Test : Dragon's Dogma 2 - PC

Dragon's Dogma 2 - PC
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Douze longues années se sont écoulées depuis le premier Dragon's Dogma. Le monde du jeu vidéo a bien changé, en particulier en matière de jeux en monde ouvert où des titres comme The Witcher 3, Breath of the Wild (et sa suite), Red Dead Redemption 2 ou encore Elden Ring ont considérablement chamboulé les attentes. Pourtant, Hideaki Itsuno et son équipe de Capcom livrent enfin Dragon’s Dogma 2, un jeu déployant ses propres règles mais qui ne dérive pas énormément du premier opus.

Test effectué à partir d'une version PC

Outre son aspect ultra classique en ce qui concerne la représentation de l’heroic fantasy dans le jeu vidéo, Dragon’s Dogma 2 se distingue notamment par les nombreuses nuances du genre qu’il parvient à mettre en avant. Pour la petite histoire, un dragon (LE dragon) a volé votre cœur et vous a transformé en ce qu’on appelle « L’Insurgé », un être tout puissant capable de contrôler les Pions, des êtres faits de chair et de sang, capables de voyager à travers des mondes parallèles et ne répondant qu’à votre appel. Après votre rencontre avec ce fameux lézard, vous vous réveillez amnésique et cherchez à comprendre pourquoi vous avez perdu la mémoire et qui est l'imposteur assis sur votre trône. Si la campagne principale est « relativement » captivante, le vrai fun de Dragon’s Dogma 2 réside dans l’exploration de ce monde ouvert, classique, un poil vieillot parfois, mais efficace.

"Un dragon ? Encore ?!"

À la manière des cadors du genre, le jeu appelle à l’exploration : partez dans n'importe quelle direction et scrutez les alentours, il y a toujours quelque chose d'intéressant à découvrir. Même si on peut parfois avoir l'impression que le monde de Dragon’s Dogma 2 est un peu restreint, il suffit de tourner un coin pour tomber sur un donjon mystérieux, une quête inattendue, un ennemi (souvent beaucoup, voire trop d’ennemis) ou une vue à couper le souffle. Le monde n'est pas forcément gigantesque comme peut l’être celui de Zelda, mais il est dense et regorge de secrets sympas à découvrir. Cela est rendu possible par la conception même du monde, qui vous guide subtilement vers des points d’intérêt et c’est toujours agréable d’avoir l'impression de tomber par hasard sur quelque chose, pour réaliser ensuite que des indices soigneusement placés dans l'environnement vous y ont conduits sans que vous ne vous en rendiez compte. Cette fois-ci, les Pions sont également plus doués pour vous donner des indices et vous mener vers des objets de valeur. Ils ont également une gouaille plus aiguisée que dans le premier jeu, mais on a souvent envie de les noyer dans la rivière la plus proche pour les faire arrêter de parler. En parlant de Pions, au début de la partie, vous créerez celui qui vous accompagnera tout du long de l’histoire sans jamais vous quitter, et vous pourrez en recruter jusqu'à deux autres, qui sont les créations des autres joueurs et qui se baladent entre les mondes. Il faut savoir que ces deux Pions supplémentaires n’évoluent pas, ce qui vous oblige à changer dès que vos personnages principaux gagnent en niveaux.

Dragon's Dogma 2

Ce ne sont pas seulement les points d'intérêt individuels qui rendent l'exploration de Dragon’s Dogma 2 si plaisante. La rencontre entre les différents systèmes de jeu et la conception du monde donne lieu à une multitude d'événements fascinants se produisant de manière organique. Fuir un monstre trop puissant pour vous pourrait le mener en ville et forcer la garde urbaine à se battre, au prix de la vie de PNJ importants et de les perdre pour votre partie. Vous pouvez aborder les problèmes d'une manière que la plupart des jeux ne permettraient jamais, ce qui rend le déroulé du jeu addictif mais est terni par des quêtes assez inintéressantes, mal guidées, mal conçues et franchement sclérosées par des scripts qui ne fonctionnent pas bien.

Dragon's Dogma 2

"Il est temps de faire une pause... et de trier mon inventaire."

Un autre changement majeur par rapport au premier Dragon's Dogma saute aux yeux dès que vous entrez dans une ville. Les cités de cette suite sont animées et regorgent de commodités : quêtes à accomplir, trésors cachés à dénicher... Faites halte à une auberge pour passer la nuit, changez vos compétences ou votre classe, améliorez votre équipement chez le forgeron, ou rendez-vous dans la crypte pour ramener à la vie un citoyen récemment décédé. De quoi rendre la nécessité de vous rendre en ville assez importante et la faire apparaître comme un refuge aux yeux des joueurs, notamment après de dangereuses pérégrinations dans la pampa. Chacun de vos déplacements hors de la ville doit être planifié et relativement réfléchi. Il est déconseillé d'oublier votre équipement de camping (jusqu'à ce que vous vous reposiez à une auberge ou à un campement, les dégâts subis réduisent votre santé maximum), une pierre de Téléportation et une de Réveil. Vous ne savez jamais quand vous devrez impérativement vous téléporter ou bien même ressusciter un PNJ dont la mort inattendue aurait bloqué la suite d’une longue série de quêtes. 

