Test : Outward - PC

Outward - PC

Outward - PC

Genre : RPG en monde ouvert

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Nine Dots Studio propose Outward, un RPG aux saveurs old-school prônant l’exploration et la débrouille dans un grand monde qui n’attend plus que vous. Disclaimer : ce jeu nécessite une grosse dose de courage, de caféine et une bonne paire de semelles en jeu.

Test effectué à partir d'une version PC

Autant vous le dire tout de suite, Outward est un jeu difficile à apprécier et, à fortiori, à tester. C’est un genre de jeu qui peut rapidement vous transformer en schizophrène psychopathe à double personnalité tant l’expérience de jeu qu’il propose peut être déroutante et excitante à la fois. C’est ce que j’ai brutalement vécu durant mes 50 heures de jeu qui ont été nécessaires pour terminer la campagne principale (en ligne droite) du jeu de chez Nine Dots Studio. L’effet Kiss Cool met assez longtemps à arriver lorsque l’on joue à Outward. Dès les premiers instants de jeu, les plus jeunes d’entre vous seront rebutés par sa technique datant du début des années 2000, par la multitude d’informations qui vous submergent, par la longue courbe d’apprentissage qui se dresse devant vous et par la difficulté notable du titre.



Histoires de feu de camp

Outward est un RPG-TPS en monde ouvert qui part du principe que le héros que vous êtes ne dispose d’aucun pouvoir spécifique, n’est pas spécialement fort ou unique et ne devra compter que sur lui-même pour survivre dans ce monde fantastique pendant des dizaines d’heures. Bien évidemment, le jeu suit la narration d’une quête principale qui vous emmènera visiter les moindres recoins de la carte. Le but d’Outward est donc de vous lancer à corps perdu dans ce monde où vous commencerez à moitié à poil puisque le but du jeu est de trouver votre équipement, petit à petit, le faire évoluer tout en vous protégeant des besoins vitaux et des contraintes qui reviennent au galop très souvent pendant l’aventure (froid, faim, chaleur, etc).

Outward

Le gameplay d’Outward offre tout un tas de sous-systèmes qu’il vous faudra identifier, reconnaître et apprendre, que cela concerne la simple survie de votre personnage, son évolution ou encore sa capacité à combattre efficacement les ennemis. Une grande partie du jeu repose sur un système de récolte de matériaux et de craft d’une profondeur parfois déstabilisante. Le moindre objet peut être construit avec d’autres objets que vous avez récoltés et il en va de même pour générer votre nourriture, vos vêtements et vos soins. Voyez cela comme une sorte de Breath of the Wild beaucoup plus complexe, mais moins ergonomique et moins facile d’accès. Vos premières sorties dans ce monde hostile ressembleront à un grand cirque où vous voudrez allez partout et nulle part à la fois, récoltant les matériaux à tout va, surchargeant votre personnage de n’importe quoi et mourant de soif à petit feu sans vous en rendre compte.

Il convient de mettre en lumière la grande importance de votre sac à dos. Ce dernier vous permet de trimballer toutes sortes de matériaux et il pourra évidemment être amélioré au fur et à mesure de votre progression. Il est d’ailleurs tellement important que lorsque vous le posez au sol, il reste indiqué sur votre boussole, ce qui est littéralement le seul repère spatial que vous aurez dans Outward (car oui, vous n’apparaissez pas sur la carte du jeu). Lorsque vous vous battrez avec un ennemi, vous pourrez décider avec la pression d’un bouton de directement faire tomber votre sac à dos au sol pour gagner en rapidité et fluidité dans le combat (vous avez déjà essayé de vous battre avec votre sac sur le dos, vous ?). Cet exemple illustre bien le niveau de perfectionnisme dans les mécaniques de gameplay qu’a voulu montrer Nine Dots Studio.

Outward

Sans boussole et sans armure

Les combats, parlons-en. Si le jeu met à votre disposition une tonne d’armes et de sorts différents pour vous en sortir, l’aspect un peu cassé et branlant des joutes a rapidement refroidi notre optimisme. Malgré la possibilité de « lock » votre ennemi et de tourner autour à la manière d’un Zelda ou d’un Dark Souls, les frappes et les esquives sont soumises à une légère latence, tandis que les hitboxes des ennemis ne sont pas les plus simples à apprécier. Les combats manquent donc clairement de fluidité et de précision, ce qui est d’autant plus redoutable vu la résistance et la force de la plupart de vos ennemis. C’est d’ailleurs la première chose qui surprend lorsque l’on met le pied en dehors de la ville de départ pour la première fois : les vilains tapent fort et vous apprendrez très vite à vous déplacer prudemment et à rester très concentré pendant le moindre petit combat. La gestion de votre barre d’endurance est également une plaie dès le début du jeu puisque s’épuisant extrêmement vite et vous obligeant à passer une nuit sous la tente pour la recharger. La courbe de difficulté est très mal calibrée puisqu’elle semble maximale dès le début du jeu pour se réduire petit à petit jusqu’à presque devenir inexistante sur la fin. De manière générale, les combats physiques d’Outward sont loupés, du moins jusqu’à ce que vous vous acharniez suffisamment pour maîtriser la magie, ce qui permettra d’apporter un minimum de fun et d’aisance à ce petit bazar.

