Preview : Unreal Tournament III - PC

Unreal Tournament III - PC
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Après quelques égarements curieusement millésimés 2003 et 2004, Unreal Tournament s’apprête à reprendre une dénomination plus conforme à son glorieux pédigrée. Maintenant affublé d’un "III" plus noblement péristylique (copyrights Vivian Darkbloom), Unreal Tournament troisième du nom retrouve sa place au panthéon des figures héraldiques, parmi les Darius [les rois de Perse, pas les shoot’em up], les Artaxerxés et, cela va de soi, le paroxystique Ulysse XXXI. Heureux que les gens d’Epic aient enfin compris que les apostilles en forme de millésime, quand elles ne s’appliquent pas à rehausser le prestige des grands crus, ne conviennent qu’à la vulgarité du Quid ou des calendriers… Qu’Electronic Arts médite longuement cette incontestable vérité.
C’est à Levallois-Perret, dans les locaux de Nvidia, que Midway avait invité le meilleur de la presse vidéoludique à en découdre sur une version quasi définitive [une version PC] du futur titre d’Epic, Unreal Tournament III. Nvidia qui, comme le dit le slogan, connaît mieux que quiconque la meilleure façon de jouer avait effectivement choyé ses commensaux : écrans 30 pouces alimentés par des Geforce 8800GTX en SLI. Il va comme d’une évidence que la débauche graphique offerte par Unreal Tournament III dans une résolution de 2560x1600, gavée d’anti-aliasing et autres barbarismes pour autistes technophages, déclenche chez le spectateur quelques réactions intempestives : mélange d’ellipses superlatives et de frustrations écœurées. Mademoiselle Tanya Jessen, la [ravissante] productrice du titre, nous a gentiment rendu nos mâchoires. « Non, non, la salive est pour vous… » Charmed, charmed…

Quand la surprise se fait heureuse

Après avoir passé quelques heures à batailler en ligne sur une version complète du soft, on en vient presque à regretter que Midway ait décidé de mettre en ligne une démo qui fasse si peu honneur au réel potentiel du jeu. Tanya Jessen a d’ailleurs confirmé ce que les images se chargeaient de révéler : afin de réduire la taille de la démo, Midway a du prendre le parti de retirer les textures high-res, bridant par là même la prestation technique de son titre. Conséquence de quoi le jeu est désormais beaucoup [mais vraiment BEAUCOUP] plus impressionnant que ce qu’en laissait présager la démo. Avis à ceux qui sonnèrent l’hallali un peu hâtivement. Comme les artistes d’Epic ont pu profiter d’un surcroît de temps pour peaufiner leur indécent travail de mise au point, Unreal Tournament III semble graphiquement plus abouti que Gears of War avec lequel il partage pourtant le moteur de rendu. Tanya avoue non sans satisfaction qu’une des qualités des artistes d’Epic est de savoir transformer un rendu idéal en millions de polygones (indigeste même pour l’Unreal Engine) en un rendu à base de modèles plus modestes sans que le joueur ne s’en aperçoive. La claque administrée par le jeu [tant au niveau du design (les niveaux Necris sont simplement fabuleux) que de la qualité du rendu] est si cuisante qu’il est difficile, sans une évidente mauvaise fois, de contrarier les dires de mademoiselle Jessen…

Retour aux sources

Pour ce qui concerne le gameplay, on reste toutefois en terrain connu : brutal et fulgurant sont les termes qui décrivent le plus justement la savoureuse expérience à laquelle nous avons pu participer. Les adeptes de la première heure parleront sans doute d’un heureux retour aux sources ! Violence salvatrice ! Cela dit, Epic compte visiblement sur la communauté des modeurs pour apporter le surcroît d’originalité dont le développeur n’aura pas osé doter ce nouvel Unreal «Nous avons réussi à rassembler autour de notre franchise tant de joueurs qu’il est difficile de modifier radicalement les bases posées par les précédents titres sans s’aliéner du même coup une large frange de notre public.» Certes, mademoiselle Jessen, certes. « L’équipe des concepteurs est d’ailleurs assez impatiente de voir ce que parviendront à produire les fans via le SDK du jeu… » Impatience partagée. Est-ce à dire qu’Unreal Tournament III se présente comme une simple mise à jour de la version 2004, inspirée par la féroce vitalité des opus originels ? Assurément non. En marge d’une campagne SOLO que nous n’avons eu le temps que d’entrevoir (et qui se présentera davantage comme un tutorial vaguement scénarisé que comme une valeur forte du jeu – notons que la localisation promet d’être tout à fait exécrable [les bots parlent, les bots parlent !] quelques modes de jeu inédits viennent sublimer les éléments fondateurs de la franchise.

