Test : FIFA 08 - PS3

FIFA 08 - PS3

FIFA 08 - PS3

Genre : Football

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Etant un fidèle fanboy à peine fou des Winning Eleven, et ayant abandonné la série des FIFA après, sans blague, la mouture de l'an 2000, me retrouver maintenant à devoir torcher le dernier en date de la saga d'EA Sports me laisse un peu perplexe. Enfin, c'est même pire que ça : le jeu me plait, non, vraiment, et même plus que PES 2008. Explications.
La guéguerre opposant les Pro Evolution Soccer aux FIFA s'étant un peu calmée ces derniers temps, les boulzors ayant définitivement opté pour un "PES ssa pwon FIfa mDr lol" plein de philosophie, on n'attendait, il faut le dire, pas grand-chose de cette année 2007. Enfin, Konami allait encore rajouter deux dribles et sortir un PES 5.2, tandis qu'EA balancerait un FIFA mi-arcade, mi-simu aux sensations de jeu aussi jouissives que le fait de se frotter le gland sur une râpe à fromage. De ce fait, personne n'a pu anticiper la révolution qui se prépare, discrètement mais surement, celle du retournement de situation, non pas en termes de ventes, ou les moutons auront du mal à quitter la bergerie, mais bel et bien en termes de qualités intrinsèques entre les frères ennemis. Sur ce point, on a notre gagnant.

Allo ? EA ? Oui oui, j'ai bien reçu votre chèque… Merci, hein

Le jeu lancé… Quelques chargements, l'arrivée dans l'arène, Ronaldinho est là, prêt à être dompté : on enchaine les dribbles, en s'écœurant qu'encore une fois l'aspect spectaculaire du foot soit le leitmotiv de cet énième FIFA next-gen. Bien sûr, avant de lancer le moindre match, on ne sait rien des horreurs qui nous attendent, car voila, à part dans l'arène, nul part il sera possible de sortir tous ces gris-gris techniques. Non pas par une restriction douteuse, mais simplement car le gameplay –pour une fois- ne s'y prête pas. Hallelujah. Alléluia. Comme vous voulez. C'en est d'ailleurs perturbant, ces préavis, de cons, vraiment, qui poussent à jouer à FIFA à l'arrache, tentant des absurdités qu'on n'oserait évoquer dans PES, c'est sans doute pourquoi les développeurs ont, cette année, insistéslourdement sur la difficulté du soft. La prise en main en est désastreuse, lors des premiers matchs, on n'arrive à rien. L'IA intercepte tous nos ballons, et un temps de latence affreux semble dompter le jeu, comme si on jouait sur le net avec un mec possédant un 56K. Premier constat : c'est une bouse finie. Et c'est précisément à ce stade que se démarquent les gens normaux des boulayz, car les derniers cités resteraient sur leurs acquis, comme justement soulagés, et si l'erreur commise est terrible, ils n'en sauront rien. Les autres, tenteront d'aller plus loin, comprendre les rouages du jeu, multiplier les rencontres, développer un jeu, qui, par l'entraînement, s'imposera… tout simplement comme jouissif.
Dans les veines de FIFA 08 coule l'essence du football moderne, sérieusement. Tout le gameplay de cet opus prend son sens via une optique du foot, celle qui fait gagner des matchs aujourd'hui, celle qui différencie les grandes équipes des bouseux, qui amène le spectacle : la recherche de l'ouverture. Prenez la danseuse C.Ronaldo, et foncez avec le ballon, avec un peu de chance, vous arriverez à passer un défenseur, mais c'est tout. Posez le jeu, faites tourner, créez des appels, des contre-appels, des leurres, déstabilisez la défense, trouvez le trou, et jamais vous n'aurez été autant heureux devant un jeu de foot que depuis les glorieux Winning Eleven 6 Final Evolution ou Winning Eleven 7 International. Les défenses sont de vraies murailles, les dribles ne passent plus le jeu aérien musclé… Mais une fois de l'autre côté du terrain, tout est différent, défendre soi-même est bien plus compliqué qu'attaquer, qui est déjà bien fendard. Encore une fois, tout est question d'anticipation : se jeter et faire le mauvais choix ne laisse plus aucune chance de revenir sur l'attaquant, contrairement à PES sur ce coup, défaut ou qualité, seul le degré de réalisme que vous attendez du jeu le définira. Bien sûr, même si la construction du jeu prime sur le reste, les contres assassins ou les percées diaboliques ne seront pas impossibles, mais plutôt incroyablement difficiles de par la rigueur qu'elles demandent. Ici intervient le fameux temps de latence du soft, qui "force" une réflexion poussée face au jeu, mais peut être extrêmement rédhibitoire aux néophytes. C'est un peu la rançon du réalisme, en rendant le jeu plus lent, plus posé, il en devient forcément plus lourd lorsqu'il n'est pas maîtrisé, et donc incroyablement chiant. C'est certes à double-tranchant, mais cet élément demeure quand même un défaut, qu'on pourra ajouter à une liste malheureusement bien fournie : avec les gardiens, de vrais Thomas Price, certains contacts hasardeux, et surtout les coups francs, que le CPU rentre dans la lucarne 3 fois sur 5. Mais, hormis ces couilles, on ne peut que saluer un tel geste, surtout pour une licence si "commerciale", retravailler toute la physique de la balle pour qu'elle soit totalement indépendante (ainsi les joueurs ratent parfois leur contrôles, font des transformations en tirant dans une mauvaise position…) a du demander énormément d'investissement, et sur ce coup, EA n'a vraiment pas glandé. D'autant que tout le petit nécessaire du footeux a été bien programmé : trois types de courses (dont une spéciale pour défendre), frappes tendues, enveloppées, centres au premier, deuxième, ou en retrait, gestion des appels, pressing, différents tacles, stratégies et une bonne dizaine de dribles différents. Tout y est.

