Pour ceux du fond qui n’auraient pas suivi,
Microsoft Flight Simulator est un simulateur de vol (c’est littéralement son titre), à ne pas confondre avec
Microsoft Combat Flight Simulator, autre licence de
Microsoft, axée sur le combat aérien cette fois-ci, en sommeil depuis 2002. Ici, votre objectif principal est de voler et d’admirer le paysage. Vous sélectionnez votre aéronef, un point de départ, et c’est parti pour une balade au-dessus du Nil, de la forêt amazonienne ou des Alpes. Si c’est de l’action que vous cherchez, nous vous orienterons plutôt vers des titres comme
DCS ou
Ace Combat, suivant le degré de réalisme recherché.
Avec ses 150 Go de téléchargement, sans compter les contenus additionnels, MSFS 2020 nous demandait de télécharger la planète, occasionnant un temps d’installation gargantuesque. Alors, avec ces 11 Go de téléchargement initiaux, MSFS 2024 suscite une certaine méfiance. Est-ce la petite noisette de vaseline destinée à faire passer un téléchargement de 200 Go ou plus ? Hé bien pas du tout. Car malgré un rendu encore amélioré par rapport au précédent jeu, cette édition 2024 ne pèse “que” 50 Go. Et nous devons cette perte de poids drastique aux serveurs Azure de Microsoft, qui se chargent de streamer le monde du jeu. Cela présente l’avantage d’être moins demandeur pour votre machine en plus de rendre le jeu plus fluide. En revanche, cela vous demande d’avoir une connexion internet de 10 Mbps minimum pour avoir un décor, et de 50 Mbps pour profiter du meilleur rendu.
C’est aussi l’emploi de cette technologie qui a engendré les problèmes lors du lancement du titre, les serveurs n’ayant pas pu encaisser la masse des joueurs. Cela étant dit, nous n’avons eu aucun problème de notre côté. Le jeu s’est toujours lancé et a toujours affiché les décors correctement. Il reste maintenant la question de la disponibilité des serveurs. C’est bien simple : le jour où Microsoft décide de les fermer, il n’y a plus de MSFS 2024. Il est important de garder cela en tête avant d’acheter le jeu. Si cela vous pose un réel problème, nous vous recommandons plutôt MSFS 2020.
La principale nouveauté de cet opus est son mode carrière. Celui-ci vous propose de passer diverses certifications de pilote, vous permettant d’apprendre un aspect différent du pilotage, qu’il s’agisse d’avions ou d’hélicoptères. Chacun de ces brevets vous permet de débloquer des avions et/ou types de missions. Une fois votre licence de pilote professionnel en poche, vous pourrez vous faire payer pour ces missions. Le but est alors d’accumuler du capital pour ouvrir votre compagnie aérienne et devenir le maître des airs.
Au fil de vos missions, vous gagnerez de l’expérience et accumulerez des heures de vols et des faits d’armes, vous permettant de débloquer des spécialisations qui sont autant de types de missions différentes. Vol de tourisme, fret, transport de passagers, parachutisme et secours de blessés sont quelques exemples de missions que vous aurez l’occasion d’effectuer. Le début de la carrière est répétitif, peu de types de missions étant disponibles. Mais en persévérant, vous débloquez de nouvelles spécialisations, et donc de nouvelles missions.
Mais c’est lorsque vous ouvrez votre première compagnie aérienne que la campagne révèle son plein potentiel. Pour ce faire, vous devrez acheter une licence et un avion. Vous aurez alors accès à deux catégories de missions : salarié et indépendant. Vous gagnerez bien plus avec les secondes, mais tous les frais seront à votre charge. À vous d’assurer l’entretien de vos appareils, de payer l’essence et de régler les frais d’assurance. Votre manière de piloter aura une incidence sur ces dépenses : si vous malmenez votre avion, les frais d’entretien s’envoleront et votre réputation en souffrira, ce qui causera une augmentation du prix de votre assurance.
Malgré un début poussif, le mode carrière de Microsoft Flight Simulator 2024 est bien pensé, offrant un sentiment de progression plaisant. Il reste cependant plombé par des bugs (sur lesquels nous reviendrons plus tard), et un choix douteux concernant les voix. En effet, Asobo et Microsoft ont opté pour des voix synthétiques générées par intelligence artificielle.
“Je suis vraiment impressionné” (à lire avec la voix la plus plate et insipide qui soit)
Autant nous pouvons comprendre le recours à l’IA pour la modélisation du monde (je vous rappelle que c’est l’intégralité de notre bonne vieille planète Terre qui est modélisée en taille réelle ici), autant la génération des voix est à la fois injustifiée et catastrophique. La vidéo ci-dessous résume bien en quoi les voix sont ratées, illustrant le genre d'aberrations qu’une intelligence artificielle est capable de produire. Si le recours à l’IA sur ce segment du jeu est conduit par une volonté d’abaisser les coûts de production, le résultat obtenu n’est pas à la hauteur. Et c’est d’autant plus dommage que la variété des dialogues n’est pas non plus au rendez-vous, les mêmes répliques tournant en boucle. À ce tarif là, il aurait été préférable de garder un doublage humain, quitte à garder la voix anglaise pour toutes les versions du titre. Ce qui aurait permis de faire travailler quelques doubleurs au passage.
