En apprenant que
Pandemic Studios s'occuperait du développement de The Saboteur, je dois avouer que j'avais quelques craintes. Craintes fondées puisque le studio a tout de même commis précédemment un
Mercenaries 2 : l'enfer des favellas absolument calamiteux. Véritable nanar des jeux vidéo, vous évoluiez dans un monde cliché, avec des doublages dignes des meilleurs Chuck Norris et une histoire qui donnait plus dans la débilité que dans la crédibilité. Autre détail de mauvais augure : avant même la sortie de
Saboteur, les studios
Pandemic ferment leurs portes. Est-il vraiment rassurant qu'une tripotée de développeurs soient mis à la porte avant même que leur dernier bébé soit dans le commerce ? Rien n'est moins sûr. Toujours est-il qu'aujourd'hui,
The Saboteur est sorti, et vient l'heure du verdict.
La positive nazitude
Première constatation :
The Saboteur est plutôt joli. Malgré l'enfer de Noël dans lequel il voit le jour, le bougre n'est pas en reste graphiquement. Il ne démérite pas face à ses concurrents, et c'est une première très bonne surprise. De plus, le parti pris visuel est intéressant, puisque lorsque vous évoluez dans un quartier où les allemands sont fortement présents, les décors, ainsi que les personnages, sont en noir et blanc. Seul ressort le rouge, couleur dominante de tout bon nazi qui se respecte. Le procédé permet de faire ressortir certains éléments du décor avec tact, et bien sûr le noir et blanc ajoute à l'immersion dans le passé. A l'opposé, quand Sean remplit certaines missions dans certains quartiers parisiens, la couleur revient. Cela signifie que dans ce milieu, les français ont repris espoir, et les nazis se font plus rares. C'est par exemple le cas de Montmartre où se trouve votre chambre secrète, planquée derrière une affiche à l'intérieur d'un cabaret espiègle. L'action se déroule dans un Paris parfaitement cliché, où toutes les rues sont pavées. Il faut avouer qu'en observant la carte de Paris, les développeurs se sont permis certaines libertés, comme par exemple déplacer la tour Eiffel de l'autre côté de la Seine pour finalement la coller à Montparnasse, ou entourer la capitale de montagnes, mais on appréciera tout de même certaines modélisations, comme le Sacré Coeur, plutôt fidèle en définitif. Les musiques accompagnant vos périples, elles aussi, sont un petit peu anachroniques, comme Nina Simone, mais il faut avouer qu'elles collent parfaitement bien à l'univers. Tous ces petits détails, même s'ils sont parfois peu respectueux de l'histoire et de la géographie parisiennes, contribuent au point le plus fort du jeu, à savoir son ambiance réussie.
De l'action tout nazimuth
The Saboteur a essayé de proposer un moteur de jeu à la croisée des chemins entre
GTA et
Assassin's Creed. En effet, vous avez quasiment le même tableau de bord que si vous vous baladiez à Liberty City, excepté que vous avez la possibilité de grimper aux bâtiments à la manière d'Altaïr. Bon, remettons tout de suite les choses au point, Sean n'a pas la souplesse d'un assassin, loin de là. En réalité, ses mouvements sont un peu patauds, et jouer les garçons de l'air dans Saboteur est plus une galère qu'autre chose. Vous pouvez en effet semer les nazis par les toits en trouvant certaines planques, mais on a tendance à se perdre sur les toits de Paris, et la maniabilité hasardeuse peut parfois agacer très fortement. Vous vous retrouvez donc bien souvent à rouler à toute berzingue pour semer les allemands. De la même manière, les missions sont bien souvent remplissables de deux manières. La manière douce consiste à se glisser derrière vos ennemis pour en éliminer le moins possible, se frayer un chemin en sautant de toits en toits et de cette façon ne pas déclencher les alarmes germaniques. Le problème est que bien souvent, cela se termine de la même manière, à savoir un bain de sang. Pourtant, le système de cassage de nuque/piquage d'uniforme est une bonne idée, certes empruntée à
Commando : behind the ennemy lines. Le souci est que vous n'allez jamais bien loin, quelle que soit votre apparence en fait. Les missions se résument donc bien souvent à du bourrinage puisque le côté infiltration n'est pas très au point. En revanche, le côté action est réussi. Les poursuites et les courses de voitures sont traditionnelles mais efficaces et les modèles de véhicules, des vieilles guimbardes aux bolides de l'époque en passant par les inimitables side-car nazis, contribuent à la réussite de l'ambiance.
Alors bon aryen ou bon à rien ?
L'aventure proposée est assez prenante, et l'action est plutôt bien maîtrisée, montant crescendo à mesure que l'histoire avance. Les missions secondaires, somme toute banales, permettent bien sûr d'allonger la vie du jeu, qui propose au bas mot 20 heures de zigouillage d'allemands. La diversité des actions que l'on vous propose dans Saboteur permet réellement de ne pas se lasser facilement. Poser des explosifs, faire s'évader des résistants, remporter des courses de voiture, escalader les bâtiments pour s'y faufiler, se déguiser en nazi, passer les barrages ennemis en défonçant tout ou en montrant de faux-papiers... la diversité d'action est bien là. Et finalement, il faut bien avouer que
The Saboteur remplit bien son office. D'accord, il ne restera peut-être pas dans les annales, la faute à pas mal de petits défauts qui rendent parfois l'aventure agaçante. Un manque de finalisation assez caractéristique de
Pandemic, mais incomparable avec le trop passable Mercenaries. Mais une foultitude de détails sympathiques, et une ambiance finalement vraiment très réussie, permettent à
Saboteur de sortir du lot pour offrir une alternative intéressante aux autres blockbusters de Noël. Le petit n'a pas choisi sa meilleure période pour entrer en piste mais force est de constater qu'il tire son épingle du jeu avec brio. Un joli jeu à titre posthume pour
Pandemic Studios, qui finalement nous laissera avec un souvenir pas désagréable du tout.