Test : Just Cause 2 - PS3

Just Cause 2 - PS3
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Rico Rodriguez a presque tout pour lui. Déjà, il est le héros d’un premier jeu légèrement novateur, mais pas assez pour avoir enflammé les testeurs à sa sortie. Ensuite, il a un nom de chanteur de pop latino, mais pas assez pour être crédible. Enfin, il a une panoplie de gadgets à en faire pâlir James Bond, mais pas assez pour concurrencer Batman. Bref, vous le comprenez aisément, Just Cause 2 a trop de pas assez. Heureusement, sur les bons côtés du jeu, c'est du travail de pro.
Just Cause 2, c’est la suite logique et carrément prévisible de Just Cause, titre mêlant aventure tropicale et dogfights, sorti en 2006 des studios d’Eidos, qui prouvent que les héros sexy peuvent avoir des gros biceps à la place de gros tétés. Donc, après Lara Croft, Rico Rodriguez tente de se faire une place parmi les charismatiques têtes d’affiches des jeux d’action. Mais c’est surtout comme ersatz raté de GTA que le guérillero gagnera sa réputation. Plus de trois ans plus tard et avec Square Enix comme éditeur, celui qu’on surnommera « Scorpion » revient sous le soleil avec des aspirations différentes mais quelques défauts qui ne veulent vraiment pas partir.

Une cause un peu trop juste

Just Cause 2, comme son aîné, a le mérite d’être classe. Voire hollywoodien. Sans conteste, l’une des parties les plus jouissives à jouer, c’est le saut en parachute. Après avoir rempli deux missions en forme de tutorial très directif et fermé, vous pouvez apercevoir la palette de commandes de l’ami Rico. Sauter d’un hélico pour planer et ouvrir le parachute intégré au costume de Rico ? Sans problème. Utiliser un grappin pour tirer les méchants dans le vide ? Un jeu d’enfant. Combiner les deux pour faire du parachute ascensionnel, tracté par un bateau de pêche ? Trop facile. Sans conteste, disais-je, ces phases de jeu sont dignes de films d’action américains. Planer, voler, atterir droit sur le capot d’une voiture à pleine allure, monter sur le toit, sauter sur une moto qui roule en sens inverse pour déloger le conducteur, puis faire une roue arrière avant de sauter dans le ravin et terminer sa course dans le fleuve… C’est pas de tout repos, la vie à Rico. Mais que fait-il ici, d’ailleurs ? Rico est un agent du gouvernement qui enquête sur la disparition mystérieuse de son ancien commandant, Tom Sheldon. Le truc chiant, c’est qu’il a disparu lorsque le dictateur en place a tué l’ancien président pour prendre le pouvoir. Cet ancien président étant le père du nouveau chef militaire. Du coup, Panao, sa ville, ses montagnes, ses contrées verdoyantes, tout ça est sous contrôle d’une junte militaire qui fait chier le monde et qui n’aime pas trop les rebelles.

Panao, tu l’aimes ou tu la quittes

Panao donc, a tout du cliché du pays sud-asiatique. Entre les noms de villes imprononcables et les pêcheurs qui vendent des saloperies sur le bord des plages, on est plongé dans une île aux accents indonésiens. Sur plus de 1000 km² de surface, Rico peut s’en donner à cœur joie. La surface de jeu est plus qu’immense. Bien plus qu’un GTA, on se retrouve sur une carte à la Oblivion, qui fourmille de détails. Les séquences de vol ou de parachutisme au-dessus de ce joli monde offrent un rendu exceptionnel au jeu. On s’amuse à traverser la brume au-delà des montages enneigées, ou regarder les pierres danser au fond de l’eau lorsqu’on frôle les rivières et l’océan. C’est poétique, je sais. Le cycle jour/nuit est tout aussi réaliste et rajoute une gamme de couleurs chatoyantes à l’écran, des reflets sur l’eau quand on scrute l’horizon face à la mer, et d’autres paysages magnifiques que je dévoilerais bien à l’instant si ma pizza n’était pas en train de brûler dans le four. Bref, tout ça pour dire qu’encore une fois, on observe du grand art. D’autant que la jungle est variée. Plus d’une fois, on se prend à courir à travers les herbes hautes tel John Locke dans Lost, évitant les branchages et les gros cailloux. Non, vraiment, c’est beau. Mais, mis à part la visite guidée, le but du jeu réside en deux thématiques. Premièrement, le chaos. Cette notion est essentielle car le héros doit mettre l’île sans dessus dessous, sans doute pour rendre le dictateur tout rouge. Pour mener à bien cette mission périlleuse (car la milice essaye de vous taper sur la gueule dès que possible, je le rappelle), il vous faut détruire les installations du gouvernement. Transformateurs électriques, tours de communication, petite voiturette qui diffuse des messages de propagande, destruction de diverses bases militaires éparpillées au 4 coins de l’île : autant de décors à bousiller grâce aux multiples armes, charges de C4 ou grenades dont vous pouvez disposer.