L’art du Revival réussi

La sympathique productrice a pu ainsi guider nos premiers pas au sein du mode Warfare. Le principe en est simple : chaque équipe dispose d’une base et des nodes, initialement neutres, ont été disséminés un peu partout sur la carte. Chaque équipe aura pour objectif de conquérir ces nodes (via le Link Gun) en vue de tracer une ligne énergétique à ses couleurs entre sa base et celle de l’équipe adverse. Une fois cette ligne établie, le cœur de la base ennemie se trouve vulnérable et peut donc être anéanti. Pour épaissir un peu la sauce et stimuler nos vices, une orbe permettant de capturer un node instantanément (ou de réparer un node endommagé par nos vils vis-à-vis) navigue de propriétaire en propriétaire, attisant les convoitises, attirant à elle les coups de feu… Il va sans dire que le mode Warfare, passablement réjouissant, réclame une excellente coordination entre coéquipiers et une approche plus stratégique que les mille déclinaisons désormais classiques de l’indémodable Capture the Flag. Un peu de raffinement dans la frénétique sauvagerie qui emporte Unreal Tournament III ? N’exagérons rien…

Et si nous exagérions quand même un peu ?

L’immensité des cartes donne d’ailleurs toute sa crédibilité à la mise à disposition des véhicules. Certains, introduits par Unreal Tournament 2004 tel le Leviathan vous octroieront une puissance de feu délicieusement dévastatrice. D’autres misent sur votre roublardise et votre sens de l’opportunité (les grecs disent le kairos) : quoi de plus réjouissant que d’écraser un fantassin inconscient sous le ventre d’acier de son engin… Mais la véritable nouveauté de ce troisième épisode est offerte par les véhicules Necris : Nightshade, Nemesis, DarkWalker (le tripode vu subrepticement dans la démo !), Fury, Viper et Scavenger. Leur maniabilité déroutante [au bas mot] ne retire rien à leurs aptitudes à semer le carnage et la désolation derrière eux. Mention spéciale au Scavenger, machine de guerre redoutable et farfelue, dont nous reparlerons plus longuement lors du test. Le tout roule et blackboule dans une furie d’explosions et d’éviscérations tout à fait bon enfant (je ne vous confierais donc pas mes enfants)… Heureusement qu’Epic n’a pas laissé le piéton complètement démuni face à ces monstrueuses mécaniques. Ce dernier pourra étancher sa soif de destruction au moyen des missiles AVRIL, véritable fléau de l’infanterie mécanisée. Et s’il se sent encore un peu emprunté par l’étendue de certains no man’s land (il est toujours frustrant de renaître à mille lieux des combats), le promeneur pourra toujours se mettre à surfer à toute allure sur son hoverboard (une planche aérostatique qui ferait frémir d’envie le très prosaïque Tony Hawk) et s’accrocher à l’arrière de véhicules alliés (fredonnant – hommage cinéphilique – le refrain de The power of love)… Qui a dit Tribes ?
Retour aux sources annoncé pour la série Unreal Tournament. On reprend les concepts initiaux, on rafraîchit [un peu] l’arsenal, on agrandit [substantiellement] les cartes et on scande bien fort les trois mots d’ordre consacrés, Férocité, Brutalité, Rapidité. Comme le souligne très justement Tanya, à l’époque d’UT il y a avait Quake, maintenant, il y a quoi ? Si en quelques heures, nous n’avons pu appréhender convenablement toute la richesse du jeu, cet ultime contact avant la sortie officielle d’Unreal Tournament III n’a toutefois pas manqué de nous réjouir. Les fines bouches ne sont pas toujours aussi fines qu'elles le croient. Oubliez donc les inconséquences de la démo et attendez fébrilement le test [désormais imminent] d’un titre qui, pour ne pas faire dans la subtilité, risque de vous donner de bien belles montées d’adrénaline…
13 novembre 2007 à 12h13

Par Vivian Darkbloom

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