Fly me to the moon
Sur les sensations de vol, on reste sur les mêmes bases que l’édition 2020. Autant vous dire que c’est du solide. Et s’il reste difficile de parler de réalisme (je ne suis pas pilote d’avion, après tout), l'ensemble est très cohérent et vraisemblable. Les différents coucous ont leur propre physique et elle se ressent bien lorsque l’on tient le manche. Les lois de la physique sont respectées, et ça c’est une bonne nouvelle. Au-delà du comportement des avions, les différentes procédures sont aussi simulées. Pour la première fois dans la série, vous pouvez démarrer vos vols à l’extérieur de l’avion, pour en retirer les différentes protections et les cales, avant de vous installer dans le siège du pilote. De là, vous pouvez lancer votre checklist de départ et contacter le contrôle aérien qui, au passage, est bien géré.
Nous l'avons rapidement évoqué plus haut, le lancement de Microsoft Flight Simulator 2024 a été chaotique, de nombreux joueurs n’étant pas en capacité de lancer le jeu plusieurs jours après sa sortie. Si nous n’avons pas rencontré ce problème, d’autres se sont manifestés lors de nos vols. Malgré une connexion fibre, nous avons eu des problèmes de streaming impactant l’affichage des décors. C’est gênant, mais cela ne vous empêche pas d’arriver à destination.
Les missions du mode carrière souffrent davantage de ce manque de finition. En effet, nous avons eu des problèmes de validation de checkpoint, empêchant la progression et la validation de la mission. Nous avons aussi eu la surprise d’avoir des marqueurs nous indiquant la mauvaise piste d'atterrissage. Un autre bug frustrant est l’attribution arbitraire de pénalité de “performance aviateur”. En effet, nous avons été pénalisés pour avoir survolé des aéroports qui n’existent pas sans avoir prévenu, entre autres choses. Ces pénalités impactent négativement votre réputation, sur laquelle est basé le calcul des bonus de rémunération et le tarif de vos assurances.
Une fois qu’on a dit ça, nous sommes tout de même obligés de reconnaître l’ambition du titre. Si Flight Simulator a reproduit notre planète en taille réelle, cette édition 2024 lui a donné la vie. Pour la première fois, nous pouvons observer le personnel de l’aéroport travailler. On se rend vite compte qu’ils errent sans but dans l’aéroport, mais cela contribue tout de même à animer la zone. En décollant d’Antsirabe (Madagascar), nous avons même pu observer un troupeau de vaches en bord de piste. De même, le trafic routier est plus dense et crédible que jamais.
Visuellement, les développeurs d’Asobo Studio se sont retroussés les manches pour permettre à cette édition 2024 de franchir un nouveau cap. Cela passe par une multitude de petits ajustements et détails. J’ai survolé les villes d’Eauze et Bretagne d’Armagnac, perdues au fin fond du Gers, comme je l’ai fait dans tous les épisodes précédents auxquels j’ai pu toucher. Et pour la première fois, elles sont reconnaissables. Les rues et bâtiments principaux sont là, à leur place. En 2D, certes, mais ils sont là (il y a même ma baraque, bordel !). En bref, Microsoft Flight Simulator 2024 est somptueux. Et si le résultat est un peu en dessous sur Xbox Series X, le titre reste tout de même impressionnant sur la console de Microsoft.
Si les modes carrières et vol libre vous permettront d’admirer le travail d’Asobo, c’est avec le mode Photographe du monde et les vols de découverte que vous en profiterez pleinement, ces derniers mettant en valeur différents lieux intéressants et particulièrement soignés. Et si vous êtes en recherche d’adrénaline, des défis sont également disponibles. Nous retenons les défis de vols en basse altitude, particulièrement grisants.
Vient maintenant la question de l’accessibilité. Si, Xbox Series oblige, le titre est jouable à la manette, la quantité astronomique de contrôles à caser sur un si petit contrôleur fait que la chose n’est pas intuitive. Cela va de soi pour une simulation de vol, mais nous vous conseillons plutôt l’utilisation de joystick ou, mieux, d’un hotas. Nous avons effectué notre test avec un Thrustmaster TCA sidestick Airbus Edition couplé à deux TCA Quadrant et un TCA Quadrant Add-on, tout en gardant le clavier pour certains contrôles complémentaires et la souris pour la caméra et l’interaction avec le tableau de bord. Oui, c’est un joyeux bordel.
Surtout qu’une fois votre équipement monté et branché, il faut encore le paramétrer. Et les profils de commandes étant difficilement trouvables (nous n’en avons pas trouvé), il vous faudra définir la quantité astronomique des commandes disponibles. Et il faudra le faire pour chaque avion. À titre d’information, après une vingtaine d’heures de jeu, nous ajustons encore des contrôles à l’occasion. Il y a clairement des progrès à faire de ce côté-là.
Un autre souci est l’absence de certains segments de didacticiels. Par exemple, le titre vous apprend à suivre une trajectoire VOR, mais pas à la paramétrer. Si jamais vous devez le faire manuellement, vous ne sauriez pas où trouver la fréquence de la balise VOR, ni comment la rentrer dans l’ordinateur de bord. Il en est de même pour l’ordinateur de bord, justement. Aucune explication, ni aucun manuel ne sont proposés en jeu. C’est pas comme si le
manuel du Garmin G1000 était disponible au tout venant sur Internet (de rien). De manière générale, il aurait été judicieux de proposer une documentation écrite approfondissant les notions abordées lors des tutos in-game, comme le faisait
Microsoft Flight Simulator 2004.