Baptisé Diablo II : Resurrected, ce « remaster » en puissance nous avait prévenus : conserver l’expérience d’antan seulement en reprenant toute l’esthétique du jeu ainsi que son enrobage sonore. Le boulot prévu est alors assez gargantuesque mais la ligne de conduite reste claire : attention à ne pas dénaturer le game design et le feeling du jeu d’époque, tels étaient les ordres donnés à Vicarious Vision, la boîte en charge du développement de ce remaster, maintenant rachetée par Activision-Blizzard (quand ils ne sont pas occupés au tribunal).
Retour dans le tar-tar
Lorsque nous parlons d’expérience d’antan, on ne ment pas !
Diablo II : Ressurected comporte l’intégralité du jeu sorti en juin 2000 (
que nous avions d’ailleurs testé sur GameHope), traînant avec lui son extension,
Lord of Destruction, comprenant alors 5 actes et 7 classes de personnages en tout et pour tout (Amazone, Assassin, Barbare, Druide, Sorcière, Paladin, Nécromancien). Chacune de ces classes possède ses forces et faiblesses et un style de jeu bien particulier. Pour le coup, les nouveautés sont absentes de cette version, à part quelques petites amélioration de « qualité de vie », comme l’optimisation du jeu en ligne et la coopération ainsi qu’une option de ramassage d’or automatique (qui peuvent même être désactivées, si c’est trop agréable pour vous). Pour le reste, c’est effectivement l’expérience de l’époque qui vous attend, un peu à l’image de ce que propose
World of Warcraft Classic sur le MMORPG de la même firme. La progression dans le jeu se fait à travers différentes quêtes qu’il faudra mener à bien, le jeu ayant donné ses lettres de noblesse au genre « hack’n slash », vue du dessus, des monstres à tabasser et de l’équipement à ramasser, encore et encore.
Le fond de jeu de Diablo II a été disséqué en long en large et en travers depuis ses 21 années d’activité, il est donc peu pertinent d’en parler véritablement ici. Le but de cet article est plutôt d’aborder le ressenti qu’offre ce remaster, et surtout vers quel public ce jeu peut-il être destiné. Sachez que le niveau d’intérêt que vous pourrez développer pour ce Diablo II : Resurrected dépend beaucoup de la frange de joueurs dans laquelle vous vous situez. En effet, pour les vieux fans qui n’ont jamais arrêté de jouer (au détriment même de Diablo III), ce remaster sera un véritable témoignage de respect et d’amour porté au titre et à la licence. Pour d’autres, il prendra la forme d’un vrai doudou plein de nostalgie en repensant à ces nombreuses soirées passées, début 2000, à goûter à la frénésie du loot pour la première fois. Enfin, il y aura ceux ayant découvert la série via le très populaire Diablo III et qui cherchent à se frotter au précédent volet pour comprendre pourquoi tout le monde le hisse au rang de l’un des meilleurs jeux de tous les temps. Pour ces derniers, tout leur paraîtra clair et limpide en terme de système de jeu, par contre l’expérience sera beaucoup plus abrupte que celle connue dans Diablo III.
Plein les sacs
Il faut dire qu’il faut s’habituer à ne pas être systématiquement pris par la main puisque les objectifs de quêtes restent assez nébuleux : « retrouvez X près de tel endroit », sans indication sur votre carte ou de flèche pour vous donner la bonne direction. Aussi, deux autres choses qui pourront vous frustrer : la rapidité avec laquelle vous allez remplir votre inventaire et les objets à identifier. En effet, alors que Diablo III offre un système de retour en ville gratuit, illimité et très pratique, Diablo II vous demande de posséder des parchemins de retour en ville pour retourner dans le hameau disposant d’un vendeur et pouvoir « vider vos sacs », car oui, ils se rempliront à une vitesse monstrueuse. En effet, chaque potion, parchemin, petit objet, prend de la place et ne peut être empilé. Dix potions prendront donc littéralement dix emplacements dans votre inventaire. De plus, les pièces d’armures ramassées ne seront pas identifiées (donc à équiper) avant de les avoir identifiées via un parchemin spécifique (ce dernier prenant évidemment une place dans les sacs). Là où Diablo III proposait plus de confort et de flexibilité (et moins de panne de rythme en devant vendre vos objets toutes les cinq minutes), Diablo II, aussi « Resurrected » qu’il soit, garde tout le paquet d’avant, y compris les choses qui frustrent et qui fâchent. « Oui, mais c’est pour mieux comprendre comment qu’on faisait avannnnt » me direz-vous, hé bien moi JE VOUS DIS MERDE, OK ?
Malgré ces petits écueils, l’expérience reste franchement bonne et surtout grâce à « la bascule » qui permet de switcher rapidement entre la version Legacy (du bon 800*600 avec du pixel crade dans tous les sens) et la nouvelle version remastered. Alors, je me suis surpris à franchement bien aimer jouer en version Legacy, mon amour pour le pixel art qui joue, probablement. Outre le fait de pouvoir jouer avec les graphismes d’antan, ce switch à la volée (touche G par défaut) permet de bien voir le super boulot qui a été abattu par Vicarious Vision pour tout améliorer et rendre le jeu très fluide tout en conservant la marque esthétique de la première version. Concernant nos oreilles, la mythique bande-son de Matt Uelmen n’a pas pris une ride, 21 ans plus tard. Est-ce parce qu’on n’a jamais vraiment arrêté d’écouter sa musique ? Peut-être bien. On évoquera également les 20 minutes supplémentaires de magnifiques cinématiques qui ponctuent l’aventure et participent à ce très réussi ravalement de façade.