Dragon's Dogma 2

Un open-world en open-bar

Le côté gameplay émergent passe une tête dans Dragon’s Dogma 2 sans pour autant y aller à fond comme l’a fait un Breath of the Wild. Cependant, le titre de Capcom met ici l’accent sur certains bouts de mécaniques de gameplay vous permettant d’influer directement sur la résolution d’objectifs. Besoin d'un objet pour une quête ? Vous pouvez en faire faire une contrefaçon et garder l'original pour vous. Une personne a disparu ? Elle pourrait connaître un sort horrible si vous vous laissez distraire pendant vos recherches. Deux personnes se battent en duel dans la rue ? Ramasser physiquement l'une d'elles pourrait séparer les combattants, mais vous pouvez aussi les laisser terminer leur duel ou même intervenir et les affronter vous-même. Cependant, aussi palpitante et libératrice que puisse être l'approche de Dragon’s Dogma 2 en matière de choix et de résolution de problèmes, elle peut également être source de frustration. L'accent mis sur les conséquences réelles des choix basés sur le gameplay peut être un peu déroutant au début, après tant de jeux qui nous ont habitués à autre chose. En effet, j’évoquais certaines quêtes mal guidées ou mal conçues, mais c’est aussi le jeu qui ne nous apprend jamais à filouter pour réussir certaines épreuves plus facilement. On aurait au moins aimé quelques indices dans ce sens pour éviter de perdre du temps et prendre conscience, dès les premières heures de l’aventure, des possibilités qui nous sont offertes. 

Dragon's Dogma 2

Pions : Chair à canon, à votre service

Le combat était considéré comme un point fort du premier Dragon's Dogma, et sa suite contribue à l’améliorer. Les combats dans Dragon’s Dogma 2 nécessitent d’être approchés avec finesse puisque la plupart des classes ne peuvent pas simplement esquiver les attaques ennemies (à part le Voleur). Vous devez donc vraiment prêter attention aux schémas d'attaques des adversaires et déterminer d'où et quand il est préférable de frapper, un choix qui diffère généralement selon la classe que vous utilisez. Un Mage peut vouloir léviter pour se mettre hors de danger et soutenir ses alliés à distance en raison de son long temps d'incantation, tandis qu'un Guerrier ne demande rien de mieux que de rester au cœur de l'action avec son bouclier pour le protéger. Bien évidemment, il est toujours possible de grimper sur les grands ennemis pour directement attaquer les points faibles de la bête. Si les combats sont globalement chouettes à faire, ils restent très brouillons au corps-à-corps, la faute à une distance de caméra trop faible et des effets d’attaques qui se superposent, rendant l’action difficile à lire. Sachez que votre expérience de jeu variera grandement que vous jouiez une classe de corps-à-corps ou une à distance.

Dragon's Dogma 2

Faire des classes uniques et plus spécialisées que dans le premier jeu a été une excellente décision qui donne envie d'expérimenter chacune d'elles. Un Illusioniste n'infligera peut-être pas beaucoup de dégâts seul, mais sa capacité à duper les ennemis le rend précieux face à de grands groupes d'adversaires. En attendant, un Voleur excelle à grimper sur de gros ennemis et à infliger des dégâts massifs à leurs points faibles. Certaines classes (dont une dont je tairai le nom) restent très (voire trop) puissantes et déséquilibrent un peu l’intérêt d’en choisir d’autres. En attendant d’éventuels patchs d’équilibrage, il est préférable que vous choisissiez celle que vous aimez jouer en termes de gameplay plutôt qu’en termes de résultats.

Dragon's Dogma 2

Techniquement, le jeu utilise le RE Engine, toujours de bonne qualité et qui met à l’épreuve la fréquence d'images dont les chutes sont fréquentes et imprévisibles (à cause de l’affichage des PNJ à l’écran). Les résultats sont encore différents entre les environnements consoles et PC, alors faites bien attention sur ce point. Enfin, au niveau des réclamations, la controverse autour des microtransactions a déjà rendu son verdict et sapé l’appréciation Steam du jeu de quelques niveaux. Cependant, le problème ne réside pas vraiment là étant donné que ces micro-achats sont complètement superflus : tout ce qui peut être obtenu grâce aux microtransactions est également accessible assez facilement en jouant. Il n'y a pas eu un seul moment dans Dragon’s Dogma 2 où l'achat d'une microtransaction aura un quelconque impact sur votre expérience de jeu.

Dragon's Dogma 2

Tout comme son aîné, Dragon’s Dogma 2 est un jeu polarisant et n’est définitivement PAS fait pour tout le monde. Il s'appuie sur les éléments qui ont fait du premier jeu un classique culte et n'hésite pas à adopter des approches différentes de celles des jeux que nous mentionnons plus tôt et qui ont redéfini le genre du monde ouvert. Pourtant, on se retrouve constamment ravi et surpris à chaque session de jeu, des sentiments qui sont devenus plus fréquents au fur et à mesure de la progression dans l’aventure. Situé au croisement d’un Dark Souls et d’un Death Stranding, Dragon’s Dogma 2 est un jeu qui vous le rend bien si vous prenez le temps d’être patient et de lui faire confiance pour vous offrir des moments d’exploration et de découverte marquants. Il faudra passer outre des quêtes souvent mal conçues, des scripts assez ignobles, des ennemis en surnombre qui n’arrêtent pas de foncer sur vous ou encore une gestion de l’inventaire digne des meilleurs jeux Bethesda (foutraque, au mieux).
08 avril 2024 à 13h36

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Points positifs

  • Un sentiment de découverte permanent
  • Le RE Engine offre de belles choses
  • Si vous aimez la nature, c’est top
  • Des combats épiques
  • De nombreuses classes, de quoi trouver votre bonheur
  • Un monde dense avec ses choix et ses conséquences
  • La nuit noire agit comme un élément de gameplay (enfin, une lampe sert à quelque chose)
  • Le système de Pions, toujours aussi amusant, fonctionne très bien

Points négatifs

  • Certaines textures ne font pas honneur au jeu
  • Les quêtes floues et mal conçues
  • Des scripts au comportement étrange
  • Un manque d’immersion dès qu’on est en contact avec des PNJ
  • Trop d’ennemis, tout le temps
  • Une gestion peu pratique de l’inventaire
  • Microtransactions superflues

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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