Outward

Vous parcourez ainsi le monde d’Outward dans le but d’y accomplir votre quête, mais cela passe par de l’exploration pure et dure puisque le RPG de Nine Dots Studio vous permet, plus ou moins, d’aller où bon vous semble dès le début de l’aventure. Vous devrez choisir une faction entre trois afin de donner un sens spécifique à votre quête, et vous devrez déambuler dans les quatre grandes régions qui forment ce monde plein de choses à découvrir. Les biomes classiques de ce genre de jeu sont au rendez-vous avec leurs lots de déserts, de pics enneigés, de forêts denses et autres marais de champignons toxiques. Vous aurez plutôt le temps de les apprécier puisque vos déplacements se feront à pied et à pied uniquement, ce qui pourra sembler très très long par moments. Mais c’est souvent dans la souffrance que les plus beaux moments d’Outward se révèlent. Tout jeu cassé qu’il est, les développeurs ont vraiment mis leur passion du RPG d’antan à contribution en construisant leur monde autour de points d’intérêt, de grottes, de donjons à explorer, de petites quêtes à poursuivre. De nombreuses interactions avec la narration environnementale du jeu se font à travers des événements souvent non prévus par le joueur, comme le fait de finir esclave au fond d’une mine ou vous faire voler tout votre or au détour d’une ruelle.

Outward

Outre le système de crafting, d’artisanat, de cuisine permettant de fabriquer vos premières armures et survivre un minimum, l’évolution de votre personnage se base sur l’apprentissage de nouvelles compétences de combat (comprenant l’érudition qui vous permet de maîtriser la magie des runes), mais aussi sur la découverte de puissantes armes qui vous permettra de franchir un cap dans le jeu et commencer à vous sentir à l’aise sur les combats les plus ardus. Hélas, on a souvent l’impression de devoir filouter les ennemis pour abuser de leur I.A. brinquebalante et se sortir d’un combat par la petite porte.

Outre les nombreux bugs et la technique très moyenne d’Outward, le jeu laisse le joueur imprimer son propre rythme à l’aventure, ce qui est parfois pour le mieux et, souvent, pour le pire. Les différentes villes sont très éloignées les uns des autres et, sans montures ou téléportation, on devient vite fou à se déplacer entre les missions tout en devant éviter le moindre monstre sur la route (du moins au début de l’aventure). Je ne calcule pas le nombre de fois où je suis mort après avoir attiré un animal sauvage qui a fini par me tuer parce que je n’avais plus d’endurance pour lui échapper (certains monstres n’arrêtent jamais de vous suivre). Malgré les efforts déployés par les développeurs pour nous faire vivre une aventure pleine d’interactions intéressantes et d’idées issues des meilleures RPG, on a globalement l’impression de se battre contre les différentes mécaniques du jeu et de craindre les combats pour les mauvaises raisons. Il faut toutefois noter que le gros coup de cœur pour le jeu provient de la bande originale composée par Jean-François Racine qui a réalisé un travail incroyable et donne une dimension réellement épique, mystérieuse et enchanteresse à l’aventure.

Outward est une vraie curiosité. J’aurais aimé des combats plus intéressants, un système de récolte et de craft plus utile en fin de partie, moins de murs invisibles et plus d’événements notables à rencontrer sur la carte *pourtant si grande* du jeu. J’aurais aussi aimé moins marcher, parce que franchement, au bout d’un moment, les allers-retours dans ce putain de marais auront failli avoir raison de ma santé mentale. Outre sa technique dépassée et les points négatifs précités, Outward est un jeu généreux qui transpire le RPG old-school et les bonnes intentions. Les joueurs favorisant les chemins de traverse, la gestion intelligente de la survie et le farm intensif pour optimiser leurs compétences verront probablement la meilleure version du jeu. Pour les autres ça sera, au mieux, ennuyeux et fastidieux. Un très bon jeu de 2005.
10 mai 2019 à 11h43

Par

Points positifs

  • La générosité des mécaniques
  • La musique
  • L’écriture
  • La vraie impression de devoir survivre
  • Le sentiment de liberté
  • L’utilisation de la magie

Points négatifs

  • Les combats
  • La technique (et les bugs de manière générale)
  • C’est lent
  • Courbe de progression inexistante
  • C’est pas très beau
  • Les murs invisibles, ça me tue en 2019

Gribouillé par...

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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