Franchement, moi de ma sublime personne, fut un peu septique à l’idée de parcourir ce God Of War étant donné que l’univers des Beat’em all est pour un moi un monde d’ampoules aux doigt dans lequel il est difficile de prendre du plaisir à long terme (lynchez-moi, je le mérite). Mais le titre de Sony ne suit pas cette logique, les développeurs ont su puiser où il fallait ce qu’il fallait, et par la même occasion, ils ont créé leur univers, leur jeu, God Of War est un Beat’em all et il n’en est pas un. Proche de Devil May Cry et à la fois très lointain, flirtant avec un Onimusha tout en le reniant, puisant dans un Prince Of Persia sans pour autant en tirer une quelconque éloge. C’est comme le chef d’œuvre musical qui transmet des sentiments ou des souvenirs, personnel et à la fois indifférent.
Back to the …euh… Avant JC non ?
Fini le monde Rock de Devil May Cry, ici, le passé lointain prime, se mélangeant dans une conséquente tournure dramatique et historique. Vous incarnez Kratos, un guerrier surpuissant, sans cœur, sans âme, consommant les femmes comme des allumettes et tuant sans une once de remords. Mais Kratos souffre d’un mal, une douleur incurable qui le mènera jusqu’au suicide, malgré toutes ses tentatives pour y rescaper. Et c’est bien ainsi que commence le jeu, sur cette scène finale. Nous sommes alors plongés une semaine en arrière afin de vivre les conditions de ce drame, technique jusque là utilisée pour des œuvres écrites. Et nul doute que la tension procurée par les livres demeure la même dans le titre de Sony, on parcourt le jeu sans s’arrêter, avec l’envie de découvrir le mal de Kratos, son but pour y mettre fin.
L’ère mythologique du jeu se veut totalement réaliste aux légendes, Kratos y côtoiera toutes sortes de créatures, allant des dieux aux monstres ancestraux. Utilisant magie et divers sorts, il devra mener à bien sa dernière mission mandatée par la déesse Athéna herself : tuer la divinité Arès, le dieu de la guerre, rien que ça…La tac tac tac tactique du Gendarmeuh…
Mis en action dès l’incipit, Kratos ne perdra pas de temps pour faire parler ses deux lames dévastatrices. Une touche pour un enchaînement rapide mais peu puissant, une autre pour une attaque puissante mais lente, mêlés aux possibilités de parer les coups et d’utiliser la magie des dieux Grecs. God Of War se veut donc simple d’accès, le joueur avance continuellement, et bousillant les adversaires qui osent se mettre en travers de son chemin. Contrairement à un Onimusha, les retours en arrière sont inexistants, le rythme est soutenu, et pourtant varié, les phases d’action laissent parfois la place à des phases plus subtiles, parfois proches du style d’exploration du prince de perse : on observe, établit son chemin, et on y va, même si l’œuvre de SCEA souffre parfois d’une gestion de caméra hasardeuse. On peut aussi noter les quelques énigmes qui regorgent, assez facile certes, mais les développeurs ont le mérite de leur initiative. Mais le véritable point fort du gameplay réside dans les combats, dynamiques et impressionnants. On prend un plaisir fou à comboter les faces de résidus ectoplasmiques tout en chantant la tactique du gendarme avec l’accent grec (ou ptet qu’il n’y a que moi finalement). Bien que le fond soit classique, le plaisir éprouvé est beaucoup plus soutenu dans GoW que dans n’importe quel titre, et ça, on ne peut l’expliquer que le pad en mains. Bref ça tape dans tous les sens sans être fouillis, de plus, certains choix rendent le jeu particulièrement classe, je m’explique : lorsque Kratos affronte un ennemi puissant, du genre assez coriace, il est désormais possible d’effectuer une sorte de « super méga mort du zizi sexuel ». Pour cela il faudra d’abord réussir à pousser à terre la brute concernée, dès lors, un touche apparaîtra au dessus de sa tête provoquant une phase de jeu assez classieuse ou, en effectuant les combinaisons de touches qui apparaissent à l’écran Kratos pourra éliminer l’ennemi avec autant d’agilité que de classe. Ces combinaisons vont du simple carré, croix, machin, aux demandes les plus complexes (tours de joystick très rapides…) et permettent donc d’achever un ennemi sans passer une heure à le taper avec les mêmes coups, de plus, les boutons à saisir ne sont jamais les mêmes, ce qui implique que la concentration doit être de tous les instants. Et cette technique est aussi attribuée pour les Boss, et là le plaisir est décuplé. Car dans les autres jeux du genre, on se contentait de trouver le coup à placer au moment opportun, et de recommencer indéfiniment jusqu'à la mort du Boss. Et donc vous l’avez deviné pour Kratos, c’est différent, certes il faudra réduire un maximum la barre de vie de votre gourou pour lancer la fameuse attaque, mais c’est le seul moyen d’en finir. Mais cette fois, les combinaisons deviennent plus accrues et difficiles à saisir. Bref, quelque soit le Boss, sa taille, sa force, Kratos peut démontrer qu’il lui est supérieur et qu’il est même plus classieux que Dante en personne telle l’envergure de cette attaque est magnifique. Par exemple pour le premier Boss, Kratos le ballade de tous les côtés, lui monte carrément dessus pour mieux le lacérer dans un amas d’hémoglobine, bref, le style total surtout que le joueur n’est pas passif, il doit bien sûr réaliser la combinaison dans un rythme précis.
A la manière d’un Devil May Cry, Kratos devra récolter les orbes laissés par la dépouille de ses ennemis afin d’améliorer ses armes ou ses capacités. Les bleues représentent la magie, les vertes la santé et les rouges pour l’évolution donc. Toujours semblable au titre de Capcom, il faudra troquer un nombre précis d’unités pour évoluer. Pour les armes, cette promotion les rend bien sur plus puissantes, mais elle permet aussi de débloquer d’autres attaques plus herculéennes, alors que pour Kratos, les orbes lui font apprendre des techniques de corps à corps.C’est de toute bôôôôôôôôôté
Eh ben, ça faisait un bail qu’on avait pas vu un jeu graphiquement impressionnant sur PS2, et c’est maintenant le cas. God Of War impressionne, le Level Design est bien pensé, les décors se cassent de partout et les effets sont assez sympas. De nombreux ennemis peuvent apparaître à l’écran sans aucun ralentissement s’il vous plaît, et malgré quelques problèmes, les vues sont bien gérées autant pour les phases de baston que de plate-forme. Les cinématiques sont simples, parfois violentes, et permettent de plus de se forger dans l’esprit tordu de Kratos que de balancer des plans impressionnants barbants à la sauce hollywoodienne. Et même si comme d’habitude, le sous-titrage français ne vaut pas celui de l’homologue ricain, il faut avouer qu’on est loin de la caricature du héros musclé : Kratos a une voix virile et efficace. L’ambiance est incroyable, les musiques rendent le ton de la mythologie avec une précision diabolique, située entre le chanté et le philharmonique, splendide. Mais bon, comme dans tout bon jeu console qui se respecte, la durée de vie est très moyenne (environ 7 heures) et les bonus sont assez pauvres, surtout que la difficulté du soft est assez basse.
Il est difficile de démontrer pourquoi God Of War s’impose comme la référence du genre, c’est comme les grands crus si on veut : ce n'est qu’en y jouant qu’on éprouve ce sentiment impossible à retranscrire. Car que ce soit du gameplay, de l’allure et du rythme, sans parler de son englobage total, il règne une harmonie certaine et totale, qui transcendera n’importe quel joueur petit ou grand (à condition qu’il supporte le sang, l’ultra violence et les lacérations…).