
C'est donc dans un univers d'inspiration post-apocalyptique que l'action prend part. Cole, un coursier au costume branché, évolue dans la ville tel un électron libre. Le ton est donné dès le départ, il est résolument comics. Les graphismes sont inspirés, les scènes de narration sont d'ailleurs sous forme de cases de bd au style totalement dédié à Frank Miller. Le scénario est d'ailleurs on ne peut plus représentatif, à savoir l'éternelle histoire de ce pauvre quidam qui n'a rien demandé et se retrouve en possession de pouvoirs spéciaux. Celui-ci se retrouve confronté à l'inévitable question : le pouvoir donne-t-il des responsabilités ? Malgré son classicisme, on se laisse facilement entraîner dans ce récit. Au départ, dans le chaos urbain où l'on vous propulse, votre popularité n'est pas au beau fixe puisque vous êtes accusé d'être un terroriste, responsable de l'explosion qui a ravagé Empire City. A vous de choisir entre le Bien et le Mal. Côté pile (alcaline), vous serez le héros, acclamé de tous dans la rue, flashé par les paparazzis, et insufflant sur votre passage l'étincelle d'espoir qu'il faut à la population pour ne pas disjoncter. Côté face, vous pouvez être un parfait salopard, n'utilisant vos pouvoirs qu'à des fins personnelles et écrasant les blessés en pataugas pour atteindre vos objectifs, cultivant la tension entre vous et la populace. Une sorte d'ampère fouettard.

De toutes les manières, c'est le Watt que je préfère
Vous êtes au courant maintenant que Cole est un véritable petit groupe électrogène ambulant, le bruit en moins. Celui-ci tire donc depuis ses petits doigts des salves d'électricité qui foudroient ses ennemis, jette des grenades d'énergie, et en cas de panne sèche peut se recharger les batteries sur un lampadaire ou n'importe quel autre objet électrique du décor à portée (voitures, cabines téléphoniques...). Chemin faisant, notre héros, défibrillateur humain à ses heures, pourra réanimer les passants à coup de chocs électriques ou au contraire effectuer des neuro-succions sur ses ennemis pour leur voler leur énergie vitale. Vous l'aurez compris, prêter main forte à la population vous attirera dans leurs bonnes grâces, tandis que pomper le jus d'un badaud vous restaurera en énergie sur l'instant sans oublier de plonger votre karma dans l'infâme. A mesure que vous avancerez dans l'histoire, vous apprendrez de nouvelles prises (électriques) et perfectionnerez les autres grâce à un système traditionnel de répartition de l'expérience. L'environnement et le graphisme général est une réussite. Si vous ne possédez hélas pas le permis de conduire, vous prendrez par contre plaisir à vous déplacer rapidement en surfant sur les rails du métro, beach-boy électrisant, ou en ridant sur les lignes à haute tension qui pullulent en ville. De plus, vous êtes un véritable champion de varappe, tous les décors ou presque étant propices aux galipettes et autres grimpettes urbaines.

On se branche sur la colonne
Sur cette mauvaise contrepèterie, il faut avouer que le gameplay général d'
inFamous est efficace. La liberté d'action, même si elle est loin d'égaler celle d'un
GTA dans sa diversité, reste très agréable dans son ensemble. La maniabilité est facile d'accès, et ne nécessite qu'un très faible temps d'adaptation. Malgré le plaisir qu'on prend à court-circuiter les ennemis, on regrettera tout de même un sérieux manque de diversité dans leurs apparences, et parfois une certaine redondance dans les missions secondaires. Ces imperfections ne rendent pas le jeu lassant pour autant, fort heureusement puisqu'il vous faudra une vingtaine d'heures pour réaliser l'ensemble du scénario sans les missions annexes. A la fin, il est même proposé et vivement conseillé aux gamers de recommencer l'aventure en difficulté accrue et en changeant votre fusible d'épaule, à savoir en mode "inFamous". Pour l'instant, aucun contenu téléchargeable n'est prévu. On regrettera aussi que
Sucker Punch, son équipe de développement, (responsables de la série des Sly sur Playstation) n'ait pas prévu de multijoueur où, dans ce grand terrain de jeu qu'est Empire City, les joueurs auraient pu comparer leurs pouvoirs. Mais il faut admettre que ce constat tient un petit peu du caprice d'un joueur galvanisé par les réussites des portages de
GTA IV online, ou même prochainement
Uncharted 2.