Test : Manhunt - PS2

Manhunt - PS2
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Rockstar a depuis toujours affectionné les titres violents. GTA, Max Payne, voilà déjà quelques licences à ne pas mettre entre toutes les mains. Pour cloturer cette année sur une bonne note, le studio de développement a donc décidé d'enfoncer encore le clou, avec Manhunt. Un jeu qui ne se base ni sur le tango voiture/course à pied de GTA, ni sur le fameux Bullet Time de Max Payne ; mais lorsque l'on voit le degré de violence atteint par le titre, l'intérêt revient de lui même.
Vous êtes James Earl Cash, condamné à mort pour des tas de raisons. Pour une fois qu'on n'est pas condamné injustement... Par chance, votre ange gardien va venir à votre secours. Starkweather, qu'il s'apelle. Il s'agit apparement d'une personne très haut placé, qui se fait apeller The Director. Bref, cet ange pas super catholique va vous libérer de vos chaînes et vous faire oublier la chaise électrique. Néanmoins, un cadeau n'arrivant jamais seul, Mooosieur le Starkweather requiert votre présence à Carcer City. Cette ville abandonnée servira pendant quelques semaines comme décor à un grand TV Reality Show. Et vous en serez le héros. Laché au beau milieu d'immeubles abandonnés, vous serez alors poursuivi par différents gangs qui n'auront qu'un seul objectif, vous faire la peau. Filmé 24h sur 24, vous aurez quant à vous l'obligation de faire monter l'audience, en vous servant d'objets toujours plus inattendus pour tuer -toujours plus violemment- vos adversaires.

The Devil Inside Show!!

Manhunt reprend le concept de Devil Inside, jeu sorti en 2000 : filmé par plusieurs caméramans, vous deviez à l'époque vous infiltrer dans un manoir hanté, et tuer les sales bestioles qui y trainaient. Selon vos facons de tuer (viser la tête, etc.), et votre manière de progresser (résoudre rapidement les énigmes, ne pas créer de temps morts, faire survivre les caméramans), vous étiez plus ou moins applaudi par les spectateurs, et le commentateur (qui n'oubliait pas, à la moindre erreur, de se moquer de vous). Dans Manhunt, on retrouve un peu cet univers de Reality Show. Attenué, forcément (il ne s'agit plus ici de l'idée centrale du jeu), mais toujours avec cette impression de voyeurisme de la part du spectateur. Plus de sang, plus de gore, plus de trash, voila ce qu'il demande ; on peut bien évidemment se poser quelques questions sur les dérives possibles de la télé réalité de part le monde, car le jeu pousse ici le concept dans ses moindres recoins. Réfléchissez : un accident sur la route, que fait la foule? Elle ralentit pour mieux observer. De même, un célèbre créateur de Reality Show américain a dit, voila quelques années, une phrase qui fait réfléchir : "Si vous faîtes un jeu télévisé comprenant 15 personnes dans un avion, avec 14 parachutes, vous trouverez toujours des gens pour y participer". Bref, Manhunt pose l'idée, sans pour autant trouver de réponses ; mais le jeu a lui tout seul, et la violence qu'il affiche, sert à lui seul de pamphlet contre le voyeurisme exacerbé que peuvent créer certains TV shows...

Beurk beurk beurk...

