La vie d’une princesse n’est jamais super facile, surtout dans un jeu vidéo. Kidnappées, maltraitées, utilisées comme appâts, les exemples sont plutôt rares lorsqu’il s’agit de voir une fille de sang royal combattre les forces du mal sans appeler à l’aide toutes les trente secondes. Bien évidemment, certains personnages de notre beau média se sont déjà bien rebiffés, comme Ashe (Final Fantasy XII), Kitana (Mortal Kombat) ou encore Sun Lian (Jade Empire). Les développeurs de Battle Princess Madelyn se sont fait la même réflexion lorsque, jouant à Super Ghouls’n Ghosts, ils se sont dit qu’il serait plus simple que la princesse du jeu (alors enlevée) puisse finalement s’en remettre à elle-même et combattre l’armée du démon toute seule. Dans cet élan, Christopher Obritsch, directeur créatif du jeu et créateur de Causal Bit Games, a décidé d’exaucer un souhait de sa fille Madelyn. Cette dernière voulait être intégrée à Ghouls’n Ghosts, son jeu favori, donnant lieu à la création de Battle Princess Madelyn : un héritage de Ghouls’n Ghosts où la princesse prend les armes, enfile son armure et part à l’aventure.
L’histoire de Battle Princess Madelyn commence lorsque Madelyn, malade et alitée, écoute son grand-père lui raconter l’histoire sordide d’une princesse qui partage son nom et voit sa famille (ainsi que son chien) mourir devant ses yeux. L’esprit de notre petite protagoniste s’évade et s’imagine à la place de la princesse, prise de rage et armée de sa lance, partir combattre les armées du Mal pour venger ses proches. La narration lancée, deux modes de jeu s’offrent à vous : l’Histoire ou l’Arcade. Le mode Histoire pourrait être décrit comme un Ghouls’n Ghosts à la sauce rogue-like/metroidvania où l’objectif est de traverser des niveaux en complétant des quêtes (que vous irez chercher en ville) et en amassant or et objets pour développer vos armes et vos capacités. Comme dans tout bon metroidvania, le but est de faire de nombreux allers/retours entre les niveaux et environnements (jolis et bien différents pour l’occasion) puisque chaque capacité obtenue permettra d’aller à chaque fois un peu plus loin et de débloquer de nouveaux passages (comme le traditionnel double saut, par exemple). Toujours dans la veine de Ghouls’n Ghosts, deux touches suffiront (au début) à vous tuer. La première vous fera perdre votre armure tandis que la seconde vous sera fatale. Les ennemis auxquels vous aurez affaire sont nombreux, d’un fort joli rendu en 2D et impitoyables. Les combats de boss, bien que peu nombreux, sont assez difficiles et procurent une vraie sensation d’accomplissement lorsque vous en viendrez à bout.
Si les animations, les combats et la fluidité restent de très bonne facture, le problème de ce mode Histoire vient du level design et de certains points de game design complètement loupés. Tout d’abord, il n’y a pas de sens clair à votre progression : vous commencerez le jeu avec la possibilité d’aller vers l’avant et l’arrière dans le niveau, ce qui saborde totalement la propre introduction d’un jeu, tout metroidvania hardcore qu’il soit. Les objectifs ne sont pas clairs et, en l’absence d’une carte à consulter, la progression se fait souvent à tâtons, de manière frustrante et souvent lourde. Par exemple, il n’y a aucun marqueur clair vous signalant lorsqu’une plate-forme peut être atteinte en sautant (ou en faisant un double saut). Ce qui vous laisse, la plupart du temps, expérimenter les choses pour voir si ça marche vraiment ou non. La caméra qui ne montre pas forcément toutes les plates-formes dans le champ est aussi un problème : on saute souvent à l’aveugle en espérant retomber sur quelque chose d’autre que de la lave en fusion ou un bain d’acide mortel. Ce genre d’écueils dans des niveaux labyrinthiques, sans carte et rempli d’ennemis coriaces vous laissent un petit goût amer en bouche.
Si ces principaux défauts ne vous rebutent pas, vous trouverez alors un metroidvania forgé dans la plus pure tradition des jeux de l’ère 16-bit et dont la beauté et le cachet sont à souligner. La musique va aussi de pair avec le bel enrobage technique du jeu : la bande originale est signée Gryzor87 de Maldita Castilla et proposera deux versions bien différentes. Vous pourrez profiter à la fois de pistes de type orchestral et arcade/rétro qui accompagneront bien votre progression dans les différents environnements et mettront les moments importants de l’histoire en exergue. D’ailleurs, cette dernière reste plutôt bien écrite, avec un grain d’humour constant et un rythme « juste comme il faut ».
Pour les anciens, et ceux que le metroidvania rebute clairement, vous pourrez vous arrêter sur le mode Arcade qui vous propose un challenge un peu plus relevé tout au long de sept niveaux linéaires, de gauche à droite. Les compétences sont directement débloquées, mais vous n’aurez qu’une seule session de jeu pour compléter le mode. La mort vous fera recommencer au début du niveau en cours, mais il n’y a pas de sauvegarde pour reprendre votre souffle et relancer votre partie plus tard. On sent que ce mode Arcade est l’essence même de
Ghouls’n Ghosts comme on l’aime. C’est nerveux, c’est clair (on avance), et il n’y a pas 35 choix qui s’offrent à vous : tuer et avancer ou être tué. Fort heureusement (vu le boulot effectué par les développeurs et la longueur de la campagne
Kickstarter), c’est un peu la grande réussite de
Battle Princess Madelyn.