Des mots même des développeurs,
Beyond Good & Evil (amicalement nommé BGE dans cet article) a été développé en parallèle avec d'autres grands titres Ubi. Prince of Persia, bien entendu, qui sort en même temps, mais aussi
Rayman 3 : Hoodlum Havoc, et
Splinter Cell. Résultat détonant, BGE a réussi à prendre des éléments à chacun de ses titres, à mixer le tout, à y rajouter un scénar' et un background solide, une bande son envoûtante, et à sortir pour les fêtes sans aucun retard (ou presque). Bref, un pari fou qui arrive à terme. Voila une belle leçon de vie que devrait suivre Duke Nukem Forever.
Jade, photographe de lingerie chic de son état
Jade est une jeune femme sans complexe, reporter de guerre qui survit en effectuant des reportages photo à la solde de divers employeurs. Mais Jade passe la plus grande partie de son temps à s'occuper d'un orphelinat avec son oncle adoptif Pey'j, un porc expert en mécanique. Citoyenne sur la planète Hillys, la jeune fille a bien du mal à s'intéresser véritablement au contexte extérieur. Pourtant, et bien malgré elle, elle s'en mêlera rapidement. En effet, voila bien des années qu'Hyllis est attaquée par les extraterrestres DomZ, qui n'ont de drôle que le nom. Si la planète n'est pas encore tombée entre les mains de ces être odieux et abominables, c'est uniquement grâce aux patrouilles Alpha, guerriers redoutables qui arrivent à faire respecter la Paix et l'Ordre. Mais le groupe Alpha utilise des méthodes brutales, et usent d'une propagande intensive (tracts et autres publicités stakhanovistes) qui ne rassurent pas les citoyens. Certains d'entre eux décident alors de se regrouper, afin de découvrir ce que cachent les patrouilles Alpha. Le groupe de résistance IRIS naît. L'aventure commence par une requête express du groupe IRIS, qui propose à Jade d'aller photographier un DomZ, enfoui dans une vieille mine. Son sang ne fait qu'un tour, et la jeune fille pleine de rêves d'aventure s'enfouit dans la galerie. Sans penser que cela la mènera bien plus au-delà de ses espérances.

Jade, une fille qu'elle a du nerf.
Notre héroïne a suivi la meilleure formation possible au service de sa Majesté. Elle joue les acrobates, s'infiltre dans n'importe quel bâtiment, marchande ses achats, fait de l'hovercraft, etc. C'est une artiste corporelle accomplie. Tout au long du jeu, Jade devra cumuler 2 vies sociales. Le jour et la nuit. D'un coté, il faudra qu'elle s'entretienne comme femme, qu'elle achète sa bouffe, ses tampons, ses munitions. Elle reviendra voir de vieilles connaissances en ville, qui lui donneront des précieux conseils, aidera les citoyens, et travaillera à réaliser un recensement complet de la faune d'Hillys. Sympa, sans plus. Dans sa seconde vie, Jade coopérera avec la résistance IRIS, et s'engagera dans de nombreuses missions d'infiltration. Elle devra alors partir photographier l'intérieur de nombreux bâtiments et bases des patrouilles Alpha. Une excuse toute trouvée pour se la jouer
Splinter Cell, à longer les murs, et repérer les zones d'ombre.
Un gameplay vaste et varié
Jade est une photographe. Elle n'a ni la carrure d'un Hulk, ni la célérité de Néo. Non, elle fait ses courses au Franprix du coin, et aime le nougat. Une fille chouette donc, malgré son vert à lèvre. Ce que j'essaie d'expliquer (difficilement), c'est que bien qu'un peu excentrique, Jade aura souvent à se planquer dans le noir. Le développement parallèle de
Splinter Cell a laissé des traces, et ça se voit. L'héroïne se baladera souvent en plein milieu de bases ennemies, et devra donc se faire discrète pour prendre les clichés voulus, ou réussir un objectif essentiel. Allez je suis dur, Jade a aussi du caractère, et si les circonstances le veulent, si l'ennemi est esseulé ou manchot, Jade pourra aussi tirer son bâton de sa poche et combattre. Le mode fight se lance alors, et on se retrouve à tournoyer autour de l'ennemi, à déclencher combo sur combo. Les combats sont simplissimes, agréables, et bourrés d'effets. On enchaîne roulades sur coup de latte en pleine face, l'ennemi dérouille, on prend son pied. Ici, c'est surtout l'expérience Prince of Persia : The Sand of Time, qui se fait sentir, et quand on connait es applaudissements unanimes qu'a recu le jeu, on ne peut qu'en être ravi.
Une réalisation à la hauteur
Beyond Good & Evil utilise un moteur tout nouveau tout beau, si j'ai bonne mémoire. Il a été repris dans Prince of Persia, mais c'est BGE qui en est le premier propriétaire. Et autant dire que le résultat est probant. Tout d'abord, le design est recherché. Hillys est une planète bourrée d'îlots, résultat Jade doit constamment prendre son hovercraft et enchaîner les petits voyages d'îles en îles. La surface de l'eau est géniale et superbement représentée. Elle affiche un reflet des îles voisines classe, et super agréable à l’œil. De plus, les développeurs ont tenu à garder un aspect Blade Runner lors des déplacements, et vous verrez ainsi des dizaines de vaisseaux se balader au loin, dans le ciel, tandis que des affiches publicitaires tenteront d'attirer votre attention en clignotant. La réalisation sonore n'est pas en reste. Jade est intégralement doublée par Emma de Caunes, tandis que de nombreux persos secondaires bénéficient du même travail d'orfèvre. Aucun n'est bâclé. Les bruitages sont très bons dans l'ensemble, et la musique -enfin- est merveilleuse d'ambiance et de variété. Le seul point à reprocher à BGE au niveau de la réalisation est le 16/9 obligatoire. Surprenant que cette option ne soit pas proposée, mais imposée. Résultat, 2 bandes noires viennent remplir le haut et le bas de l'écran. C'est bien dommage.

Au final
Beyond Good & Evil est un jeu merveilleux. Tout d'abord, c'est un titre à ambiance. Un design unique, un mix entre humains, animaux, et aliens, un univers travaillé, un gameplay divisé en de très nombreuses phases de jeux, allant de l'achat de marchandises aux courses d'hovercraft. Mais BGE, c'est aussi un scénario captivant, possédant des persos secondaires, une trame principale riche, des petites histoires secondaires rigolotes, et une héroïne charismatique. Jade est une véritable aventurière, qui sait à la fois parler, s'infiltrer, et combattre. Le jeu fait en sorte de nous mener toujours plus loin dans l'immersion, en privilégiant constamment le plaisir. Pour meilleur exemple, citons les saves automatiques, qui permettent (après une mort brutale), de revenir 2 minutes en arrière sans loading. Bref, BGE est un bijou, certes un peu court (prenez votre temps, savourez l'instant présent, attardez-vous sur les mini-quêtes, et vous en aurez bien assez), mais terriblement attachant.