Manhunt est sérieusement le jeu le plus dégeulasse que j'ai eu l'occasion de voir sous mes yeux. Pourtant, le principe est basique : perdu au beau milieu d'une ville totalement délabrée, vous êtes traqué par différents gangs qui veulent votre peau. Votre perso pourra, à la manière d'un Hitman, foncer dans le tas en ésperant ressortir vainqueur et avec tous ses membres. bien évidemment, il vous sera toujours plus bénéfique d'attendre votre heure, de passer derrière un ennemi esseulé, et lui assener un coup fatal. Plus vous appuyerez longtemps sur la touche d'attaque, plus cette dernière sera meurtrière. De même, l'arsenal visité rapelle sans mal quelques vagues souvenirs de Sillent Hill. L'armement est catalogué en 3 chapitres : armes lourdes (sniper, fusil, etc.), armes blanches (baton, couteau), et armes de fortune (tout ce qui peut bien vous tomber sous la main : bouteille cassée, sac poubelle...). L'utilisation de ses armes amène forcément des morts pas toujours évidentes à supporter. Car le tout est filmé de tel façon que vous aurez bien du mal à apprécier vos victoires. Manhunt, c'est aussi l'apologie des snuff movie, meurtre filmés, et vous en aurez ici pour votre argent. Une caméra vous observe constamment, et une fois votre sombre homicide réalisé (allez donc mater "8mm", avec nicolas Cage), c'est un joli replay qui s'enclenche. Et c'est généralement là que l'on comprend pourquoi le jeu a été interdit dans de nombreux pays pourtant assez laxistes sur le contenu violent des jeux...

Traqué...

Pas de scénar' à la Max Payne ici, ou le joueur avait vraiment une raison de tuer tous ces pauvres ennemis. Non dans Carcer City, il faut tuer... pour ne pas être tué. C'est con, mais c'est tout. Bien évidemment, le jeu peut être très rapide, et très porté sur l'action. A certains moments, vous utiliserez ainsi des armes de pointe (sniper, fusil à pompe), et ne vous inquieterez plus beaucoup du bruit. Mais la majorité du temps, c'est la discrétion qui primera. Vous savez, ces passages à la Hitman, où vous observerez pendant des heures, sans manger ni boire, les mouvements des patrouilles... Votre perso aura d'ailleurs tout intérêt à rester planqué, sans bouger, ou tout du moins accroupi. Car s'il court, il aura alors toutes les peines du monde à ne pas se faire repérer. Manhunt est donc un jeu violent, certes, mais qui requiert un minimum de patience, et de jugeotte pour en voir le bout. On n'est plus dans Soldier of Fortune ici...
La jouabilité est assez difficile d'approche. Le perso, tout d'abord, marche très lentement. Il ne peut pas non plus se mettre à courir, car cela alerterait la populace ennemie. Sa maniabilité n'est pas parfaite non plus ; malgré la vue à la 3e personne, on ne peut pas regarder autour de soi. Il faut passer en vue subjective pour admirer le décor alentours, à la manière d'un Zelda 64. Mal foutu.

Glauque

Manhunt possède une réalisation graphique en mi-teinte. Un vrai travail a été effectué sur l'ambiance urbaine qui émane des batiments et des rues abandonnées. Mais cela ne cache malheureusement pas le moteur graphique impersonnel, et des textures mas toujours au meilleur de leurs formes. Bien évidemment, on est sur PS2, et la taille des villes oblige à de nombreuses concessions. C'est bien dommage. Pourtant, dans ce cas, il aurait été mieux vu d'améliorer le level design, qui lui n'oblige à aucune concession technique. Car si le décor est crédible et réaliste, les situations qui se présente amène vite à une certaine répétitivité. Et comme les objectifs ne sont pas super complexes non plus, l'ennui prend vite le dessus. Bon dieu, inspirez vous de Hidden & Dangerous (PC), qui n'a fondé son succès que sur des décors variés, un level design travaillé, et des objectifs toujours plus différents!
La bande son met son piquant d'ambiance elle aussi. Les musiques sont bien pensées, et les dialogues cohérents et réalistes. Bref, du très bon à ce niveau.
Manhunt est un vrai jeu d'ambiance. A la manière d'un Ico ou d'un Zelda (même si les 3 ne jouent pas véritablement sur le même plan). Il revient donc à chaque joueur de regarder s'il accroche. Manhunt reste néanmoins une expérience à essayer, car personne n'en ressortira totalement indemne. Malgré des défauts assez envahissants (répétitivité, lenteurs...), Manhunt est un titre malsain, violent, trash, et inoubliable.
25 décembre 2003 à 14h05

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Points positifs

  • Ambiance poignante
  • Sujet tabou
  • Traqué...

Points négatifs

  • Répétitivité de l'action
  • Système de vision
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