Warrior Kings se présente comme une véritable petite encyclopédie moyenâgeuse. A l'instar de
Stronghold, la campagne vous en apprendra bien plus sur les habitudes du millénaire 500-1500 après J.-C. que n'importe quel cours d'Histoire (remarquez, quand on voit la qualité actuelle des profs...). Des spécificités des différents engins d'assaut à la gestion des paysans, tout se fonde sur un aspect historique plus que complet. Bien sûr, des héros et autres unités imaginaires ont été rajoutés pour compléter l'aspect stratégique, mais le tout est plutôt cohérent. Pour compléter la phase "réalisme" du jeu, il faut noter la liberté offerte au joueur au niveau des choix de direction.
Liberté d'agir
Warrior Kings est un jeu extrêmement riche. En plus de proposer un background vraiment complet, sans pour autant paraître aussi prise de tête que la majorité des univers créés. Ici, il s'agit tout de même du Moyen-Âge, une période vécue, donc il est vrai qu'on s'y accoutume plus facilement me direz-vous. Et je vous répondrai sûrement que ce n'est pas le sujet de ce paragraphe. Oui, vous faîtes du hors-sujet en fait (à l'instar de la majorité des fonctionnaires, j'ai le don pour mettre mes erreurs sur le dos des autres...). Ici, c'est de la liberté d'agir qu'il est question. Certaines missions vous donneront le choix dans la résolution de quêtes annexes. Une église en feu peut ainsi soit être aidée par votre garnison de pompiers version 10ème siècle, ou tout simplement laissée à l'écart de votre plan de bataille. Si vous choisissez la première solution, vous voilà revêtu du Pouvoir Divin de Dieu (pléonasme...), avec à la clef quelques sorts plutôt genre "bonnard". Ca s'appelle même la Voie de la Lumière pour tout vous avouer. Bon, vous pouvez tout aussi bien refuser cette direction si vous vous êtes amusés à torturer quelques petits paysans innocents dans la mission précédente, et que vous avez, par conséquent, choisi la voie des Forces du Mal. A vous de voir, mais entre la multitude de choix (trois en fait, le troisième étant la voie de la Technologie qui vous donne accès aux engins de siège) qui s'offriront à vous, vous pourrez très bien refaire plusieurs fois la campagne de façon totalement différente. Le Must est tout de même la possibilité de mixer les différentes capacités des trois déviances, pour allier toutes sortes de sorts offensifs et défensifs avec vos engins de siège. Ces choix de voie sont positionnés tout au long de la campagne et vous donneront l'impression de devenir un personnage de plus en plus important dans le jeu. Le pire, c'est qu'il ne s'agit pas d'une simple impression : vos différentes victoires, ainsi que leur qualité d'exécution vous feront progresser dans la hiérarchie du royaume. Au début petit jeunot (ce qui vous permet d'enchaîner les premières missions comme un tutorial), vous parviendrez finalement au rang de seigneur, monarque, etc.
L'aspect graphique
Warrior Kings a bénéficié d'un soin graphique tout particulier. C'est bien simple, les screenshots balancés sur le Net depuis quelques mois faisaient penser à une petite révolution ludique. Il faut avouer qu'avec les verts pâturages tout de courbes vêtus, et les centaines d'unités affichables, on ne voyait vraiment pas qui aurait bien pu rivaliser avec le titre de Black Cactus. La caméra est totalement libre, à la souris aussi bien qu'au clavier, et plutôt facile d'utilisation (quoiqu'on y trouve à redire...). L'aspect épique est bien au rendez-vous, avec des balistes bien plus imposantes que les simples fantassins, et des héros souvent cinq fois plus hauts qu'un humain normal. Malheureusement, à l'instar d'Empire Earth, une vision aussi large, et le tout en 3D totale, se paie : les personnages ne sont pas bien polygonés, et les têtes ressemblent généralement à des cubes crayonnés lorsqu'on zoome un peu. Les effets climatiques (champ de blé valsant au gré du vent...) et les nombreuses animations naturelles (corbeau passant au-dessus des arbres, etc.) feront oublier ce petit désagrément. En général,
Warrior Kings possède en son moteur graphique un atout indéniable, qui lui permettra sûrement de se démarquer de la masse de STR sorti à Noël. Mais de nombreux défauts feront qu'à défaut de vraiment se démarquer, il va surtout s'embourber.
C'est pas gagné...
La technique de
Warrior Kings est plus que limite. A part l'IA du jeu, acceptable, le reste laisse à désirer. En premier point, le moteur rame à mort. Sur un 800 Mhz, GeForce 3, c'est jouable bien sûr (quoique le CPU peut peiner). Si vous passez dans la catégorie inférieure au niveau de la carte 3D, c'est cuit ; il va falloir désélctionner des options, et même baisser la résolution. Au niveau du jeu maintenant, tout n'est pas rose non plus. Les développeurs ont tout fait pour qu'on ait le plus de mal à faire de ce STR ce qu'il est vraiment (c'est-à-dire un jeu de stratégie). Les combats de plusieurs centaines d'unités sont moyennement gérables, avec des unités qui peinent à être sélectionnées, qui ne sont pas toujours reconnaissables sur le coup (heureusement, on peut faire des groupes), et qui rechignent surtout à obéir aux ordres (il faut souvent rééditer trois fois la même demande en plein combat !!). Bon, on peut bien indiquer une tactique à suivre (défensive, neutre, offensive) à vos groupes, ou encore utiliser le terrain bosselé à son avantage, mais le tout se fait dans la douleur, et on est loin de la confiance aveugle de
Starcraft. Ici, on donne un ordre, on attend pour voir s'ils sont bien d'accord, on se casse, on revient à coups de longs et douloureux scrollings pour vérifier si tout est okay, etc.
Au final
Warrior Kings avait la carrure du gros jeu. Apparemment, ils se sont un peu plantés. Malgré un moteur 3D imposant et un background riche, le jeu possède vraiment trop de défauts techniques pour surpasser les ténors du genre.