Test : Cloverpit - PC

Cloverpit - PC

Cloverpit - PC

Genre : Roguelite hasardeux

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CloverPit propose un pari osé : faire d’une machine à sous le cœur d’un rogue-lite sombre et oppressant. Le résultat est singulier, mais le jeu met du temps à révéler son réel potentiel.

Test effectué à partir d'une version PC

Dès les premières minutes, on se retrouve enfermé dans une cellule crasseuse, seul face à une machine à sous imposée et un endettement à régler pour survivre. Le jeu structure chaque « deadline » en trois rounds, chacun vous offrant un nombre de tirs de spins fixe (souvent trois ou sept tirs de manette), et on doit réunir assez de pièces pour passer à l’étape suivante. Les premiers runs s’avèrent souvent cruels : la machine semble travailler contre vous, avec des gains minces, des symboles maudits et un compteur de dettes qui monte sans concession. On peut avoir le sentiment d’un déséquilibre : l’intérêt versé sur les dépôts entre rounds paraît trop faible au début pour vraiment changer la donne. C’est ce démarrage qui freine l’immersion : on répète les mêmes boucles, en espérant qu’un bonus débloqué ou une combinaison chanceuse change la donne. Pendant un moment, le jeu paraît lâche avec ses récompenses. Mais petit à petit, à force de jouer, certains effets de charme s’imbriquent, des synergies émergent et la machine cesse d’être un adversaire immuable pour devenir un terrain à exploiter.

Le cœur du système : charme, synergies, combos


Sous cette façade minimaliste, CloverPit déploie un réseau de mécaniques très riche. Vous gagnez des tickets utilisables pour acheter des charms (qui prennent la forme de porte-bonheurs ou de talismans) dans une boutique opposée à la machine. Ces charms influent sur les probabilités, modifient les valeurs des symboles, donnent des spins bonus, boostent l’intérêt ou changent le comportement de la machine. On peut bâtir des builds centrés sur un symbole (cerises, diamants, citrons, etc), appliquer des multiplicateurs, supprimer les symboles faibles ou déclencher des effets complémentaires.

Cloverpit

Une fois qu’on commence à comprendre les interrelations, l’illusion de hasard se fissure : les choix stratégiques priment souvent sur la seule chance. Certains charms permettent d’augmenter le taux de jackpot garanti si on atteint un certain seuil de chance, ou encore d’augmenter l’intérêt accumulé entre rounds selon le nombre de lignes obtenues. Le jeu vous invite à « tricher » sur les règles qu’il impose pour les retourner contre lui. Tous les trois rounds, une ligne narrative intervient : un appel téléphonique propose un upgrade qui peut bouleverser le run (doubler les tickets, altérer les symboles ou redistribuer les cartes). Ces moments renforcent le sentiment de progression hors des simples spins. Cependant, le jeu introduit aussi un élément de punition sévère : obtenir trois “6” (le combo 666) annule les gains du round, ce qui peut s’avérer frustrant, d’autant qu’il survient plus souvent qu’on le souhaiterait dans certaines situations. Il arrive que des graines de run semblent presque impossibles à remonter selon les charms proposés. Enfin, côté rejouabilité, des “memory cards” débloquent des altérations de règles pour diversifier les runs (modifier le nombre de rounds, modifier les gains de tickets, etc). Mais ces cartes sont consommables et ne restent pas d’un run à l’autre, ce qui limite leur impact à long terme.

Cloverpit

Ambiance, esthétique et limites rythmiques

Visuellement, le jeu plonge dans un univers crade et oppressant : murs rouillés, éclairage vacillant, flaques de sang, objets inquiétants. La machine centrale pulse d’une énergie étrange, et les charms ajoutent une dimension visuelle à la cellule, la transformant en sanctuaire dégradé de votre survie. Au niveau sonore, le jeu joue beaucoup sur le minimalisme : les cliquetis, bips, grognements et souffle mécanique occupent souvent le terrain. Lors des pires moments (comme lorsqu’on perd tout à cause du combo 666), l’audio monte en tension, rendant la défaite presque personnelle. Mais là où l’ambiance est souvent réussie, le rythme pêche : l’impossibilité d’accélérer la machine à sous ou les animations de spin alourdit les runs répétitives. Répéter la même séquence : tirer le levier, voir les symboles défiler, attendre le résultat… finit par peser. On aurait bien le désir d’un mode “rapide” pour sauter ou hâter les animations de la machine.

Cloverpit

De plus, à force d’expérimenter, on remarque que les builds les plus performants tendent à se ressembler : multiplier un symbole, appliquer or/photo/effet, booster la chance… les stratégies divergentes deviennent rares. Certains runs finissent par reposer sur des recettes déjà éprouvées plutôt que sur une réelle diversité. Certaines runs semblent aussi insurmontables dès le départ, selon les charms offerts, ce qui peut limiter la tolérance à l’échec. Enfin, on ressent un peu un manque de finalité : le jeu donne l’impression de s’interrompre juste au moment où on commence à vraiment s’amuser, sans challenge ou objectif final qui dépasse le simple dépassement de deadlines.

Cloverpit

CloverPit n’est pas un jeu qui vous prend par la main. Il vous observe, vous met à l’épreuve et exige de vous que vous creusiez un peu avant d’accéder au plaisir profond qu’il recèle. Pour ceux qui aiment fouiner dans les systèmes, qui aiment renaître d’un run raté et qui ont la patience, il y a une pépite à découvrir. Mais si tu veux un rogue-lite qui te donne des coups de dopamine immédiats et constants, CloverPit peut paraître trop froid, trop long à monter en tension.
01 octobre 2025 à 10h35

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Points positifs

  • L’idée audacieuse de faire d'une machine à sous un vecteur d’exploration stratégique
  • La richesse des synergies entre charms et probabilités
  • Le sentiment, lorsqu’un run “clique”, de maîtriser le chaos
  • L’ambiance oppressante et l’esthétique forte
  • L’arc narratif léger via les appels téléphoniques, ajoutant un souffle entre les rounds

Points négatifs

  • Le démarrage trop lent, où le jeu peine à captiver
  • Le manque d’options pour accélérer les spins ou les animations
  • Le risque de convergence des builds sur une poignée de schémas dominants
  • Le combo 666 trop punitif, qui peut ruiner un run même bien mené
  • Le sentiment d’absence d’“endgame” ou d’objectif solide au-delà de la survie

Gribouillé par...

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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