What's that coming over the hill ?

Côté modes de jeu, le titre d'EA Sport s'établit dans la continuité de l'épisode précédent, tout en ajoutant quelques babioles qui feront toujours plaisir. On pourra par exemple désormais créer ses propres compétitions, ou jouer des officielles séparées (par exemple, vous pourrez jouer une Coupe de la Ligue telle quelle, sans devoir se taper tout le championnat), s'entraîner offline au futur mode en ligne Be A Pro, sur lequel nous reviendrons plus tard toussa… Alors que, pour en revenir aux classiques, on retrouvera la Fiesta, tout plein de défis du mode éponyme, et surtout la Carrière, fil conducteur de l'immense durée de vie du jeu. Pour les autistes, l'intérêt de ce "jeu dans le jeu" est simplement identifiable à tout titre de gestion footballistique : vous créez votre entraineur, choisissez un club, et roulez jeunesse. A partir de là tout devient sous votre contrôle, le budget, les transferts, le sponsoring, la gestion des installations… Sauf qu'à la place de vous faire chier à mater des ronds colorés, ici, on joue les matchs (bien qu'il est possible de les simuler). Bref, c'est donc évidemment passionnant, manager son club, le mener à la faillite et se barrer, ou se faire virer d'ailleurs et rebondir dans un club d'une division inférieure avec pour défi de le faire remonter dans l'élite, prendre les reines d'un monstre du football européen… Il y a indubitablement à faire pendant les 15 années de carrière que propose FIFA 08, et on ne s'ennuie que très rarement.

Oui, tu peux

Sans doute la plus importante nouveauté annoncée, le mode Deviens Pro, qu'on pourrait –à tord- limiter à l'option "fixer" présente sur la série des PES depuis quelques années maintenant, impose donc de ne prendre le contrôle que d'un joueur lors de matchs amicaux (pour l'instant hors ligne, mais l'update proposant un 5 vs 5 en ligne devrait bientôt débarquer) passionnants. En fait, FIFA démarque le mode de la simple option oubliée en le rendant exhaustif, et donc complet au possible. La force du mode réside dans son alternative au jeu standard, et surtout son immersion tout bonnement hallucinante. Tout est possible : demander le ballon bien sûr, mais aussi le solliciter en profondeur, réclamer l'aide d'un partenaire, exiger la frappe d'un partenaire… Et pour ne pas rester sur le terrain à glander, toutes vos prestations sont notées selon une bonne vingtaine de critères. Pour cela, une barre prend place au bas de l'écran, avec une zone verte, et une rouge, l'intérêt est donc que la barre verte prenne l'ascendant sur la rouge. Il faudra alors attentivement analyser le jeu (et les aides du HUD, désactivables pour une immersion encore plus importante) et par exemple presser les joueurs dans votre zone, jouer votre poste, simplement. Chaque action ratée ou réussie détermine ma jauge de notation, que ce soit une demande de passe que votre coéquipier ignore, ou exécute, l'absence à votre poste, la non participation aux taches défensives, une balle perdue, un tir hors cadre… Tout a été mûrement pensé pour que le joueur prenne son pied, y compris la caméra spéciale, entièrement dynamique, se positionnant souvent dans les angles du stade pour bénéficier de la meilleure vue d'ensemble possible, mais se rapprochant à l'extrême quand votre joueur possède le ballon, jusqu'à passer à l'effet digne d'un Gears of War lorsque vous accélérez, toujours avec le cuir. Brillant.

