Façonné et modelé à partir de la culture scandinave, Röki est un puzzle-game/jeu d’aventure dérivé du point’n click mettant en scène Tove à la recherche de Lars, son petit frère, alors kidnappé par une mystérieuse créature. Traversant un portail magique, notre Tove se retrouve à enquêter dans un monde parallèle et magique, croisant sur son chemin diverses créatures mythiques. Développé par d’anciens vétérans ayant fait leurs dents sur des jeux violents et sanguinolents, ils ont décidé de monter leur studio, Polygon Treehouse, afin de créer une aventure mignonne, reposante et onirique, à des kilomètres de la guerre et du côté très terre-à-terre de certains titres actuels.
Premièrement, Röki se distingue par une très belle esthétique et une direction artistique qui nous transportent dans les plus beaux comptes du nord de l’Europe. Vous contrôlez Tove, qui se meut facilement et dont les pas laissent des traces dans une neige qui compose majoritairement de très belles planches au spectre de couleurs froides. D’ailleurs, le jeu vous fera parcourir tout un tas d’environnements différents, pour le simple plaisir des yeux, mais également pour de vraies raisons narratives. Si, pour les yeux, c’est beau, pour les oreilles c’est pas trop mal non plus : votre voyage est accompagné de musiques douces et d’ambiances sonores subtiles qui siéent bien au ton du jeu.
Un troll, un tomte et un Yule entre dans un bar...
Vous vous déplacez donc d’écran en écran à la recherche d’indices et d’objets permettant de résoudre des petites énigmes et progresser dans l’histoire : un exercice habituel du jeu d’aventure PC des années 90. Les objets que vous ramassez se retrouvent dans votre sac à dos, tandis que d’autres, participant à la narration environnementale du jeu, sont directement collés dans votre carnet que vous pouvez consulter à tout moment. Ce dernier donne un état de votre progression dans le jeu par le biais de notes prises par Tove et permet d’y voir un peu plus clair sur votre position dans le monde et le développement de l’histoire. La « carte » est représentée par les différents écrans dans lesquels vous vous déplacez, ainsi que la manière dont ils sont connectés et leur position entre chacun d’eux. Sachez qu’un hub central autorise un déplacement rapide entre certains écrans et que le titre fait beaucoup pour vous faciliter la tâche et un peu réduire votre charge mentale pour mieux vous consacrer aux différents puzzles. A la manière de nombreux point’n click, les objets dans votre sac à dos peuvent être combinés pour ensuite être appliqués sur un élément avec lequel vous pouvez interagir directement en jeu. Malgré le côté un peu « tiré par les cheveux » de certaines énigmes, on reste satisfait de la cohérence des puzzles proposés par Röki ainsi que son désir de toujours nous raccrocher dans la mythologie scandinave et dans la narration bien ficelée du titre.
En plus de proposer un jeu beau et dépaysant, l’histoire de Röki interpelle et ne reste pas un simple prétexte. Elle arrive à confondre la problématique parfois complexe de la vie de famille à certains enjeux liés à la mythologie nordique et apporte le tout de manière subtile et poignante. Elle réussit également à évoquer un nombre assez important de références au folklore scandinave tout en restant très cohérente, ce qui n’est pas forcément un exercice facile pour un jeu indépendant. Il rappellera un certain Kentucky Route Zero ou encore Oxenfree qui, eux aussi, arrivent à rester cohérents et ancrés dans le réel malgré un nombre important de références au surnaturel. Les différents personnages joués et rencontrés forment les fondations de cette belle histoire et contribuent à faire de Röki une œuvre pleine. Les puissants gardiens que Tove rencontre sont des entités divines complexes, tandis que les différents trolls et autres créatures apportent tous une vraie contribution à l’ambiance du titre. On n’en dira pas plus, mais même l’antagoniste principal n’est pas le méchant par hasard et amène aussi de vraies raisons à ses « vils » agissements.
