vous met dans la peau de Rémi Letam, un jeune homme d’une trentaine d’années, alors qu’il est interrogé par un homme au double menton spectaculaire. Ce dernier souhaite connaître les agissements de notre protagoniste depuis son entrée illégale en Hadéa. Pour poser un peu le contexte dans lequel se passent les événements du jeu, Hadéa est en proie à une guerre civile opposant les deux grandes religions du pays : les sabiniens et les palomistes. Et c’est dans ce pays ravagé par une guerre qui prend des airs de nettoyage ethnique, avec des atrocités commises dans les deux camps, que notre héros cherche sa famille.
Bien que présentant des technologies actuelles, la chronologie du jeu place les événements relatés au début des années 90. Ce qui rend difficile le fait de ne pas faire le lien avec le conflit de Bosnie-Herzégovine ayant eu lieu à la même époque, et durant lequel des crimes de guerre similaires ont été commis. Vous l’avez compris, Hell is Us ne respire pas la joie de vivre. Au contraire, c’est plutôt le genre d’œuvre qui vous fait réaliser qu’une sombre merde sommeille en chacun d’entre nous. Et comme si cela ne suffisait pas, des créatures étranges, les trucs blancs du trailer, errent dans le pays, attaquant toute personne passant à proximité.
Assez rapidement, la quête de Rémi va prendre une autre envergure, l'amenant à explorer l'histoire sanglante d'Hadéa, marquée depuis des siècles par la haine que les sabiniens et les palomistes ont entre eux. L’histoire de Hell is Us se suit avec plaisir et intérêt, et la plongée dans l’histoire de ce pays fictif est passionnante. Cerise sur le gâteau, le fait de ne pas être pris par la main rend la découverte de chaque indice et lieu réellement satisfaisante.
Rémi sans famille
Se présentant comme un jeu d'action/aventure non-linéaire, Hell is Us ne propose cependant pas un monde ouvert, comme cela semble être devenu la norme ces derniers temps. Pour son titre, Rogue Factor a choisi de découper son jeu en différentes zones, chacune ayant une identité bien marquée. Si cela implique des chargements à chaque changement de zone, cela a également le mérite de nous épargner les vastes zones inutiles à traverser pour aller d’un point A à un point B.
Les différentes maps, de taille moyenne, sont denses et bien pensées. Elles regorgent de recoins dans lesquels il est facile de se perdre, et d’énigmes à résoudre. Notez que si Hadéa est en pleine guerre civile, vous n'affronterez aucun humain durant votre périple et vous n'assisterez à aucune bataille. Hell is Us s'intéresse aux causes et conséquences de la guerre plutôt qu'à la guerre en elle-même.
Détective Rémi Letam
Pour retrouver sa famille, Rémi va devoir mener l'enquête et glaner des infos. Et vu le peu d'informations que vous avez au départ, la tâche s'annonce ardue. D'autant plus que le titre fait l'impasse sur les marqueurs d'objectifs et autres boussoles magiques. Il ne propose même pas de carte... et c'est diablement rafraîchissant. Le jeu ne vous dit jamais exactement quoi faire ou comment remplir votre objectif, c'est à vous de faire vos déductions avec les infos en votre possession. Ces dernières s'obtiennent via des PNJ ou des documents récupérés ça et là. Et si vous trouvez que cela fait beaucoup à retenir, pas de panique : Rémi note toutes les informations importantes sur sa tablette. Cette dernière sert aussi à gérer votre inventaire et voir l’état de votre progression. Hell is Us n'est pas un jeu qui se rushe. Il s'explore avec minutie, car passer à côté d'une info ou d'un PNJ peut bloquer votre progression. Cela étant dit, nous n'avons jamais été bloqués, le titre offrant souvent plusieurs moyens d'avancer. Garder les yeux ouverts et consulter la tablette régulièrement vous permettra d’avancer, la progression étant fluide et organique.
“Vous pouvez pas vous aimer les uns les autres, bordel de merde !” Jésus Christ
Comme dit plus haut, des créatures étranges, dites “limbiques”, errent dans le pays, et ce sont ces dernières que vous affronterez dans le jeu. Rémi sait manier les armes à feu, mais il abandonnera rapidement son pistolet, ce dernier étant inutile contre ces monstres. Il lui préférera les armes limbiques, qui sont les seules efficaces contre cette menace. Prenant la forme d’épées (à une ou deux mains), de haches ou d’armes d’hast, elles imposent le combat au corps-à-corps. Et ce sont elles qui prennent de l’expérience au combat, profitant d’une augmentation de statistiques à chaque montée de niveau.
Pour chacune de ses armes, Rémi dispose d’une attaque légère et lourde (qu’il peut charger). Il est également possible de leur ajouter des capacités via des glyphes. Il y en a 5 types : rage, terreur, chagrin, extase et neutre. Chaque type de glyphe est associé à un type d’attaque, remplaçant les éléments habituels. Et si les quatre premiers ne peuvent être équipés que sur les armes correspondantes, les neutres s’adaptent à toutes. Pour compléter son arsenal, Rémi dispose aussi d’un drone qui dispose de diverses capacités offensives et défensives, via l’ajout de modules.
Carré et efficace, le système de combat de Hell is Us se repose sur des bases classiques, en y ajoutant quelques subtilités intéressantes. Un bon exemple de cela est l’impulsion de guérison. Lorsque vous donnez un coup, de l’énergie limbique s’accumule autour de Rémi, et en appuyant sur R1 au bon moment, cette dernière le soignera. Et plus il enchaîne les coups, plus les soins sont importants. Cette mécanique de gameplay vous impose d’attaquer pour vous refaire une santé, d’autant plus que les objets de soin sont rares.
Le bestiaire de base est limité, ne comptant que cinq créatures différentes. Cela dit, Rogue Factor a réussi à garder de la fraîcheur tout du long grâce à deux éléments. Le premier est la présence des “hazes”. Ce sont des entités spectrales liées à certains ennemis et associées à l’une des quatres émotions citées plus haut. Et c’est en variant les combinaisons que le jeu arrive à rester frais et surprenant jusqu'à la toute fin de l’aventure.
“J’aime taper” Garth
Techniquement, Hell is Us est propre, sans en mettre plein la vue, répondant aux standards actuels. Mais la direction artistique permet au titre de se démarquer, en donnant à chaque zone du jeu une ambiance propre, notamment en les plaçant à différents stades du conflit. Certaines sont occupées, avec les forces d’occupation qui s’adonnent à leur crime de guerre favori, d’autres sortent tout juste du conflit ouvert, les ruines étant encore fumantes. Vous visiterez même une zone épargnée par la guerre, ayant un air de paradis sur Terre. Cette simple idée apporte de la variété. Le travail est effectué sur la musique, et le design sonore en général est lui aussi très réussi. Les notes lancinantes, à base de synthétiseur, soutiennent efficacement la narration.
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