In Alioune Touré we trust

La réalisation, grande force d'EA et argument de poids pour sa gamme softs sportifs, n'a indubitablement pas été laissée au dépourvu dans ce FIFA 08 justement qualifié de "premier jeu de foot next-gen", tant la précision des modélisations générales établit un nouveau standard dans le genre. Beau, oui, ça l'est. Les stades sont hallucinants (même si, comble de l'arnaque, il en manque encore pas mal comparé à la version Playstation 2, et pire, certains ne peuvent gérer les matchs de nuit !) si bien que, lors d'un dégagement du gardien de ses six mètres, la vision de la tribune en face fait vraiment froid dans le dos, on s'y croirait, mazette. Les joueurs eux, profitent du même souci du détail, les cheveux longs ou mi-longs se débattent lors des courses acharnées, les maillots se plient à chaque mouvement, les shorts aussi, les différents gabaris de joueurs sont assez perceptibles et influencent réellement le gameplay (Giuly ne s'imposera jamais dans les airs face à Carew, Messi ne déstabilisera jamais Rio Ferdinand en duel épaule contre épaule)… Cependant, la modélisation des faciès -pourtant convaincante, avec des effets à la mode comme la sueur- n'a rien de fidèle aux vrais joueurs, et une énorme majorité sont singés : les chauves se retrouvent avec des cheveux, certains blancs deviennent noir… et le tout est définitif, non modifiable via le mode d'édition. Du coup, gros point noir sur ce point, qui, forcément, enlève beaucoup de la magie du foot virtuel. Jouer un match avec son équipe favorite, et constater qu'aucun des 11 protagonistes en short ne ressemble à son clone réel, bof bof.
Heureusement, une parcelle de cette fameuse magie est préservée par l'excellente bande sonore du titre. Les commentaires, d'Hervé Mathoux et de Franck Sauzée, sont inspirés, jamais insipides, ce qui finalement pourrait constituer un défaut. En effet, le présentateur de l'Equipe Du Dimanche a un peu tendance à sombrer dans le Denis Balbirisme de base en se masturbant allègrement sur tout ce qui se passe à l'écran, tout en prenant des accents douteux lors de la prononciation du nom d'un joueur venant d'un pays à la langue chantante. Ainsi, alors qu'on dégage à l'arrache en touche après un cafouillage dans la surface de réparation, on entend le bougre, une fois sur trois, nous lâcher : "Roooh, la superbe passe looooobée, que c'est beauuuuuuuu !". Ou pire, lorsque le gardien capte un ballon anodin venant d'une ouverture trop profonde : "Rooooh l'envolée du gardien pour capter cette balle, c'eeeeeeest magnifiiiiiqueuuuh !". Mouais. Hormis ces expressions pleines de bon sens, les commentaires sont très bons, à n'en pas douter, et les petites analyses lorsque le jeu se calme de nos deux compères quadruplent une immersion déjà bien ancrée. En partie grâce à l'ambiance dans le stade, fabuleuse. Entre le speaker qui annonce les effectifs, crie le nom du buteur ayant marqué, et évidemment les chants "officiels" d'une impressionnante liste d'équipes, il y a forcément de quoi vibrer. Surtout qu'une fois en mode Deviens Pro, la pression est d'autant plus accentuée : le bruit des contacts, de chaque caresse sur le ballon, et surtout le fait que le public n'hésite pas à siffler si vous perdez le ballon bêtement, tout ça rend l'expérience unique, et inédite. Enfin, un mot sur l'autre bande-son, musicale, et logiquement à la hauteur des habitudes du géant de l'industrie. On y trouve du très bon (CSS, Travis, SMD…), du beaucoup moins (Superbus…) mais la base de donnée est suffisamment conséquente pour plaire à tous, là est le principal.
Sérieusement, il est grand temps de ranger ses idées toutes faites : FIFA 08 est une véritable bouffée d'oxygène dans la conception du football vidéoludique : le bougre est monstrueux de réalisme, long, étincelant, complet (ou presque), à l'ambiance sonore des grands soirs de matchs... Mis à part quelques détails de gameplay repoussants, et une prise en main chaotique sur les premiers matchs, le soft d'EA Sports frappe un grand coup dans le combat qui l'oppose à la simulation de régression de Konami. En tous cas, un titre lui est déjà acquis : celui de proposer cette année l'expérience footballistique la plus fidèle au sport le plus populaire au monde, et ce n'était pas une mince affaire.
25 octobre 2007 à 22h08

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Points positifs

  • Un réalisme bandant
  • L'esprit du foot
  • Réalisation nickel
  • Base de donnée + Licences
  • Online : deviens pro, ligues interactives...

Points négatifs

  • Détails à la con (pas d'arbitre, de banc de touche)
  • Prise en main difficile
  • Visages totalement ratés
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