Bear With Me est un point'n'click indépendant développé et édité par le studio croate
Exordium Games et disponible sur
Steam pour (à peine) 9.99€ en version collector. L’histoire commence avec notre personnage principal, Amber, qui par une nuit sombre et pluvieuse se réveille d’un cauchemar. Elle voit ensuite sa vieille ami Millie, une girafe aveugle qui semblait veiller sur elle durant son sommeil. Millie lui apprend que des choses étranges se produisent à Paper City : un homme vêtu de rouge semble vouloir littéralement mettre le feu à la ville toute entière et il est aperçu partout demandant des renseignements sur la jeune Amber. Mais ce n’est pas tout, puisque Flint - le frère de notre héroïne - semble avoir disparu et tout semble indiquer qu’il est à Paper City. Amber décide donc de mener l’enquête mais, pour cela, elle sait qu’elle aura besoin d’aide. L’aide de son plus vieux collaborateur avec qui elle forme le meilleur duo de détectives de toute la ville, le célèbre Ted E. Bear. Vous l’aurez compris, nous sommes dans un monde où une petite fille part enquêter avec l’aide de son ours en peluche. Un monde où les jouets prennent vie et, sans spoiler, on est bien dans l’imagination d’un enfant partant à l’aventure. Et pourtant, le tout prend des allures de film noir avec des passages très sombres, surtout lorsque l’on s’approche de l’épisode 3.
Car oui, comme cela semble maintenant être la norme pour les point'n'click, Bear With Me est au format épisodique. Il se compose de trois épisodes tous déjà disponibles. Au niveau du gameplay, nous sommes devant quelque chose de très classique. On se déplace à l’aide de la souris et on clique sur des éléments afin de les ramasser, examiner, interagir avec ou encore les combiner. Les objets ramassés sont stockés dans un inventaire que l’on peut afficher avec un simple clic sur l’icône dédiée. C’est aussi à l’aide de la souris que vous pourrez parler aux différents PNJ haut en couleurs et sélectionner les questions à poser, ou simplement faire un choix dans vos réponses. Si le gameplay est très classique et n’a rien d’exceptionnel, c’est bien avec tout le reste que Bear With Me est exceptionnel. Tout d’abord, son aspect graphique : nous avons droit à un jeu magnifique tout en noir et blanc avec parfois quelques touches de rouge. Les personnages et les décors sont magnifiquement dessinés, sans pour autant crouler sous trop de détails. En parlant des décors, les yeux les plus attentifs apprécieront les différents clins d’œil disséminés, comme par exemple le Nimbus Suprême. La bande-son est pour sa part juste excellente, les voix (seulement en anglais mais sous-titrées en français) vont à merveille avec les personnages grâce à un très bon travail d’acteur et les musiques accompagnent parfaitement le jeu, nous immergeant encore plus dans l’ambiance à la fois sombre et drôle.
Et que dire de l’écriture ? Simplement qu’avec Bear With Me elle atteint une qualité très rare. Tout d’abord, il y a l’histoire, une très bonne intrigue policière très plaisante à suivre mêlant meurtres, corruption et même vaudou. La progression se fait sans mal : si on cherche réellement un point noir, c’est d’ailleurs ici qu’il faudra se tourner. Le jeu n’est pas dur, toutes les énigmes se résolvent de manière logique. On est très loin d’un Monkey Island ou d'un Discworld. Ici, si on est bloqué, c’est à cause d’un objet oublié ou tout simplement d’une combinaison à laquelle on n’a pas pensé. Si cela peut être vu comme un défaut, le fait de ne pas buter évitera toute frustration de ne pas connaître la suite, surtout dans une telle intrigue. L’histoire vécue ne serait rien sans les personnages et il faut dire qu’ici aussi nous avons droit à de la haute qualité. Le duo principal nous offre une petite fille naïve et gentille et un ours en peluche alcoolique et renfrogné. Un duo original et attachant, comme tous les personnages que vous rencontrerez. La relation entre ces deux personnages marche à merveille, montrant sans cesse l’opposition entre la noirceur et le dépit de Ted et les pensées enfantines d’Amber. Les relations entre tous les personnages marchent d’ailleurs parfaitement et tous les dialogues font mouche. Les échanges sauront être drôles, sérieux voire dramatiques quand il le faudra, et même saupoudrés de références littéraires ou cinématographiques, et c’est avec plaisir que l’on suivra l’aventure ponctuée par les monologues nihilistes de Ted, le tout à la manière d’un vrai film noir.