Autant vous le dire tout de suite :
Sacrifice est une expérience inoubliable pour ceux qui s'intéressent à la stratégie. La magie est très présente, les combats sont nombreux, on doit construire quelques structures (par exemple les Manalithes pour se régénérer en mana, la seule ressource du jeu), diriger ses troupes à l'aide de formations, utiliser des capacités spéciales, bref,
Sacrifice est un réel jeu de stratégie, contrairement à ce que l'on pourrait croire en regardant ces captures d'écran.
Voler des âmes
La principale idée de
Sacrifice réside dans la gestion des âmes. En fait, chaque créature possède une âme, si vous tuez une créature, vous pourrez récupérer son âme en la convertissant, puis en la ramenant à votre autel. Si une de vos créatures meurt, il vous suffira de passer à côté de son âme pour qu'elle retourne dans votre réservoir. Chaque créature que vous invoquerez coûtera un certain nombre d'âmes (généralement une ou deux âmes par créature, mais parfois, il vous en faudra trois). Cette idée renforce l'aspect stratégique du jeu, car si l'adversaire vous vole un certain nombre d'âmes, vous ne pourrez plus construire beaucoup de créatures, vous vous affaiblirez et vous perdrez la partie.
Pour vaincre un ennemi, il faut essayer de s'approcher le plus possible de son autel et il vous faudra le profaner, c'est-à-dire qu'il vous faudra sacrifier une de vos créatures en jetant le sort Profanation et pendant le rituel, vous devrez vous arranger pour tuer le mage ennemi avant qu'il n'arrête votre sortilège. S'il meurt, il sera banni de ce monde et son camp ne vous nuira plus.
Un gameplay réussi, mais un peu fouillis
Le gameplay de
Sacrifice est unique en son genre. Vous dirigez un mage, travaillant pour un des cinq dieux, possédant des pouvoirs plus ou moins puissants en fonction de l'expérience qu'il aura acquise tout au long des missions qu'il aura accomplies. La vue est externe (avec plusieurs niveaux de zoom) et vous devrez donner des ordres à vos créatures à l'aide de la souris. Vous pourrez leur donner l'ordre de tuer une de vos créatures, vous pourrez les disposer en formation, etc. Vous aurez la possibilité d'invoquer de nouvelles créatures, de jeter des sorts contre l'ennemi, tout cela, à l'aide de raccourcis clavier ou grâce à la barre située en bas de l'écran. Les créatures que vous avez sélectionnées sont affichées dans une autre barre à gauche et à l'aide de cette dernière, vous pourrez jeter des sorts sur vos créatures pour les régénérer, par exemple.
Cependant, le gameplay de
Sacrifice est un peu fouillis, car dans les combats, on ne voit pas très bien à qui est telle créature, si l'ennemi est en surnombre, où est le mage adverse, etc. Tout se joue très vite et il est difficile d'élaborer de véritables stratégies dès les premières heures de jeu. Un tutorial assez long est fourni avec le jeu, mais il omet quelques fonctions importantes, alors le manuel d'utilisation vous sera d'un grand secours. Rassurez-vous, car vous-aussi, vous arriverez à maîtriser l'interface de
Sacrifice.
Une campagne très riche
L'histoire de
Sacrifice commence de manière fort simple et vous êtes, pour simplifier, une sorte de type à la recherche de missions à accomplir. Au début de chaque mission, vous êtes sur une petite île et les dieux vous expliqueront la situation initiale. Ensuite, vous pourrez vous approcher de chaque dieu et il vous proposera une mission, que vous pouvez accepter si vous le désirez. Ces dieux sont au nombre de cinq et se nomment Perséphone, James, Stratos, Charnel et Pyro. Cependant, ces dieux sont opposés : tandis que Charnel est le dieu du carnage et Pyro le dieu du feu, Perséphone veut la paix dans ce monde, etc. Donc si vous accomplissez une mission sous l'ordre de Perséphone, vous réduirez vos liens avec Charnel et ce dernier finir par refuser votre collaboration. Plus vous avancerez dans le jeu, moins vous aurez de choix. La campagne est donc dynamique et le scénario n'est pas en reste, puisqu'il est riche en rebondissement et ne finira pas de vous étonner tout au long de votre quête.

Un design global hors du commun
La première chose qui saute aux yeux, en jouant à
Sacrifice, c'est son design extraordinaire. Tout est parfait, surtout le graphisme vraiment peaufiné, réaliste et détaillé. Les décors sont immenses, on peut voir très loin, tout est très détaillé, on peut même voir les brins d'herbes sur le sol. Les arbres, les ruisseaux, tout est vraiment réussi et de bon goût. Le travail des développeurs ne s'arrête pas là, puisque les nombreuses créatures que comporte le jeu sont toutes du même cru. C'est savamment modélisé, c'est fin, c'est net et en plus, c'est incroyablement bien animé. Le ciel est magnifique, avec des nuages en mouvement et les intempéries sont gérées : en effet, il est possible de voir la pluie ou la neige tomber. Le brouillard est très bien fait, avec de magnifiques dégradés. On pourrait parler pendant des heures du graphisme de
Sacrifice, mais arrêtons-nous là pour le test. De plus, le jeu est fluide sur ma machine en 1024x768 avec les détails au maximum, une véritable prouesse par rapport au nombre de polygones affichés à l'écran.
Du côté de l'ambiance sonore, le jeu est parfait : la musique est très réussie, elle change en fonction de l'action, bref, les partitions sont vraiment de bon goût. Il est impossible de ne pas tomber sous le charme. Côté bruitages, le jeu se défend très bien, mais surtout, les voix ne sont pas traduites en français, mais uniquement sous-titrées et sont donc très bien jouées, comme la plupart des jeux en version originale.
Une difficulté impardonnable
En fait,
Sacrifice possède un défaut vraiment grave : il s'agit de sa difficulté très mal dosée. Si les trois premières missions sont prodigieusement faciles, tout s'aggrave à partir de la quatrième où il vous faudra le maximum de concentration pour arriver à la victoire. L'ordinateur manipule les sorts à une vitesse incroyable, gère très bien ses créatures, vous tendra des embuscades, etc. Si on se plaignait du manque d'activité de l'IA dans
America, ici, on est servi ! Tout cela serait très bien pour les bons joueurs s'il existait un moyen de régler la difficulté pour rendre accessible
Sacrifice aux novices, mais ce n'est pas le cas (espérons qu'un patch prévu à cet effet voie le jour). On peut jouer en mode escarmouche contre l'ordinateur, mais ce dernier tente la technique du Rush (une technique consistant à construire plein d'unités dès le début de la partie et les envoyer détruire les adversaires non-avertis) et vous écrasera avant même que vous ayiez le temps de réagir. En conclusion, seuls les plus chevronnés d'entre nous parviendront à finir
Sacrifice, les autres passeront un agréable moment à se faire massacrer, alors jouez entre amis, c'est plus facile.
Pour terminer, j'ai failli oublier de vous parler de l'excellent éditeur de missions livré avec le jeu qui, pour une fois, est réellement simple d'accès (aussi simple que celui de Warcraft 2), mais en beaucoup plus puissant.