Mais d'abord, un peu d’histoire. Si aujourd’hui nous sommes très bien lotis en matière de RPG, il fut un temps où ce n’était pas le cas. En 1999, l’Europe n’était pas la priorité du marché, et ainsi nous sommes passés à côté de beaucoup de titres. Nous n’avons donc pas eu droit à de nombreux titres comme
Xenogear, le premier
Parasite Eve,
Chono Trigger ou encore sa suite spirituelle, notre sujet d’aujourd’hui :
Chrono Cross. Hé oui, à l’époque, si vous aviez la chance d’avoir Game One, vous connaissiez ces titres et baviez devant pendant la diffusion des clips. Si vous étiez équipés et parliez anglais ou japonais, alors vous pouviez jouer, mais ce n’était vraiment pas simple.
Top chrono
Et dès les premières minutes, Chrono Cross est un vrai reflet de cette époque. Un effet doudou, nostalgique, nous envahit alors. Mais malheureusement, c’est aussi l’occasion de remarquer que nous avons affaire à un remaster très fainéant. Même si on salue la localisation française, techniquement le jeu de base n’a bénéficié que d’un lissage graphique. Grâce aux systèmes modernes, les temps de chargement sont grandement réduits, mais c’est tout de même très peu d’effort. Mais l’intérêt d’un jeu comme Chrono Cross n’est pas dans sa technique. Il est ailleurs, et force est de constater que la magie opère toujours. Vous incarnez Serge, un jeune homme qui vit dans un petit village bien tranquille. Un jour, Serge s’évanouit et quand il se réveille il se trouve dans un monde identique au sien, à la différence que personne ne le connaît. Pire encore, il apprend que dans ce monde il est mort lorsqu’il était enfant.
Vous l’aurez compris, comme Chrono Trigger se basait sur les voyages dans le temps et les uchronies, Chrono Cross se base sur les mondes parallèles. Le voyage entre les mondes parallèles sera d’ailleurs une mécanique plus tard dans l’aventure pour progresser. C’est pour ça que l’on parle de suite spirituelle : l’aventure de Chrono Cross se déroule en parallèle à celle de Chrono Trigger, et non à sa suite. Nous avons affaire à une histoire intéressante, à des personnages attachants et à une aventure qui nous accroche très vite. C’est un réel plaisir de se replonger dans cette époque du JRPG qui en a marqué plus d’un et qui a définit les codes du genre. On comprend aussi vite pourquoi nous avons un remaster et non un remake. Un remake de Chrono Cross serait de la même ampleur que celui de Final Fantasy 7, donc croyez-moi, ce n’est pas près d’arriver.
Cross roads
En termes de système de jeu, nous sommes face à un tour par tour classique avec de petites subtilités. Dans un tour, un personnage a 7 points d’endurance qu’il peut utiliser comme il veut. Il est possible de faire plusieurs attaques, mais chacune consomme de l’endurance. Plus une attaque consomme de l’endurance, plus elle est précise, mais moins elle est puissante. Sachant qu’en plus, plus on attaque, plus la précision augmente. Ce sera donc à vous d’alterner habilement pour être le plus efficace possible. Il n’y a pas de points de magie ou de consommation d’objets durant les combats. Non, il y a des éléments qui s’assignent à des personnages bien précis et qui ne peuvent être utilisés qu’une seule fois par combat.
C’est avec ces éléments que l’on bâtit sa stratégie. Hé oui, on parle bien de stratégie car elle est liée à la difficulté. Comme dans tout RPG à l’ancienne, vous trouverez le tout dur si vous rushez. Cependant, si vous êtes bien préparé vous ne rencontrerez aucun problème. Car bien sûr on monte de niveau, on s’équipe plus efficacement et on progresse en harmonie avec l’aventure. Rien à dire à ce niveau, c’est toujours efficace et c’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup de titres utilisent aujourd’hui des mécaniques similaires. On pourrait reprocher cependant un manque d’explication de la part du jeu. Hé oui, à l’époque, un premier combat n’était pas l’occasion d’avoir un tutoriel bien détaillé. Non, à l’époque, on lisait le livret. Mais honnêtement, ce n’est pas vraiment un problème.
Serge le myth(o)
Tout d’abord parce que tout dans Chrono Cross est très instinctif et on découvre le tout avec énormément de facilité. Ensuite, parce qu’à une époque où on encense des Elden Ring et autres Souls parce qu’ils ne prennent pas le joueur par la main, en quoi le fait que Chrono Cross ne le fasse pas non plus serait un problème ? En fait, le vrai problème de Chrono Cross, c’est qu’il porte la marque de son temps. Tout fait penser à la fin des années 90, de l’interface aux décors en passant par les graphismes. C’était le top du top en 1999, mais ce n’est plus le cas en 2022. Alors les vieux apprécieront et sauteront sûrement sur l’occasion de se faire une cure de nostalgie. Mais pas sûr que ça puisse attirer des joueurs plus jeunes et donc un nouveau public. Nous sommes face à un monument de l’histoire du jeu vidéo et, même s’il est dispensable, on apprécie aussi l’ajout du contenu Radical Dreamers, un visual novel ayant servi de base à Chrono Cross.