Bordel, 15 ans que j'attendais ça. La dernière fois que
2K m'avait invité à jouer au solo, je croyais à un canular. Mais cette fois, on ne rigole plus, on attaque le multijoueur de
Duke Nukem Forever, suite d'un des plus gros ennemis impalpables de mes parents, qui m'a fait passer des heures, des nuits entières, enfermé dans les salles de jeu enfumées, les yeux parfaitement secs et immobiles, rivés sur l'écran. C'est l'époque où l'on découvre que la conception du temps est toute relative, les heures de cours paraissent être des années alors que les heures de
Duke semblent être des secondes. Est-ce que mes souvenirs de gosse, aussi pathétiques soient-ils, vont se faire violer par des éditeurs qui devaient sortir à tout prix cette suite quitte à ce qu'elle soit inachevée ou la larme à l'œil, je vais pouvoir serrer une fois encore Duke dans mes bras et fidèle à lui-même, il me crachera un mollard bien senti au visage ? Let's rock!
Daaaamn! I will kill those bastards of aliens because they shooting my ride!
Une heure, c'est le temps de jeu qu'il nous faudra pour nous forger un avis sur le retour de Duke sur la scène multi. Les premiers pas sont faciles, et pour cause, rien n'a changé. Nous avons joué sur PC, donc dans les conditions les plus optimales possibles et pourtant, il faut avouer que le jeu n'est pas très joli et risque de décevoir les petits pointilleux d'aujourd'hui. Je propose que ces gens aillent directement se faire foutre puisque ce n'est pas vraiment le genre d'argument que
Duke a à proposer pour se démarquer de la concurrence. Du fun, c'est tout ce qu'il a à avancer, et c'est déjà énorme. On retrouve la plupart des armes connues, qui n'ont pas évolué ou presque, telles que le shot gun ou le machine gun triple canon. D'autres ont eu droit à un lifting, comme le simple flingue aujourd'hui recouvert d'or et équipé d'un viseur laser, et certaines ont même eu droit à une évolution, tel le fameux RPG qui s'offre le luxe d'être aujourd'hui équipé de roquettes à têtes chercheuses. En règle générale, tout ou presque ce qui faisait le sel de
Duke Nukem a été conservé et la plupart du temps remis au goût du jour. Toujours dans le domaine de l'arsenal de guerre, on retrouve le freezer qui permet de glacer l'adversaire pour le faire exploser à coups de tatane, ou encore le Shrinker, arme déloyale qui lorsqu'elle vous touche rend votre personnage petit pendant quelques secondes. Mais contrairement à
Duke 3D où l'on ne pouvait presque rien faire sinon attendre de se faire écrabouiller à la Rangers taille 45, vous pourrez continuer à arroser votre ennemi de tirs et surtout, les développeurs ont pensé à faire des décors infiniment petits. Cela permet par exemple de sortir d'une pièce par un trou de souris pour s'échapper d'un adversaire trop grand pour vous suivre...
Rest in pieces
Ce qui faisait l'âme de
Duke, c'était aussi ses bonus et accessoires absolument cheatés et là non plus, rien n'a été omis. Le célèbre Jet-Pack permettant de s'envoler nous a été restitué, permettant de survoler les scènes de combat le temps d'une jauge de kérosène. On a souvent la chance de réaliser plusieurs frags bien traîtres avant que les adversaires ne saisissent que les missiles tombent du ciel et que l'ennemi est ailleurs. Autre très bonne surprise : la conservation du Holo Duke, un accessoire permettant de faire apparaître un hologramme à son image. Anciennement, il faisait apparaitre un double et semait le trouble chez l'adversaire. Sa nouvelle version est encore plus perverse puisqu'alors qu'apparait votre copie conforme, vous devenez totalement invisible. De quoi arroser ses ennemis en toute discrétion pendant qu'ils s'acharneront sur votre fake. Toutes ces armes et accessoires atypiques évoquent parfaitement le chemin que
Duke Nukem Forever semble s'être tracé. Sans complexe aucun, les développeurs, plutôt que de combler ses défauts techniques vainement, ont tout misé sur le potentiel fun du soft. Outre les armes et accessoires franchement fendards, c'est tout le concept du jeu qui semble soumis à une seule et même loi : l'humour potache et assumé.
Nobody steals our Chicks... and lives!
Les épreuves proposées n'inventaient rien en elles-mêmes mais impossible de ne pas se poiler devant une bonne partie de "capture the babe". Comme son nom l'indique, c'est une déclinaison d'un bon vieux "capture the flag", à cela prêt qu'il faut attraper la biatch de l'équipe adverse pour la ramener dans son camp. Le problème, c'est qu'elle se débat la bougresse ! Alors quand elle bouge trop, ses mains gâchent votre vue et il vous faudra souvent lui claquer les fesses pour qu'elle se tienne un peu tranquille. Les niveaux semblaient bien pensés, comme celui où tous les concurrents ont une taille de Tom Pouce et qu'il faut le plus longtemps possible équiper un espace aléatoire dans la map. Les niveaux sont souvent équipés de passages secrets, de jumpers permettant d'atteindre les plus hauts plateaux du niveau, etc... Gros plaisir pour les nostalgiques, nous avons eu la chance de rejouer sur Hollywood Holocaust, le mythique premier niveau de
Duke 3D, remodélisé pour l'occasion. Impressionnant, celui-ci a été refait dans le plus grand respect de l'ancienne version, les mêmes passages secrets se trouvent aux mêmes endroits et sont atteignables de la même manière. Il faut détruire à coups de RPG l'écran de cinéma pour saisir le Jet-Pack planqué derrière, les stéroïdes sont disposés dans la même petite pièce atteignable en quelques sauts... Délicate attention, lorsque vous respawniez dans ce niveau à
Duke 3D, vous atterrissiez souvent à un endroit qui imposait une petite chute faisant perdre une quinzaine de points de vie. Les développeurs ont eu la bonne idée de mettre des matelas à cet endroit pour amortir votre chute. Cool nan ?
It's time to kick ass and chew bubble gum... and I'm all out of gum
Il semble très simple de débloquer des tas d'accessoires désopilants pour customizer son propre Duke pour le multi. Chapeaux ridicules, chemises craignos, on dirait qu'on va tous avoir l'air bien cons quand même. Toutefois, on notera une décision qui ne fera probablement pas l'unanimité : la disparition des medikits. Et pour avoir demandé aux développeurs, c'est un peu tard pour faire machine arrière. Mais c'est tout de même une curieuse décision que de se voir obligé de se planquer comme dans n'importe quel FPS pour regagner de la vie. D'abord, parce que
Duke Nukem n'est pas un jeu de planquette, et qu'on court plutôt qu'on se terre. Et puis, franchement, ça pète le rythme. Dommage de devoir s'arrêter pour se refaire une santé alors qu'on pourrait au contraire obliger les joueurs à courir plus vite que les balles pour se frayer un chemin jusqu'au prochain bonus de santé. Au final, difficile de se faire un avis franc et définitif sur le multi de
Duke. C'est vrai, j'ai retrouvé des plaisirs simples que j'avais oubliés, ou plutôt que les constructeurs de jeu m'avaient fait oublier depuis. Cela suffira t-il pour que le Duke s'impose à la nouvelle génération ? Tout reste à prouver, mais une chose est sûre, les anciens ne pourront pas rester de marbre devant la générosité du soft et son décalage assumé face à une concurrence de plus en plus uniformisée.