Killing Floor 3 conserve le cœur de sa recette gagnante : affronter des hordes incessantes de créatures mutantes, les fameux Zeds. Les combats, intenses et viscéraux, tournent toujours autour du célèbre « Zed Time », un slow-motion dramatique qui ralentit l’action, permettant d’éliminer méthodiquement les ennemis proches. Cette mécanique emblématique reste grisante, et le nouveau système « M.E.A.T. » sublime encore davantage cette violence graphique. Les cervelles explosent, les membres se détachent avec une précision morbide, et chaque affrontement procure une satisfaction immédiate. Toutefois, ce plaisir coupable finit par s’essouffler après une dizaine d’heures, notamment en solo ou sans une équipe régulière à ses côtés.
Parmi les nouveautés, on trouve le hub Stronghold, véritable base stratégique où l’on prépare chaque mission et sélectionne l’un des six spécialistes disponibles (du Ninja furtif à l’Engineer méthodique en passant par le Medic salvateur). Chaque personnage propose un style distinct, apportant une touche tactique bienvenue. On y peaufine également ses améliorations d’équipement, ce qui dynamise agréablement les préparatifs avant chaque carnage.
Plus de perks, moins de pep’s
Tripwire mise également sur un système de progression granulaire : chaque spécialiste peut monter jusqu’au niveau 30, déverrouillant de nouveaux perks et options d’armement tous les deux niveaux. L’idée est bonne, offrant une profondeur intéressante, mais sa mise en œuvre est lourde. Entre les objectifs quotidiens interminables, les mods élémentaires (feu, électrique, acide) et un battle-pass imposé, l’ensemble devient vite laborieux. Cette complexité nuit au plaisir immédiat et donne parfois l’impression d’être coincé dans une boucle répétitive, loin de l’efficacité directe des premiers épisodes.
Le maniement des armes, quant à lui, manque cruellement de sensations. Malgré une personnalisation visuelle et sonore très poussée, le ressenti reste creux, presque artificiel. Les effets audios des tirs sont étrangement légers, à la limite du jouet, ce qui tranche fortement avec la brutalité visuelle du jeu. Même les marqueurs de tir, nécessaires mais perturbants, n’arrivent pas à sauver cette faiblesse fondamentale du gameplay.
Ambiance rebootée, charme en berne
Sur le plan artistique, Killing Floor 3 change de cap et s'oriente vers un univers post-apocalyptique plus futuriste, aux inspirations clairement sci-fi horrifique. Les cartes sont plus vastes, intégrant verticalité, tyroliennes et tourelles automatiques pour dynamiser davantage les combats. Le visuel global est incontestablement réussi, mais quelque chose s’est perdu en route. En voulant moderniser son identité, le jeu perd une grande part du charme brut et déjanté des précédents opus. Les délires décalés comme la chasse au clown explosif ou l’ambiance grindhouse, si caractéristiques, sont désormais très atténués. Le résultat est certes uniforme et bien produit, mais nettement moins attachant.
Côté multijoueur, la déception est réelle. Des fonctionnalités pourtant essentielles manquent cruellement à l’appel dès la sortie : pas de chat textuel sur PC, ni de navigateur indépendant de serveurs. Ce choix limite drastiquement l’aspect communautaire, pourtant fondamental pour un jeu axé sur le coopératif en ligne.