Test : Tell Me Why - PC

Tell Me Why - PC

Tell Me Why - PC

Genre : Aventure narrative

Partager
Pourquoi ? C’est une question que l’on se posera souvent en jouant à Tell Me Why. Parfois pour de bonnes raisons, parfois pour de mauvaises raisons. Dontnod a l’air de vouloir faire des jeux narratifs sa spécialité : après Life is Strange, le studio parisien est de retour avec une nouvelle licence exclusive à Microsoft, mais l’aventure vaut-elle le coup d’œil ?

Test effectué à partir d'une version Xbox One

Vous connaissez la trinité maudite de Paris ? Un petit regroupement de studios de développement composé de Spiders, Cyanide et Dontnod. Pourquoi ce nom ? Tout simplement parce qu’à chaque fois que l’on voit l’un de ces noms associé à un jeu, on ne peut que s’attendre au pire. Ce n’est pas que les jeux sont mauvais, ils sont juste trop ambitieux pour des moyens limités. En tous cas, c’est ce qui en ressort à chaque fois. Dans le cas de Dontnod, la crainte est extrêmement présente. Il faut dire que le palmarès du studio n’est pas glorieux avec un Remember Me décevant, un Vampyr raté et surtout Life is Strange, connu comme le jeu possédant les personnages principaux les plus insupportables de tous les temps et à l’écriture la moins subtile jamais vue.

Slow motion

Comme déjà évoqué dans la preview, Life is Strange est un peu ce que Twin Peaks aurait été si la série avait été écrite par Stephenie Meyer, ou encore un jeu Yakuza s’il avait été scénarisé par Luc Besson. Malgré tout, on ne peut pas nier que Dontnod essaie toujours et fait de son mieux, tout en continuant à proposer des projets ambitieux. Et puis le studio a trouvé son public, sinon il n’y aurait pas eu de suite à Life is Strange et il n’y aurait pas de projet de série sur Fox 21 pour Vampyr (pour une fois, c'est même pas Netflix).Dontnod revient donc avec un titre se situant dans sa zone de confort : non seulement il s’agit d’un jeu d’aventure narratif avec un titre en trois mots, mais en plus il met en scène de jeunes gens dans une petite ville des États-Unis ayant des pouvoirs surnaturels... En fait, exactement comme Life is Strange et sa suite.

Tell me Why

Parlons-en maintenant car il s’agissait de l’une des plus grosses craintes concernant Tell Me Why : comme il l’a été fortement communiqué, l’un des personnages principaux de l’aventure se nomme Tyler et est transgenre. Quand on connait l’écriture de Dontnod, on était en droit de s’attendre au pire pour la construction du personnage, et force est de constater que du bon boulot a été fait. Le sujet est abordé de manière subtile, les questions en rapport sont très bien traitées et on aura à chaque fois un sentiment de justesse. Il est difficile de donner un avis lorsque l’on n’est pas concerné par le sujet, mais les réactions des différents personnages quand ils rencontrent Tyler ont l’air crédibles et donnent une impression de vécu. Tout autour du sujet est abordé avec brio et on ne peut qu’applaudir. Mais, malheureusement, ceci fait partie des très rares points positifs que nous pourront trouver dans Tell Me Why...

Tell Me Why

Parcours fléché

Tell Me Why nous met donc dans la peau des jumeaux Ronan de retour dans leur ville natale des années après la survenue d'un événement tragique qui les a séparés. Bien évidemment, une découverte leur fera comprendre que la tragédie a quelques zones d’ombre et ils vont donc mener leur enquête afin de faire toute la lumière sur l’incident ayant changé leurs vies à tout jamais. Scénario plutôt classique avec une petite subtilité : les Ronan ont la possibilité de communiquer par la pensée et de voir leurs souvenirs d’enfance se matérialiser devant eux. Ces capacités seront bien évidemment utilisées pour progresser dans l’histoire, par exemple en utilisant un souvenir pour trouver des indices ou pour prévenir d’un danger.  
 
