt un jeu d’aventure / point’n’click oppressant à l’ambiance glauque et malsaine. Incarnant le fils de l’antéchrist, le joueur doit parcourir le Manoir Dante à la recherche d’indices et d’objets avant de pouvoir s’en prendre à ses victimes.
Mais voilà, si vous espériez pouvoir vous retourner le cerveau afin d’imaginer des mises à mort toujours plus sadiques, les développeurs en ont décidé autrement. Lucius devra donc sagement suivre le chemin tracé par
Shiver Games ce qui est, avouons-le, franchement dommage. Au moins, ils ont été assez sympas pour organiser des crimes franchement gores, titillant nos instincts les plus sadiques et nous tirant forcément un sourire de satisfaction. D’autres phases de jeux sont également présentes, comme de l’infiltration ou des sortes de quêtes annexes permettant au marmot de ne pas éveiller les soupçons (du genre sortir les poubelles ou ranger sa chambre), mais celles-ci s’avèrent extrêmement mal foutues et inintéressantes au possible.
Un avant-goût des tourments de l'Enfer...
Malheureusement, les assassinats sont bien les seuls moments du jeu qui suscitent un quelconque intérêt tant le reste est un véritable calvaire. La faute à une interface franchement mal foutue à tous les niveaux. Par exemple, le curseur. Même si
Lucius opte pour une vue à la troisième personne, il a décidé de se démarquer de n’importe quel autre TPS en plaçant le personnage au centre de l’image et le curseur sur le côté. Il faut donc un sacré temps d’adaptation pour réussir à viser correctement du premier coup. Et encore, au premier moment de relâchement venu, le naturel revient au galop. A cela s’ajoute un inventaire pas ergonomique pour un sou puisqu’il est impossible de s’y déplacer à la souris ! Ainsi, dès que le joueur a besoin d’un objet, il est obligé de faire défiler tous ceux qu’il a préalablement ramassé, et Lucifer sait qu’il y en a énormément puisqu’apparemment Lucius est aussi un peu cleptomane. La souris sert simplement à exécuter une action avec l’objet : clic gauche pour s’en servir, clic droit pour le combiner à autre chose.

Et même les pouvoirs accordés au bout’d’chou sont une torture, puisqu’ils ne peuvent être utilisés que quand les développeurs en ont décidé ainsi. Bien sûr, ces derniers, sûrement bourrés de bonnes intentions, ont apparemment voulu que le joueur alterne très souvent afin d’utiliser tout le potentiel de Lucius. Malheureusement, switcher entre les actions de base et les pouvoirs surnaturels s’avère être une action laborieuse au clavier qui énerve bien vite. Bref, on a déjà vu mieux. Et n’espérez pas utiliser une manette,
Lucius n’est jouable qu’au combo clavier / souris.
Heureusement, les développeurs ont tout de même réussi à créer une ambiance malsaine digne des films de série B des années 70, et c’est finalement le vrai point fort du soft. Du côté des graphismes, tout repose sur un jeu d’ombres et de couleurs (principalement délavées) bien foutu. En contrepartie, les décors sont assez pauvres, les personnages sont rigides au possible et de l’aliasing est présent. Quant à l’aspect sonore, il remplit parfaitement son rôle en renforçant encore un peu plus le côté oppressant du titre grâce à des musiques rendant pour le coup réellement hommage à
La Malédiction. On ne peut en revanche pas faire l’impasse devant le nombre hallucinant de bugs en tout genre. Si certains sont sans grande conséquence, comme des problèmes de collisions, d’autres en revanche obligent le joueur à relancer le titre. En effet, il n’est pas rare de se retrouver avec un Lucius bloqué dans un coin sans pouvoir le sortir de là. Enfin, l’intégralité du titre est en anglais, que ce soient les doublages (surjoués) ou les sous-titres. Les allergiques à la langue de Shakespeare apprécieront.