Blacksad : Under the Skin est une œuvre vidéoludique dérivée de l’une des meilleures BD que vous pourrez trouver chez votre libraire à l’heure actuelle. Dessinée par Juanjo Guarnido et avec Juan Díaz Canales au scénario, la saga raconte l’histoire de John Blacksad, un chat détective évoluant dans une New York des années 50 où tous les individus sont des animaux anthropomorphisés. Reprenant un style de polar noir, les enquêtes ont souvent un ton assez sombre et cet épisode dédié aux consoles et PC n’y déroge pas puisque l’affaire s’ouvre sur un pendu dans une salle de sport, le « setup » parfait pour le début d’une enquête complexe aux multiples inconnues.
Chat perché
Si les deux artistes espagnols ont participé à l’écriture du scénario du jeu, ce sont les espagnols de chez Pendulo (Runaway) et les français d’Ys Interactive qui ont conçu toute la partie « technique » du jeu, celle qui nous faisait peur il y a déjà deux ans, lors de l’annonce du développement du titre par des studios pas forcément en pleine bourre. Avec des retours de présentation en salon loin d’être prometteurs et l’installation d’un « patch » day one de 8 Go censé corriger toute une flopée de bugs bloquants, autant vous dire qu’on était un peu flippés de commencer l’aventure proposée par Blacksad : Under the Skin.
Le jeu prend la forme d’une enquête narrative où vous contrôlez John Blacksad dans des environnements en 3D, à la recherche d’indices cachés dans les environnements ou au détour de vos conversations. Le but du jeu est de glaner un maximum d’informations afin de faire avancer votre raisonnement et de désépaissir le mystère qui entoure l’affaire principale avec laquelle débute la narration : un responsable d’une salle de boxe s’est « suicidé » à la veille d’un match très lucratif dont l'un des participants reste introuvable. Premier problème : récolter les indices s’avère franchement pénible tant déplacer la carcasse de ce pauvre John à travers les pièces est emmerdant. Il est lourd, ne peut pas courir et pas précis pour un sou. On essayera alors d’éviter un maximum les allers-retours inutiles en se gavant d’informations dans chaque pièce et en écumant la moindre option de dialogue avec les différents protagonistes qui nous entourent. Du coup, on se transforme rapidement en détective boulimique, avide de la moindre petite information à griffonner dans notre carnet dans l’espoir de pouvoir relier des indices (parfois au hasard, via une interface dédiée) et avancer dans notre enquête.
Les dialogues, s’ils sont plutôt bien écrits, vous proposeront des choix qui n’affecteront absolument pas la finalité de l’enquête, mais plutôt certains événements qui se produiront en cours d’aventure. C’est, encore une fois, une illusion d’un jeu qui tente de vous faire croire que vous avez le contrôle des événements alors que tout est évidemment prévu à l’avance. De ce fait, le joueur ne se sent pas vraiment impliqué dans une histoire qui a pourtant le mérite d’être assez agréable à suivre en ligne droite, surtout lorsqu’il faut se coltiner toute une dose d’horribles bugs techniques pour un résultat sans originalité, plus-value et sans saveur.
Chat cassé
Si on ricane en début de jeu à cause des animations ultras raides ou de la synchronisation labiale inexistante (avec, par moments, un sentiment d’Uncanny Valley),
on en vient rapidement à pleurer devant la quantité hallucinante de bugs et de petites saloperies tronquant à grands coups de pelle notre plaisir de jeu. Si l’on peut évoquer les dialogues qui se chevauchent, les sous-titres qui disparaissent, les QTE et les options de choix de dialogues qui s’affichent plusieurs fois de suite, on parlera surtout de certains bugs bloquants qui nous auront fait redémarrer notre partie (quand elle voulait bien redémarrer au BON point de sauvegarde…). Mention spéciale au personnage que l’on peut « perdre » de vue en sortant du champ de la caméra et qui est ensuite irrécupérable, parce que probablement bloqué dans une texture. Bref, on ne va pas s’étaler plus que ça, mais simplement signaler que le niveau technique affiché par ce
Blacksad : Under the Skin est désastreux et ne mérite nullement votre argent. Même s’il est pavé de défauts, il faut être bons joueurs et reconnaître les quelques qualités du titre. On pourra citer le doublage en V.F., emmené par un
Jérémie Covillault (double Tom Hardy, Benedict Cumberbatch ou encore Andy Serkis au cinéma) au top dans son rôle de chat détective désabusé ou encore la bande originale, bien qu’un poil répétitive, qui amène bien l’ambiance de l’enquête avec des vibes « jazzy » idéales pour les polars de ce type.