Tell Me Why

Tyler et Alyson ont aussi grandi dans une maison où les contes de fées étaient rois et, pour cette raison, ils ont hérité de leur mère un ouvrage appelé le ''livre des gobelins''. Il s’agit de plusieurs petites histoires ayant l’air de prendre place dans un monde imaginaire mais ayant en réalité des protagonistes bien réels. Ce livre, très bien utilisé, permettra de résoudre des énigmes au fil de l’histoire. Les trois mécaniques ensemble fonctionnent bien, même si elles donnent parfois lieu à des scènes inutiles. Soyons francs : dans un jeu vidéo de ce type, les éléments les plus importants sont son histoire, ses personnages et ses dialogues. Malheureusement, c’est ici que le positif s’arrête. L’histoire est classique et repose sur de grosses ficelles, tellement que l’on voit tout arriver. Par exemple, un retournement important est révélé à la fin du premier chapitre, mais le problème c’est que l’on s’attend à ce retournement depuis les premières minutes du jeu à cause d’indices vraiment pas subtils du tout. 

Tell Me Why

Voyage au bout de l'ennui

Le tout n’est par ailleurs vraiment pas aidé par son rythme. Alors oui, il faut laisser du temps à l’histoire pour s’installer, mais dans notre cas elle a eu le temps d’aller à la fac, d’obtenir son diplôme et de fonder une famille après avoir fait une (brillante) carrière de médecin. L’un des principaux défauts de Tell Me Why est que tout est vraiment long et ennuyeux. Tout ça pour des scènes censées construire des personnages, les faire s’attacher à eux, être heureux, souffrir avec eux... et rien ne marche. Tell Me Why n’arrivera jamais à faire passer une quelconque émotion. Prenons par exemple les retrouvailles des jumeaux. Cette scène devrait être pleine de bonheur, faire passer la joie que les personnages doivent ressentir... et pourtant ça ne marche pas, tout ça parce que toute la construction est mauvaise et parce que nous n’avons pas droit à un doublage exceptionnel, seulement standard.

Tell Me Why

A cause de cela, on ne prendra jamais tous les protagonistes de Tell Me Why comme de réels protagonistes avec qui ressentir des émotions, mais simplement comme des personnages de jeu vidéo standards. C’est comme si en regardant Ray vous ne voyiez que Jamie Foxx et n’arriviez jamais à croire qu’il pouvait être Ray Charles. Ici, c’est pareil : on voit des personnages standards de jeu vidéo, mais en aucun cas des personnages forts, tendres, attachants… Et nous savons très bien que ce n’est pas inhérent au média. Il y a de multiples contre-exemples, que cela soit dans Yakuza, Metal Gear, The Walking Dead ou encore NieR Automata. D’ailleurs, une autre question concernant les personnages : ils sont tous adultes, alors pourquoi ont-ils des réactions d’adolescents en pleine crise ? Certains donnent envie de gifler l’écran de la télévision.

Tell Me Why

I want it that way

Et, malheureusement (encore), l’écriture est peu subtile, grasse, facile. Certaines scènes donnent l’impression d’avoir été écrites afin de répondre à un cahier des charges rempli de clichés. Parfois, on aura droit à du pathos facile qui n’arrivera même pas à faire lever un cil. Tous ces défauts ne sont pas aidés par une technique vraiment moyenne et passée. Seule la bande originale arrivera à relever le tout, mais son choix couplé à tous les défauts relevés nous donnera l’impression de regarder un épisode des Frères Scott... ou plutôt de Dawson, à la vue de la technique.

*Code Xbox One fourni par Microsoft
Tell Me Why est étrange. Son premier épisode est plaisant, mais la qualité décline avec les suivants. Il donne l’impression que tout le travail a été fait sur le personnage de Tyler et que le reste n’a pas bénéficié du même soin, et c’est dommage. Quand on voit les mécaniques de jeu et quand on voit Tyler, on sait que le studio est capable de bien mieux, et pourtant nous devons nous contenter d’un résultat moyen, digne d’un soap pour ados...
11 septembre 2020 à 15h04

Par

Points positifs

  • Tyler
  • Les souvenirs
  • Le livre des gobelins

Points négatifs

  • L’histoire trop attendue
  • Le rythme
  • Les personnages oubliables
  • L’écriture
  • Les jeux de Dontnod se suivent et se ressemblent

Gribouillé par...

Mystère Mask

Mystère Mask

Inventeur du claquement de porte

Né en 1823 mais immortel grâce à un pacte passé avec Nicolas Cage, ce gus a eu l'idée de génie de faire breveter le claquement de porte, ainsi il empoche des royalties à chaque fois que dans le monde une porte se ferme un peu trop brutalement. C'est pour ça qu'après six titres de champion du monde poids lourd de Mahjong acrobatique il a décidé de se cloîtrer dans son chateau de Bavière dans lequel il peut passer ses journées à jouer à tout ce qu'il trouve et partager son avis... Même si personne n'en veut.
Revenir en haut