Au milieu des fascistes de gauche

Deuxièmement, les missions. Si dans son style et sa beauté, Just Cause 2 peut faire de l’ombre à GTA, le déroulement du jeu n’en est qu’une pâle copie. Les missions principales se résument à des missions de factions ordonnées par vos chefs du moment. Plusieurs factions séparatistes à plus ou moins fort taux de fascisme se disputent l’île. Chacun trouve un intérêt à vous recruter, tandis que vous, vous leur soutirez des infos sur le type que vous cherchez. Bref, tout le monde s’y retrouve et vous travaillez pour eux. Si le téléphone portable est rare à Panao, il vous faut rejoindre des points de ralliement ou des bases pour trouver de nouveaux objectifs et, en général, aller capturer des points avec les factions disponibles. Pour que tout se passe dans le plus gros bain de sang possible, de multiples armes sont disponibles. Vous pouvez détrousser tous vos ennemis et choisir de les installer sur une des deux mains du héros ou sur son emplacement d’arme à deux mains. D’ailleurs, Rico peut tirer des deux mains séparément, lorsqu’il s’arme en duo. Concrètement, ça ne change pas grand-chose. Mais le grappin, qui ne sert pas qu’à se hisser dans les collines, à s’accrocher rapidement à une voiture pour y entrer de force ou à relier deux objets entre eux, qui peut s’avérer redoutable quand on décide de s’en bien s’en servir. Comme pour accrocher un ennemi dans le vide tel Spider-Man pendu à son fil, ou encore pour traîner un salaud derrière son 4x4 tel un vil gringo qu’on emmène à la potence. Bref, niveau armes réglementaires, à difficulté normale, le crosshair se colore de rouge à proximité des méchants et la visée n’est pas compliquée. Les headshots s’enchaînent même rapidement. Quand vous avez le temps, allez décrocher une mitrailleuse lourde sur pied et servez-vous en comme arme de poing. A vous les joies des destructions de masse. Pas habile de ses mimines, Rico ne frappe pas avec son poing mais avez son grappin, qui fait office de fouet pour le coup. Le lâche. C’est peu convainquant et vous ne perdez de la vie que très rarement, d’autant que se cacher remonte la barre et que plusieurs infirmeries sont dispos dans les bases à capturer. Sinon, vous avez une balise disponible dans votre inventaire, qui sert à appeler un type en hélico qui peut vous avoir toute sorte d’armes, munitions, véhicules, ou qui peut vous héliporter jusqu’à n’importe quel endroit découvert sur Panao. Pratique, efficace, mais le service est cher. Pas grave, à chaque chose détruire sur l’île, à chaque mission terminée, à chaque faction contentée, votre magot s’agrandit.

De Lost à Desperado

Du côté de l’ambiance, le son est aussi convainquant et prenant que le décor. Entre quelques musiques intrigantes lors des passages en forêt ou de nuit, Rico sera accompagné par des thèmes de far-west pour prouver que c’est un vrai cow-boy qui crache par terre et boit du rhum. On a souvent l’impression de jouer à Desperados, surtout lorsque le héros, qui se fait appeler Scorpion par les autochtones, prend une dégaine de bad-boy, se bat en marmonnant « ça va chier », ou fait des sauts de cabri d’un véhicule à l’autre. Les véhicules d’ailleurs, qui sont tout aussi nombreux que les villages de la carte, sont tous dirigeables : bateaux, avions, voitures, jets supersoniques, hélicos, tracteurs, camions, tanks… Un panel énorme dont la physique est différente à chaque nouveau jouet. Dégâts, salissures lors des passages dans le sable ou dans la boue, conduite plus ou moins délicate, chaque véhicule donne une bonne sensation au joueur, ça en devient presque de la simulation de conduite à bien des niveaux. De quoi se faire plaisir et conduire la vitre ouverte en écoutant des musiques asiatiques punks. Un vrai cow-boy, j’vous dis. On regrette simplement, et comme très souvent dans les beaux jeux, le lipsync pourri. Les animations sont désastreuses dans les cut-scenes et la VF est tout juste correcte mais n’apporte rien à la bonne facture du jeu. Pas grave, qu’il se contente de la fermer et de regarder la mer en jetant des galets dans les vagues.
Ce n’est pas encore l’égal tropical de GTA mais Just Cause 2 a de lourds arguments à faire valoir dans la balance. Entre la variété des décors et des véhicules, la bonne gueule globale de la galette et le côté cinéma des cascades en tous genres et des phases en parachute et en vol plané, le second opus des aventures de Rico est jouissif. Assez pour s’y perdre quelques heures et passer du temps à tourner sur l’île. Malheureusement, les missions qui, finalement, se ressemblent presque toutes, n’aident pas le scénario assez cliché, les phases de combat sans pêche et les certains problèmes d’animation ou de localisation française. Gardons espoir, après une belle progression par rapport à son aîné, on peut s’attendre à un troisième opus libéré de ses derniers défauts…
07 avril 2010 à 12h37

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Points positifs

  • Le grappin
  • Le parachute et les phases de vol plané et de base-jump
  • Les cascades
  • La variété des décors
  • La carte immense
  • Le nombre incroyable de véhicules
  • La physique du jeu
  • L'ambiance musicale

Points négatifs

  • Le scénario un peu juste
  • Les missions répétitives
  • Le doublage français
  • Les combats un peu mous
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